Valkenswaard : la part du lion pour le studbook AES

Championnat totalement nouveau, un brin intimiste pour ce coup d’essai totalement réussi. Un cadre exceptionnel, le Longines Arena de Jan Tops, du point de vue de l’organisation, de la qualité des sols, de la diversité et de l’esthétique des obstacles, du fleurissement, de l’aacueil. Le grand ensemble, fier comme un navire amiral sur cette mer de verdure, accroche d’emblée sur la longue ligne droite du Maastrichterweg qui mène à Valkenswaard. Juste de l’autre côté de la route, les parkings et la circulation piétonne protégée par des feux tricolores. C’est une partie seulement du monde de Jan Tops.

L’ambiance « équipe », style Coupe des Nations a pleinement soudé et séduit les cavaliers qui courent habituellement en solitaire. 

Un championnat « cheval »

Les éleveurs, nombreux et principalement normands pour le SF, autour des équipes ont apprécié les parcours éducatifs et progressifs montés par Uliano Vezzani, dans le respect du cheval. Julien Bellet (élevage Mouche) : « Je suis heureux de voir qu’ici on respecte le cheval et notre trabail d’éleveur. Nous ne faisons pas naître des chevaux pour qu’ils soient cassés jeunes sur des concours inadaptés. Ce championnat est vraiment « Cheval ».

Côté SF, les « Elite » de Fontainebleau avaient répondu présent. Hugo Paris s’est offert un festival de sans-fautes avec ses trois chevaux (1 x 5 ans, 2 x 6 ans). L’équipe des 5 ans, 2^ème du provisoire, a malheureusement été éliminée en finale suite à deux refus d’Ilico Mouche/Jeremy Floch. 

Gengis Kann de Londe à « crevé » l’écran sous la selle d’Emeric George, premier et deuxième des qualifs et bon artisan du podium 7 ans avec ses coéquipiers Robin Lesqueren/Giorgio d’Ellipse et Grand Duc du Paradisio/Sara Brionne.

Pour deux points de trop, le podium des 6 ans échappe à Hot Pleasure Semilly/Clément Fortin, Hermione Champloue/Grégoire Hercelin et Honolulu des Forets/Hugo Paris.

Fortunes diverses en 8 ans avec une troisième place au provisoire mais le score trop lourd de Frimeur du Lirot/Gwenolé Le Guen (9pts) enlève les espoirs de Robin Lesqueren/FBI d’Ellipse (0) et Alexis Bouillot/Flambusard d’Albain (0).

Bonne prise d’expérience pour tous, cavaliers et chevaux et maîtrise absolue de la part du chef d’équipe Franck Schilleweart qui ne demande qu’à renouveler le contrat de confiance.

Etienne Robert

Les réactions

Franck Schillewaert, chef d’équipe
« Très satisfait de ce dernier résultat par équipe à la finale des 7 ans. On termine sur le podium, 3e place, et très honoré de cette 3e place, des chevaux, des cavaliers, de tout notre groupe supporters et cavaliers qu'on a participé à ce formidable show, extraordinaire, novateur en la matière.
On a frôlé de très près les podiums,  notamment dans les 6 ans. Après ça reste une finale et avec tout ce que ça peut engendrer ».

Belle expérience pour toi que de conduire cette jeune équipe ?
« Superbe, j'étais vraiment très content d'honorer cette place. Il y a des chevaux que je ne connaissais pas particulièrement mais une très, très bonne alchimie s'est formée dès le début. On s’est tous regroupé au stand Selle Français, on a mangé ensemble, on a discuté ensemble et analysé toutes les vidéos. Il y avait une très bonne cohésion de groupe et je pense que c'est tout ça réunit qui nous a donné ces résultats. On aurait pu faire mieux comme toujours mais il faut analyser tout ça et garder en tête que nous avons participé à ces finales qui sont quand même les plus belles au monde pour les jeunes chevaux ».

Vous avez travaillé un peu ensemble avant de venir ici ?
« J'avais organisé en ce qui concerne la Normandie un petit point de ralliement au Pôle Hippique de Saint-Lô où on a pu sauter les chevaux sur l'herbe. Certains avaient des terrains en herbe à côté de chez eux pour pouvoir s'entraîner. Notre réunion a été plus normande  que nationale mais j'ai toujours eu des retours de chaque cavalier par rapport à l'entraînement. Tout s'était bien passé ». 

À renouveler ce championnat ?
« Complètement. C'est quelque chose qui est unique et novateur. Les retours sont vraiment excellents de partout, techniquement, sur l'ambiance. D’ailleurs je tiens à le préciser, on a eu une médaille de remerciement pour le la gentillesse, le respect, la politesse de nos cavaliers français et de tous leurs staffs techniques, grooms et propriétaires. Le team France a créé l'ambiance à Valkenswaard, comme ils n'ont jamais vu même lors d'un 5 étoiles. Il n’y a jamais eu cette ambiance-là, donc du coup tous les autres Stud-Books ont suivi. On a vraiment passé des moments fantastiques ».

 

Pascal Cadiou, président du SBSF
« Le concept est exactement celui dont on rêvait, c'est-à-dire un championnat de stud-books où les chevaux sont mis en avant sous les couleurs des stud-books, les savoir-faire des cavaliers formateurs, le focus, pendant 4 jours sur les Stud-Books. Je suis ravi que Jan Tops ait répondu présent et que la WBFSH ait eu l'idée de ce projet et auquel le Selle Français a pleinement adhéré dès le début. Il y aura sûrement des petits ajustements à faire dans formats mais je pense que les autres Stud-Books l'année prochaine vont nous emboîter le pas ».

Une remarque sur les 8 ans ?
« Je pense qu'il faudrait que la Fédération s'empare du projet pour donner un objectif à des bons 8 ans avec des cavaliers d'expérience. parce que des 5 ans, des 6 ans, des 7 ans, je dirais Nos cavaliers formateurs ont l'habitude des 5, 6 et 7 ans. Avec les 8 ans, on est dans le grand sport et il faut quand même des gens qui ont les reins solides techniquement.  Et puis il faut des chevaux qu'on ait sélectionnés sur l’ensemble de la saison pour venir participer à ce championnat. L’équipe de cette année était trop modeste. On a réussi à avoir quelques chevaux de talent et on est quand même ravi d'avoir trouvé les gens pour venir cette année donc il faut les féliciter et les remercier. Maintenant je pense qu’il faut qu'on s'approprie davantage ce nouveau concept ».

Uliano Vezzani, chef de piste 

Comment vous avez construit vos pistes pour ces jeunes chevaux ?
« On est parti le premier jour avec des épreuves pas trop fortes pour voir la condition des chevaux, pour voir comment ils sautent sur une piste difficile, parce que c'est une grande piste et les chevaux sont impressionnés. Le 2e jour j’ai fait quelque chose en plus et aujourd'hui en finale j’ai construit un bon tour. Je suis très content parce que les chevaux ont magnifiquement sauté et quand les chevaux sautent comme ça, pour un chef de piste c'est un bon résultat ». 

Vous avez un parc d’obstacles magnifique
« Oui, ça c'est l'autre chose. Il y a une qualité de gazon formidable, la piste a une dimension vraiment bien et surtout il y a des obstacles avec lesquels ont peut faire une bonne variété de piste pour toutes les tranches d’âge. Et dans ce matériel technique il y a les bidets, les palanques, les soubassements, les portails, il y a beaucoup de choses qui pour moi sont constructives pour le futur des chevaux. Le sol est parfait, les chevaux sautent bien, ils ne glissent pas, et je trouve que c'est une très belle édition. Je voudrais que ça continue car c'est formidable pour les jeunes chevaux. Je suis content maintenant, mais je serais plus content si c’est renouvelé. C’est vraiment facile de travailler avec Jan Tops parce qu'il comprend les exigences des chefs de piste. Tous les ans il fait de nouveaux obstacles, tous les ans il va chercher à améliorer les choses et ça c'est bien pour nous et pour le monde équestre ».

