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Ventes aux Enchères : pourquoi cette tendance au non affichage des prix ?

Selon nos comptages et pointages, ce ne sont pas moins d’une centaine de ventes aux enchères de chevaux de sport qui se sont déroulées dans le monde sur les mois d’août et septembre 2024 cumulés. Un développement continu. Au delà des ventes organisées par les studbooks ou les opérateurs historiques, pas un seul haras privé ayant une certaine notoriété qui ne s’y risque. Et c’est sans parler des officines dites aussi de conseil, qui se sont développées. C’est à qui « mieux-mieux » ! Difficile, en effet, d’évaluer la pertinence de cette offre de plus en plus éclatée, atomisée, dispersée. Pourquoi ? Parce que, si les catalogues qui sont publiés par les vendeurs, tous plus alléchants les uns que les autres, il est de plus en plus difficile de connaître le résultat de ces ventes (collationnés par le mensuel online Breeding News https://breedingnews.com/auction-resuts/.

Tandis que les opérateurs patentés (studbooks), ou historiques (les ventes Fences, en France par exemple) continuent de les afficher, ceux que l’on qualifiera d’opportunistes, ne les communiquent plus. Il faut suivre l’évolution des enchères en direct, sur leurs sites respectifs, pour savoir quel lot a été vendu et à quel prix. La vente terminée plus une info ! Pourquoi tant de précipitation ? Pour effacer les traces ! Pourquoi effacer les traces ? Pourquoi ce souci qui a un nom « opacité » sur les marchés quels qu’ils soient et en particulier les plus spécieux ? Pour protéger les vendeurs ? Les acheteurs ? De qui ? De quoi ?

Pour en revenir aux catalogues, les tendances évoluent. Historiquement le gros de l’offre d’une vente aux enchères était composée de poulains en voie de formation, c’est à dire âgés de deux mais surtout trois ans. En fait, si l’on compare avec le marché des chevaux de courses, des chevaux dont on peut, outre l’étude du pedigree, juger de la conformation, de la locomotion, de l’attitude… En réalité comparables à des « yearlings » ! À l’inverse, et à la surprise générale, voici deux trois ans, à la sortie du Covid, les opérateurs se sont jetés sur le marché des embryons résultants de croisements prestigieux avec des résultats laissant rêveurs. Ce coup de folie s’est calmé aussi vite qu’il n’avait éclaté. Une double explication.

D’un côté la multiplication de croisements dits « exceptionnels » était en réalité devenus monnaie courante ! On pouvait trouver une demi-douzaine de fois le même en Belgique, au Pays-Bas ou en France… Or chacun sait que c’est la rareté qui fait le prix. Faut-il ajouter qu’entre la sortie de l’embryon du frigidaire et les premiers sauts sur une barre, mais surtout sous la selle (pour un cheval d’obstacle), la route est longue pour ne pas dire interminable. 

Cette année l’offre s’est singulièrement, mais bien heureusement, déplacée vers les poulains de l’année. L’évolution du cours moyen, avec celui des chevaux d’âge, « clés en main », est une des deux grosses tendances de l’année. On en voudra pour preuve les deux ventes majeures organisées à l’occasion des deux évènements placés en cette fin septembre sous l’égide de la WBFSH : le World Breeding Championship for Young Horses (WBCYH) organisé à Lanaken, puis, la semaine suivante, à l’occasion du WBFSH Studbooks Global Champions Trophy à Valkenswaard.

Pas moins de 82 poulains furent remarquablement présentés (vidéos à l’appui), sur deux soirées, à la vente dite Zangersheide Quality auctions foals, à Lanaken. Et ce fut un indéniable succès, la moyenne des prix s’établissant pour la plupart aux alentours de 50 000 €, ce qui représente environ 10 fois l’investissement de l’éleveur (saillie + porteuse ou amortissement de la jument) et donc une véritable récompense pour le travail de sélection (et de préparation… mais si, déjà !) de l’éleveur.

Et il y eut quelques « top prices » assez décoiffants ! Ainsi Versailles d’Alice SB Z (Vigo d’Arsouilles x Askari), fils de DSP Alice (Simone Blum) vendu 205 000 € aux Etats Unis, tout comme Cool Run EC Z (Comme Il Faut x Chacco Blue) à 165 000 €. La Belgique ne resta pas en reste avec Der Machine VDP EQ Z propre frère d’Emerald (Diamant de Semilly x Carthago Z) qui fit tomber le marteau à 140 000 €.

Une semaine plus tard, c’est Jan Tops qui était à la manœuvre, chez lui, dans une mise scène plus sophistiquée. Seulement quatorze lots, triés sur le volet dont quatre solides poulains (le premier vendu pour le compte de deux œuvres de charité supportées par Stal Tops) qui n’engendrèrent toutefois pas les belles offres de Lanaken. L’essentiel du chiffre d’affaire qui dépassa les 5 000 000 d’euros (5 0775 000 € sans le poulain vendu 38 000 € pour les œuvres de charité) se fit sur des jeunes chevaux de sport (6, 7 et 9ans) confirmés possédant de belles origines. On notera que seul un cheval franchit le cap du million, le dernier à passer sur le ring : un hongre de 9 ans, Cash Blue PS (Casallco x Balou du Rouet). Au final la moyenne de ces futurs performers s’établissait à près de 500 000 euros pièces, ce qui permettait aux acteurs du marché d’avoir ainsi une mercuriale de référence sur ce type de produits dans un environnement commercial de très haut de gamme. Au su et au vu de tous, avec une certaine fierté s’il en est ! Tout bien pesé, nous préférons cela à l’opacité galopante du marché du cheval de sport, résultant du non affichage regrettable de la myriade de petits opérateurs qui s’essayent à l’exercice.

Xavier Libbrecht

25/10/2024

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