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 La filière du cheval de sport en danger

« Contrairement à ce qu'affirment ses représentants de l'ANSF (Association Nationale du Selle Français), les résultats de la principale race de chevaux de selle en France sont en déclin permanent. Au plus haut niveau international le Selle Français peine à rivaliser avec des stud-books comme le BWP (l'un des trois stud-books belges) ou comme le Holstein (Nord de l'Allemagne) qui ont des résultats comparables et supérieurs avec deux fois moins de naissances. » C'est la conclusion d'une étude réalisée par Philippe Poppe, secrétaire général du SEC.

« Trop couteux à produire en raison des prélèvements improductifs de nombreuses associations en situation de monopole dirigées par des amateurs, le Selle Français est également trop couteux à valoriser dans des compétitions somptuaires, trop nombreuses, trop éloignées, pas assez formatrices et au final globalement improductives.
Les cavaliers professionnels ne sont pas assez nombreux et pas suffisamment compétents car leur formation n'est pas reconnue et ne bénéficie d'aucune aide des conseils régionaux.

Tous ces facteurs amènent aujourd'hui le cheval de selle français à un cout de 40000 € en fin de valorisation, à 6 ans, alors que le marché européen fixe son cours à 25000 € pour les acheteurs professionnels et à 35000 € pour les acheteurs amateurs.
Ce différentiel qui affecte déjà les produits de très bonne qualité, parmi les meilleurs de leur génération lors de la finale nationale à Fontainebleau, s'accentue dans les gammes moyennes. La plupart des grands marchands de la région parisienne emmène ses clients en Belgique ou en Hollande avec des différences de prix de 10 à 20% pour une qualité identique.

Les dernières ventes nationales qui ont été organisées à grand frais avec la réunion de 300 chevaux et de tous les acteurs de la filière début 2013 au Mans n'ont permis que 7% de transactions sur place contre plus de 80% dans la plupart des ventes du Nord de l'Europe.
Le plus inquiétant reste cependant le volume des importations de chevaux de sport : 2146 en 2012 soit 32% des naissances de chevaux de selle français la même année et 7% d'augmentation par rapport à 2011
Dans le même temps les USA, premiers importateurs de chevaux au monde se fournissent pour 3% de leurs achats en France contre 75% en Belgique Allemagne ou Hollande.

QUI EST RESPONSABLE ?

- En premier lieu la Fédération Française d'Equitation (FFE) qui se sert du sport pour bénéficier d'avantages fiscaux au profit du groupement des entreprises équestres que sont devenus les clubs hippiques qu'elle fédère. Au sein de la filière cette fédération a choisi d' abandonner toutes les composantes insuffisamment rentables ( élevage, formation des cavaliers et des éleveurs professionnels) au Ministère de l'Agriculture .
Tenue à des obligations de moyens pour le sport de haut-niveau, à défaut de résultats, la FFE s'en débarrasse en payant à des tarifs exorbitants des entraineurs étrangers qu'elle est incapable de former et de recruter en son sein. Sans volonté réelle de briller au plus haut-niveau la FFE a accumulé des échecs répétés dans toutes les disciplines lors des deux derniers jeux olympiques et elle a reconduit son directeur technique national pour remettre le couvert lors de leur prochaine édition.

- Le Ministère de l'Agriculture qui n'accorde aucune importance à la filière du cheval de sport. Il en a a confié la gestion à une société–mère, la SHF, club consanguin de notables en partie cooptés, parent pauvre des sociétés de course, perpétuellement déficitaire, dépendant pour 45% de son budget de subventions dont la plupart est financée par le fonds EPERON.
Ce fonds "privé" abondé en 2011 de 11.5 millions d'euros issus des recettes du PMU est une sorte de caisse noire parfois actionnée par le ministère de l'Agriculture, parfois actionnée par un conseil d'administration issu majoritairement du milieu des courses sans aucune compétence pour juger des autres projets hippiques qu'il est censé encourager.

Il s'ensuit bien sur une gabegie de fonds qui devraient être publics, un clientélisme digne de républiques bananières et surtout une infantilisation de la filière dont les dirigeants, amateurs pour la plus part, passent la moitié de leur temps à chercher des subventions et l'autre moitié à se réunir pour savoir ce qu'ils vont en faire.

COMMENT EN SORTIR

- Mettre un terme au fonds EPERON qui soutient la filière comme la corde soutient le pendu et encourage les sur productions à perte.
- Supprimer toutes les autres subventions ou aides publiques aux associations ou organismes inutiles ou incapables de s'auto financer : Ecole Nationale d'Equitation de Saumur ( 200 personnes et 400 chevaux pour former 10 instructeurs de qualité diverse par an, jamais assurés de trouver un emploi; Sports Equestres Militaires, Haras Nationaux, Associations d'Eleveurs en déficit chronique.
- Rétablir l'action de l'Etat et des collectivités territoriales dans le domaine de la formation des éleveurs, des cavaliers professionnels, des entraineurs nationaux, du sport de haut-niveau, de la sélection et de l'amélioration génétique dans l'élevage actuellement entre les mains de marchands de semences à la fois juges et partie. »

Ph. POPPE Secrétaire général du SEC ( Syndicat des Eleveurs et de Cavaliers Professionnels de chevaux de sport)

* Les chiffres viennent de l 'Annuaire ECUS 2012 édité par l'IFCE
NDLR: Le fonds EPERON n'est tout à fait ce que décrit M.Poppe. Si l'argent provient bien des courses, des représentants des Conseils des chevaux siègent au comité d'engagement et sont à même de juger de la pertinence des dossiers qui leur sont soumis. (ER)

18/06/2013

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