Jean-Maurice Bonneau, entraîneur (notamment de Robin le Squeren) 

Qu’est-ce que l’œil de l’avisé de l’entraîneur, ex-sélectionneur d’équipes internationales a retenu de ce championnat ?
« Ce nouveau championnat dans cette formule-là, je pense qu'il est extraordinaire parce qu’on n'est pas noyé par le nombre de partants, on a le temps de voir les chevaux, d'analyser où on se situe, etc. Bien évidemment, qualité de l'organisation, on est dans les conditions parfaites à tous les niveaux. Uliano Vezzani  a fait évoluer les chevaux au fil des épreuves, ça c'était vraiment intéressant. Il y a une implication ici. Dans le clan français on a bien évidemment le Selle Français qui est là avec le staff, on a des éleveurs, on a des propriétaires, on a des cavaliers, on a des entraîneurs, il y a eu beaucoup de solidarité entre les uns et les autres, il y a eu un mélange de génération entre des cavaliers très confirmés comme Pénélope, Reynald, Éric et tous on a participé. On a échangé les infos avec Franck qui a fait un travail remarquable. Il a mis un bon climat, il a été très présent, il a été très technique, très impliqué, donc je trouve ça vraiment bien. Voilà, toutes les qualités techniques que je peux mettre en avant dans ce championnat. Je pense qu’il faut mettre une dotation qui soit un peu plus encourageante quand même vu le niveau d'efforts et de technicité qu'on rencontre ici, je pense qu'il faut qu'il y ait un encouragement financier pour venir jusqu’ici et on aura peut-être d’autres Stud-Books comme la Suède, d'autres qui viendraient, je le souhaite. Moi évidemment je suis un fervent défenseur des Coupes des Nations à 4, ça pourrait être un format intéressant d'étudier. On n'est pas aux Jeux Olympiques, ce sont encore des jeunes chevaux, on peut avoir un incident un peu plus facilement qu’avec des chevaux mieux aguerris et je trouve qu'une formule à 4 avec un drop score pourrait en tout cas être étudiée.

Pour un coup d'essai c'est un coup de maître déjà et ça je crois que tout le monde est unanime et il y a une chose qui est très intéressante, moi j'étais bien évidemment à la grande semaine, on croise tout le monde mais on a le temps de discuter avec personne parce qu'on est tous très occupés, ici on a discuté avec tout le monde, le Selle Français a été très rassembleur sur le stand et tout ça a fonctionné de manière bon enfant mais réelle et sincère ». 

Ça manquait un championnat comme ça ?
« Je suis content d'avoir été parmi les pionniers qui ont fait la première édition, je suis à peu près certain que ça va évidemment évoluer, le bouche à oreille va fonctionner, et que l'année prochaine en ce qui concerne la France il y aura des vraies sélections parce qu’il y aura beaucoup plus de demandes que de places, c'est je pense ce qu'il va se produire et tant mieux. 

Et je voudrais juste rajouter que, on en a discuté avec Pascal Cadiou, que l'idée de mixer des jeunes cavaliers comme on a vu là, Hugo Paris, les cavaliers du haras de Semilly, etc., pour eux c'est une expérience extraordinaire pour faire avancer et se comparer, parce que quand tu sors de Fontainebleau bah oui on est le meilleur des Français, super, mais là on est en confrontation avec des stud-books de renommée mondiale. Je mets 8 sur 10 à cette édition ».

 

Yannick Fardin (élevage du Rouet)

Yannick, pourquoi ta présence ici ?
« Je suis venu voir ce concept qui vient d'être mis en route par Jan et en fin de compte je suis très satisfait du principe. Tout est bien fait pour les chevaux, pour nous, il n'y a pas trop de chevaux, il y a beaucoup de temps libre, ça permet de discuter, de voir beaucoup de gens, et c'est très bien, c'est un très bon format. Il y aura certainement des petites améliorations à apporter mais sur le fond, c'est un très, très bel événement.

Je suis très content d'être venu et je vais essayer de préparer 2024 en espèrant amener un cheval si je suis qualifié ».

Un message à faire passer ? 
« Il faut bien préparer les chevaux. Ici les hauteurs sont redevenues comme elles étaient chez nous il y a très longtemps à Fontainebleau, il y a des vraies épreuves.

C’est progressif, très bien dessiné et puis c'est un très bel espace, le terrain et très bon, ça reste de l'herbe donc il y a beaucoup de chevaux qui malheureusement n’ont pas cette chance. Nous dans le Sud-Manche on a la chance d’avoir La Haye Pesnel et Sartilly pour pouvoir préparer cet événement ».

Propos recueillis par ER