« Ce sont les ventes de chevaux qui font vivre l’endurance française »
Après le point de vue d’éleveurs dans notre numéro précédent, le deuxième et dernier volet sur la vente des chevaux français à l’étranger permet de faire le point avec deux figures incontournables du « marché » de l’endurance,
Photo 1 sur 1
Stephane Chazel et Jack Bégaud
« On peut parler de fuite, surtout depuis deux ou trois ans », assène Stéphane Chazel cavalier d’endurance depuis plus de 25 ans, courtier et valorisateur depuis une dizaine d’années. « On assiste à un gros changement de cap de la part des acheteurs qui se tournent vers des chevaux de plus en plus jeunes, dès 5/6 ans ».
Et de préciser : « Il y a bien fuite des performers mais pas des reproducteurs. On vend plus rarement les juments. Et les étalons reviennent reproduire en France, à l’image de Bedouin de Piboul qui a terminé sa carrière sportive ». De retour dans l’Hexagone ce mois-ci, l’étalon arabe a cumulé un palmarès élogieux en courses de plat (1998 et 1999) puis en courses d’endurance sous les couleurs du Bahrein (de 2002 à 2008). Il sera effectivement disponible pour les juments françaises à partir de cette saison.
« Il n’y a pas de crainte à avoir sur le long terme quant à la génétique française qui a été sélectionnée au fil des années. On est actuellement en mesure de refaire de bons chevaux », poursuit Stéphane Chazel.
La seule crainte dans l’immédiat, assure le spécialiste, c’est pour l’équipe de France. « Là , c’est un problème fédéral qui concerne six personnes et le sélectionneur. On pourrait envisager d’autres façons de faire et utiliser d’autres bons cavaliers qui ont de bons chevaux comme Laurent Mosti ou Jack Bégaud ».
Toute une filière
Selon Stéphane Chazel, éleveurs, marchands, cavaliers-valorisateurs, ont tout intérêt à vendre. « C’est une filière qui fait vivre un millier de personnes à l’heure actuelle ».
Et sur le plan sportif, les cavaliers tricolores n’ont pas de craintes à ?avoir ? « Les derniers championnats du monde en Malaisie se sont gagnés à ?18.16 km/h. Ce n’était donc pas une course si rapide que ça. C’était dans nos moyens. Dans les possibilités de nos chevaux, et pas forcément de nos meilleurs. Le salut de l’endurance, poursuit-il, passe par le commerce. La victoire de l’Espagnol Juma Punti (Ndlr : compagnon de Maria Alvarez) en est l’illustration. C’est celui qui fait le plus de commerce de chevaux d’endurance. Il a les moyens de se garder le bon cheval ».
Et d’ajouter : « Récemment un cavalier me disait qu’une saison d’endurance -il entraîne six chevaux de CEI et des jeunes chevaux- lui coûte ?80 000 € par an entre les dépenses liées aux chevaux et le temps qu’il y consacre. S’il ne vend pas un cheval chaque année, il ne peut continuer ».
Manager du team endurance de Sheikh Mohamed bin Rashid al Maktoum (Dubaï) qui compte une douzaine d’entraineurs et 90 chevaux en France, Jack Bégaud fait un constat similaire. « Pour les chevaux d’endurance comme pour tous les chevaux de sport, plus la reconnaissance est importante, y compris à l’étranger, mieux l’élevage se porte ».
Hémorragie plus conséquente par le passé
Le numéro 1 mondial est convaincu de la nécessité de ce commerce avec l’étranger. « L’argent va aux éleveurs qui doivent confier leurs chevaux pour les entraîner. C’est toute une filière qui bénéficie de la vente des chevaux à l’étranger ».
Et d’assurer : « L’hémorragie était bien plus importante du temps de Pierre Cazes (Ndlr : sélectionneur de l’équipe de France d’endurance à partir de 1991 et entraîneur national de 1994 à 2005) »
Nombre de chevaux achetés par des pays du Golfe restent sur le territoire français, entraînés par des cavaliers pros. « Les résultats obtenus ainsi en course permettent de défendre l’entraînement que nous assurons en France, ça rend les entraîneurs français plus crédibles », assure Jack Bégaud qui explique savoir aussi dire non pour certaines ventes.
« On peut toujours faire des transferts d’embryons mais il m’arrive de refuser de céder certaines juments. Je n’ai pas voulu vendre l’an dernier à 5 ans Plage El Milora, la fille de Vague du Temple (par Persik). Le prétexte de l’élevage est d’ailleurs bien accepté par les Emirats... qui savent qu’on peut ainsi continuer à (leur) produire de bons chevaux ».
