7 ans : Nectar ou l’art du sans-faute

Le parcours de la finale des 7 ans monté par Gérard Delporte a permis aux chevaux de s’exprimer sur des efforts progressifs et bien proportionnés. Ils étaient 89 à courir mercredi 3 septembre la première épreuve au chrono remporté par Valentin Marcotte et le joli Al Capone TM (Acobat II). Nectar des Forêts se classait déjà 4e. Il tiendra sans faillir la tête jusqu’à sa consécration samedi après-midi en étant le seul à terminer le championnat sans aucune pénalité.
Nectar des Forêts*HN, par Diamant de Sémilly et Junte des Forêts par Super de Bourrière, provient comme tous les chevaux de Fabrice Paris, de la souche de May Flower, accidenté à 2 ans et acheté à son oncle Claude Paris. Sa mère Junte des Forêts est d’ailleurs la sœur de six étalons dont quatre nationaux. Nectar est une véritable machine à sans faute : à 4 ans, 13 sans-faute sur 14 parcours et double sans-faute à Fontainebleau; à 5 ans 20 sans-faute sur 20 parcours et 4 pts puis double sans-faute en finale; à 6 ans 21 sans-faute sur 22 parcours dont trois triple sans-faute à la Grande Semaine, toujours sous la selle de son naisseur Fabrice Paris.
« J’avais un contrat avec les HN pour le monter jusqu’à 7 ans, précise Fabrice Paris, mais l’an dernier, après avoir fini 3e Elite des 6 ans, ils m’ont dit que la fédération voulait avoir la main sur les chevaux HN. Alors ils me l’ont retiré pour le faire essayer à plusieurs cavaliers et ensuite l’envoyer chez Eugénie Angot qui n’en a pas voulu. C’est ensuite qui l’ont donné à Jérôme Hurel. Je suis triste de ne pas le monter mais ravi que ce soit Jérôme son cavalier. »
« C’est un cheval de concours comme on en rêve, rétorque Jérôme. Il n’a pas touché une barre depuis fin mai. Les parcours étaient hauts et délicats mais je n’avais pas de crainte car Nectar est vraiment très respectueux et il a été vraiment bien dressé par Fabrice. »
Avec un caractère en or, de bonnes origines, un respect irréprochable et un joli modèle, nul doute que les éleveurs vont demander des saillies de cet étalon même si sa semence ne semble pour le moment congelable. « ll est parfois un peu fainéant à la maison et je pense d’ailleurs que si Eugénie l’avait essayé en piste, il ne serait jamais arrivé chez moi. Je n’ai pas encore vu ses limites » conclut, ravi, Jérôme.
Nectar aura ses cellules mise en banque par la société Cryozootech, qui offrit aussi à Patrick Gourdin, éleveur de la 2e Elite, Nereides, montée par Jean-Luc Dufour une saillie de E. T. Cryozootech - Stallion.

La finale a bouleversé les pronostics

40 couples étaient au départ de la finale. Sept sont sortis sans pénalité de la première manche, 19 ont repris le départ en seconde manche et sept sont sortis à nouveau sans faute, dont deux avec 0,25 de temps dépassé.
Ces deux parcours occasionnèrent de nombreux changements dans le classement provisoire, comme pour le champion des 6 ans, Lauterbach Old (entier par Landor S Old et propriété de Christian Baillet), sorti avec 8 pts et une 20e place pour Philippe Rozier qui ne repartit pas en seconde manche. Le vice-champion des 6 ans, Norway de la Lande (Narcos II), termina avec un total de 15,22 (16e) et le vainqueur du critérium de l’an dernier, Ninno (Quick Star), finit 14e.
Cela laissa le champ libre pour remonter dans le classement à l’autre monture d’Alexandre, Nice de Prissey (Rosire*HN - Amarpour), né chez Marie-Thérèse Loichet et lui appartenant.
Le frère utérin d’Idéal de Prissey termine sur la 3e marche en étant avec Nectar des Forêts les seuls doubles sans-faute de la finale. Simon Delestre est 4e avec Neptune du Chalet (Royal Feu), 4e à 6 ans à Lanaken, et 7e avec Nobless des Tess (Cumano).
Number One d’Iso (Baloubet du Rouet), avec son incroyable rythme et envie de sauter, se classe 5e sous la selle de Guillaume Foutrier.
Pourtant bien parti dans le championnat, Jérôme Chartier semblait un peu dépassé en finale par la fougueuse Nuidivine (Shogoun II). 6e place au final.

Nereides, une Cumano qui ira surement très haut

Parmi les 40 finalistes se trouvaient cinq produits de Quick star et quatre produits de Cumano, dont la 7e Noblesse des Tess/Simon Delestre et la 2e Nereides/Jean-Luc Dufour, puissante grise appartient encore son éleveur-pigiste dans la Manche Patrick Gourdin.
« Au début, j’avais beaucoup de problème de contrôle avec Nereides, précise Jean-Luc, car elle ne savait pas canaliser son énergie. J’ai passé beaucoup de temps dessus et il y a encore beaucoup de travail. Mais je pense qu’elle est seulement à 50 % de ses capacités. » Après avoir fait un poulain, Nereides a commencé à se former en 5 ans B puis 6 ans B. « Cette année, j’ai fait des 1,25 m et à ma grande surprise elle a vite progressé jusqu’à 1,40 m. Dix jours avant Fontainebleau, elle a terminé 2e d’une épreuve des 7 ans à Auvers. »
Patrick Gourdin : « Elle a déjà eu un Kannan qui sortira l’an prochain en 4 ans. Cette année, elle a eu un transfert d’embryon par Diamant de Sémilly. Sa mère Sonate de la Valette (Livarot *HN) a tourné jusqu’au niveau Grand Prix. Quand j’ai vu arrivé Cumano en France sous la selle de Julien Epaillard, je l’ai trouvé fantastique. Je l’ai mis à ma jument qui toisait déjà 1,75 m, contrairement à la plupart des normands qui l’ont utilisé sur des petites juments. Je pense aussi que cette réussite aujourd’hui, c’est avant tout parce que Jean-Luc adore la jument et le contact passe bien. ». Passionné lui aussi par l’élevage, Jean-Luc a 17 juments pleines et 60 poulains de moins de 3 ans.

Jennifer Delaunay