« Foules sentimentales, il faut voir comme on nous parle »
Tribune Suite à la Tribune ouverte par François Lévy dans notre édition du 13 août, nous recevons de M. Pernet d'Amiens, les réflexions qui suivent. « Nous sommes passionnés par equus caballus et sommes nombreux (plus de un million d'éleveurs
et cavaliers) : c'est ce qui nous lie et pourrait bien être notre force face à une multitude de structures et représentants qui nous parlent sans se préoccuper de nos interrogations.
Ne nous égarons pas dans d'interminables querelles de clocher. J'admire toutes les personnes qui nous représentent et travaillent à l'amélioration de notre filière. Souvent bénévoles, souvent malmenés, vous oeuvrez pour la cause commune. Pour autant, nous sommes en droit d'attendre de vous une politique basée sur des travaux rigoureux et précis et, d'émettre des réserves. Mais y a-t-il une cause commune ? Quelle est-elle ?
L'ambiguïté de notre activité partagée entre le sport et l'élevage, entre les amateurs et les professionnels engendre cette cacophonie interminable entre un État qui se meure et nos représentants qui tentent de surnager dans un système qui n'est pas le leur. Évidemment la complexité du cheval nous attire et nous en profitons largement pour donner notre avis sur l'ensemble de la ?filière que nous connaissons si ?peu : un BPJEPS vous fera la leçon sur l'alimentation du cheval alors qu'un ingénieur agronome vous apprendra que vous ne montez pas selon les critères bauchéristes 2e méthode. Il est sûr que le partage des compétences entre fabricants de raquettes de tennis et des joueurs de la fédération française de tennis est autrement plus clair. L'intérêt de chacun pour la spécialité de l'autre à un intérêt indéniable tant que l'on en reste au questionnement et à l'échange sans jamais passer la barrière de l'affirmation, souvent trop simpliste. En son temps, l'Eperon faisait la part belle aux débats et aux études zootechniques; nous sommes passés depuis à des photos reportages bien plus alléchants mais moins utiles à nos neurones, le marketing est passé par là . Pas uniquement d'ailleurs : quelle débauche de communication de nos organismes subventionnés en publicité, plaquettes, journaux destinés à vanter les mérites de l'équipe en place en lieu et place d'informer le lecteur et d'en améliorer les connaissances. ANSF, Haras nationaux, ENE, IFCE, ANAA, FFE, ANPFS, Comités régionaux d'équitation que n'engloutissez vous pour nous convaincre ! Instruisez-nous plutôt, et ouvrez le débat, cela serait tant bénéfique !
Questions sans réponses
 Mes observations pourront paraître sans fondement et je vous prie de m'en excuser. Cependant, pour étayer mon propos, je vous propose plusieurs questions qui me semblent importantes et sans réponse :
quel règlement de stud - book est fondé sur des critères issus d'une étude de la population alliant la zootechnie et l'économie ? L'IFCE est-il à ce point pauvre qu'il ne peut nous proposer un document impartial ? Les associations ne freinent-elles pas les études proposées afin de mieux tenir leur ?« clients » par des critères littéraires (du sang, un bel oeil et un niveau de compétition B2...) et marketing ?
Les indices génétiques et sportifs sont-ils encore utiles alors que les principales associations de race les écartent de leurs catalogues ? Pourquoi l'Etat finance-t-il cette recherche que les représentants professionnels rejettent en les utilisant de moins en moins dans les critères de sélection ? Faut-il à tout prix imposer un outil impartial, utilisé dans toutes les espèces d'animaux d'élevage avec succès et développé pour les chevaux dans tous les pays d'Europe sur notre modèle, à des personnes qui occultent la génétique quantitative ?
Quels sont les critères de distributions des subventions publiques au cheval ? Sont-ils consultables ? Les sommes distribuées sont-elles clairement exposées ? Les ministères des sports et de l'agriculture se concertent-ils, avec quels objectifs et quel travail en amont avec les socio-professionnels ?
Quel travail commun est en cours entre la FFE, la SHF et les représentants des éleveurs pour nous rendre le terme de « filière » : ces organismes ont toute leur place pour cerner les problèmes (sélection, commercialisation, objectifs communs) et proposer des solutions. Est-ce à nous, éleveurs de 1 jument et amateurs de compétition du week-end de le faire ?
Pourquoi l'ANAA et l'ANSF n'ont elles pas une politique commune du cheval de sport français ? Pourquoi les races de poneys se sentent-elles le besoin de se séparer en deux fédérations alors qu'elles ont déjà du mal à peser dans la balance ?
Quels sont les axes de travail pour améliorer qualitativement la pratique de l'équitation en France ? La FFE s'est largement engagée dans un développement de masse et a largement réussi; ne doit-on pas passer à une autre étape alors que les professionnels se désespèrent de la baisse constante du niveau des cavaliers français ? L'IFCE - ENE a t-il un rôle à jouer dans cela alors que plus aucun de ses cavaliers ne représente la France en dressage et en CSO ?
Quel est l'état du commerce du cheval - poney en France ? Plusieurs se sont attelés à explorer cette chasse gardée, y compris le président des commerçants de chevaux lâché par ses troupes en ce ?début d'été pour avoir voulu trop s'ouvrir aux autres acteurs de la ?« filière » ? Y a-t-il trop ou pas assez de chevaux et poneys produits en France ? Y a-t-il un problème de qualité de la production pour que la plupart des chevaux soient vendus à perte ? Les Haras nationaux nous proposent des fiches de tarifs en fonction du type de cheval ou poney : pour moi amateur (je fais partie de ces ?95 % de notre population (fourchette basse) cela peut être une source importante pour m'aider à acheter mon futur cheval; hélas l'avis de mon entraîneur - moniteur est bien moins tranché : « ils ne comprennent rien ces bureaucrates, c'est très compliqué d'évaluer le prix d'un cheval, comment veux-tu qu'ils voient si le cheval bascule son dos ? » Du sentiment, qu'il faut !
Nous retombons dans ce travers qui nous coûte tant : le sentiment. Ne nous étonnons pas de la manière dont on nous parle ! Nous ne sommes pas considérés comme aptes à comprendre cette complexité mystique et nos représentants nous le font bien comprendre : pas de réponses claires et précises aux principaux enjeux qui sont les nôtres.
Je suggère que Le Cheval puisse valoriser ou se faire le relai des propositions constructives et dans l'intérêt général. Mais surtout, que des enquêtes de fond soient menées sur notre filière en interrogeant les principaux dirigeants sur les questions majeures auxquelles personne ne répond. Nul doute que cela éveillerait la conscience collective sur les progrès réels effectués ».
Philippe Pernet - 80000 Amiens
Ne nous égarons pas dans d'interminables querelles de clocher. J'admire toutes les personnes qui nous représentent et travaillent à l'amélioration de notre filière. Souvent bénévoles, souvent malmenés, vous oeuvrez pour la cause commune. Pour autant, nous sommes en droit d'attendre de vous une politique basée sur des travaux rigoureux et précis et, d'émettre des réserves. Mais y a-t-il une cause commune ? Quelle est-elle ?
L'ambiguïté de notre activité partagée entre le sport et l'élevage, entre les amateurs et les professionnels engendre cette cacophonie interminable entre un État qui se meure et nos représentants qui tentent de surnager dans un système qui n'est pas le leur. Évidemment la complexité du cheval nous attire et nous en profitons largement pour donner notre avis sur l'ensemble de la ?filière que nous connaissons si ?peu : un BPJEPS vous fera la leçon sur l'alimentation du cheval alors qu'un ingénieur agronome vous apprendra que vous ne montez pas selon les critères bauchéristes 2e méthode. Il est sûr que le partage des compétences entre fabricants de raquettes de tennis et des joueurs de la fédération française de tennis est autrement plus clair. L'intérêt de chacun pour la spécialité de l'autre à un intérêt indéniable tant que l'on en reste au questionnement et à l'échange sans jamais passer la barrière de l'affirmation, souvent trop simpliste. En son temps, l'Eperon faisait la part belle aux débats et aux études zootechniques; nous sommes passés depuis à des photos reportages bien plus alléchants mais moins utiles à nos neurones, le marketing est passé par là . Pas uniquement d'ailleurs : quelle débauche de communication de nos organismes subventionnés en publicité, plaquettes, journaux destinés à vanter les mérites de l'équipe en place en lieu et place d'informer le lecteur et d'en améliorer les connaissances. ANSF, Haras nationaux, ENE, IFCE, ANAA, FFE, ANPFS, Comités régionaux d'équitation que n'engloutissez vous pour nous convaincre ! Instruisez-nous plutôt, et ouvrez le débat, cela serait tant bénéfique !
Questions sans réponses
 Mes observations pourront paraître sans fondement et je vous prie de m'en excuser. Cependant, pour étayer mon propos, je vous propose plusieurs questions qui me semblent importantes et sans réponse :
quel règlement de stud - book est fondé sur des critères issus d'une étude de la population alliant la zootechnie et l'économie ? L'IFCE est-il à ce point pauvre qu'il ne peut nous proposer un document impartial ? Les associations ne freinent-elles pas les études proposées afin de mieux tenir leur ?« clients » par des critères littéraires (du sang, un bel oeil et un niveau de compétition B2...) et marketing ?
Les indices génétiques et sportifs sont-ils encore utiles alors que les principales associations de race les écartent de leurs catalogues ? Pourquoi l'Etat finance-t-il cette recherche que les représentants professionnels rejettent en les utilisant de moins en moins dans les critères de sélection ? Faut-il à tout prix imposer un outil impartial, utilisé dans toutes les espèces d'animaux d'élevage avec succès et développé pour les chevaux dans tous les pays d'Europe sur notre modèle, à des personnes qui occultent la génétique quantitative ?
Quels sont les critères de distributions des subventions publiques au cheval ? Sont-ils consultables ? Les sommes distribuées sont-elles clairement exposées ? Les ministères des sports et de l'agriculture se concertent-ils, avec quels objectifs et quel travail en amont avec les socio-professionnels ?
Quel travail commun est en cours entre la FFE, la SHF et les représentants des éleveurs pour nous rendre le terme de « filière » : ces organismes ont toute leur place pour cerner les problèmes (sélection, commercialisation, objectifs communs) et proposer des solutions. Est-ce à nous, éleveurs de 1 jument et amateurs de compétition du week-end de le faire ?
Pourquoi l'ANAA et l'ANSF n'ont elles pas une politique commune du cheval de sport français ? Pourquoi les races de poneys se sentent-elles le besoin de se séparer en deux fédérations alors qu'elles ont déjà du mal à peser dans la balance ?
Quels sont les axes de travail pour améliorer qualitativement la pratique de l'équitation en France ? La FFE s'est largement engagée dans un développement de masse et a largement réussi; ne doit-on pas passer à une autre étape alors que les professionnels se désespèrent de la baisse constante du niveau des cavaliers français ? L'IFCE - ENE a t-il un rôle à jouer dans cela alors que plus aucun de ses cavaliers ne représente la France en dressage et en CSO ?
Quel est l'état du commerce du cheval - poney en France ? Plusieurs se sont attelés à explorer cette chasse gardée, y compris le président des commerçants de chevaux lâché par ses troupes en ce ?début d'été pour avoir voulu trop s'ouvrir aux autres acteurs de la ?« filière » ? Y a-t-il trop ou pas assez de chevaux et poneys produits en France ? Y a-t-il un problème de qualité de la production pour que la plupart des chevaux soient vendus à perte ? Les Haras nationaux nous proposent des fiches de tarifs en fonction du type de cheval ou poney : pour moi amateur (je fais partie de ces ?95 % de notre population (fourchette basse) cela peut être une source importante pour m'aider à acheter mon futur cheval; hélas l'avis de mon entraîneur - moniteur est bien moins tranché : « ils ne comprennent rien ces bureaucrates, c'est très compliqué d'évaluer le prix d'un cheval, comment veux-tu qu'ils voient si le cheval bascule son dos ? » Du sentiment, qu'il faut !
Nous retombons dans ce travers qui nous coûte tant : le sentiment. Ne nous étonnons pas de la manière dont on nous parle ! Nous ne sommes pas considérés comme aptes à comprendre cette complexité mystique et nos représentants nous le font bien comprendre : pas de réponses claires et précises aux principaux enjeux qui sont les nôtres.
Je suggère que Le Cheval puisse valoriser ou se faire le relai des propositions constructives et dans l'intérêt général. Mais surtout, que des enquêtes de fond soient menées sur notre filière en interrogeant les principaux dirigeants sur les questions majeures auxquelles personne ne répond. Nul doute que cela éveillerait la conscience collective sur les progrès réels effectués ».
Philippe Pernet - 80000 Amiens
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