Pour le professionnel, il y a beaucoup de bons éleveurs en France. « Le réservoir est vaste. Il reste bien assez de chevaux ». Et de conclure : « Pour avoir les moyens d’en garder, il faut en vendre ! »
Muriel Judic
« On peut parler de fuite, surtout depuis deux ou trois ans », assène Stéphane Chazel cavalier d’endurance depuis plus de 25 ans, courtier et valorisateur depuis une dizaine d’années. « On assiste à un gros changement de cap de la part des acheteurs qui se tournent vers des chevaux de plus en plus jeunes, dès 5/6 ans ».
Et de préciser : « Il y a bien fuite des performers mais pas des reproducteurs. On vend plus rarement les juments. Et les étalons reviennent reproduire en France, à l’image de Bedouin de Piboul qui a terminé sa carrière sportive ». De retour dans l’Hexagone ce mois-ci, l’étalon arabe a cumulé un palmarès élogieux en courses de plat (1998 et 1999) puis en courses d’endurance sous les couleurs du Bahrein (de 2002 à 2008). Il sera effectivement disponible pour les juments françaises à partir de cette saison.
« Il n’y a pas de crainte à avoir sur le long terme quant à la génétique française qui a été sélectionnée au fil des années. On est actuellement en mesure de refaire de bons chevaux », poursuit Stéphane Chazel.
La seule crainte dans l’immédiat, assure le spécialiste, c’est pour l’équipe de France. « Là , c’est un problème fédéral qui concerne six personnes et le sélectionneur. On pourrait envisager d’autres façons de faire et utiliser d’autres bons cavaliers qui ont de bons chevaux comme Laurent Mosti ou Jack Bégaud ».
Toute une filière
Selon Stéphane Chazel, éleveurs, marchands, cavaliers-valorisateurs, ont tout intérêt à vendre. « C’est une filière qui fait vivre un millier de personnes à l’heure actuelle ».
Et sur le plan sportif, les cavaliers tricolores n’ont pas de craintes à ?avoir ? « Les derniers championnats du monde en Malaisie se sont gagnés à ?18.16 km/h. Ce n’était donc pas une course si rapide que ça. C’était dans nos moyens. Dans les possibilités de nos chevaux, et pas forcément de nos meilleurs. Le salut de l’endurance, poursuit-il, passe par le commerce. La victoire de l’Espagnol Juma Punti (Ndlr : compagnon de Maria Alvarez) en est l’illustration. C’est celui qui fait le plus de commerce de chevaux d’endurance. Il a les moyens de se garder le bon cheval ».
Et d’ajouter : « Récemment un cavalier me disait qu’une saison d’endurance -il entraîne six chevaux de CEI et des jeunes chevaux- lui coûte ?80 000 € par an entre les dépenses liées aux chevaux et le temps qu’il y consacre. S’il ne vend pas un cheval chaque année, il ne peut continuer ».
Manager du team endurance de Sheikh Mohamed bin Rashid al Maktoum (Dubaï) qui compte une douzaine d’entraineurs et 90 chevaux en France, Jack Bégaud fait un constat similaire. « Pour les chevaux d’endurance comme pour tous les chevaux de sport, plus la reconnaissance est importante, y compris à l’étranger, mieux l’élevage se porte ».
Hémorragie plus conséquente par le passé
Le numéro 1 mondial est convaincu de la nécessité de ce commerce avec l’étranger. « L’argent va aux éleveurs qui doivent confier leurs chevaux pour les entraîner. C’est toute une filière qui bénéficie de la vente des chevaux à l’étranger ».
Et d’assurer : « L’hémorragie était bien plus importante du temps de Pierre Cazes (Ndlr : sélectionneur de l’équipe de France d’endurance à partir de 1991 et entraîneur national de 1994 à 2005) »
Nombre de chevaux achetés par des pays du Golfe restent sur le territoire français, entraînés par des cavaliers pros. « Les résultats obtenus ainsi en course permettent de défendre l’entraînement que nous assurons en France, ça rend les entraîneurs français plus crédibles », assure Jack Bégaud qui explique savoir aussi dire non pour certaines ventes.
« On peut toujours faire des transferts d’embryons mais il m’arrive de refuser de céder certaines juments. Je n’ai pas voulu vendre l’an dernier à 5 ans Plage El Milora, la fille de Vague du Temple (par Persik). Le prétexte de l’élevage est d’ailleurs bien accepté par les Emirats... qui savent qu’on peut ainsi continuer à (leur) produire de bons chevaux ».
Pour le professionnel, il y a beaucoup de bons éleveurs en France. « Le réservoir est vaste. Il reste bien assez de chevaux ». Et de conclure : « Pour avoir les moyens d’en garder, il faut en vendre ! »
Muriel Judic
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous