A Doha, Michel Robert défie le temps

  Déjà vainqueur de la « consolante » l’an dernier à Rio de Janeiro (Brésil) avec cette même Kellemoi de Pépita (Voltaire), avant de s’imposer peu après dans le prestigieux Top10 Rolex/IJRC, Michel Robert s’empare, cette fois, du précieux trophée, une sculpture originale représentant une tête de cheval Arabe, recouverte d’or et sertie de bijoux, estimée à 8.000 euros, ainsi que du chèque de 300.000 euros promis au vainqueur.
Blessé en juin à l’épaule, lors de l’étape cannoise de ce même GCT, l’isérois, qui célèbrera son 61ème anniversaire le 24 décembre prochain, semble se jouer du temps et se bonifier avec les saisons. Au royaume de Shéhérazade il a, une nouvelle fois, fait admirer sa monte épurée, et fait parler son expérience tout autant que son sens tactique. Troisième à s’élancer dans un barrage à quatre, après que successivement le Brésilien Alvaro de Miranda (3ème) tout comme le Champion Olympique d’Atlanta (1996), l’Allemand Ulrich Kirchhof (4ème), aient concédé une barre en prenant tous les risques, le Rhonalpin optait, lui, pour une témérité mesurée, bouclant néanmoins un sans-faute, dans l’excellent temps de 49’’76. Derrière lui, le Champion du Monde en titre, Jos Lansink, semblait un moment en avance, avec la rapide Valentina Van’t Heike (Nabab de Reve), mais assurant par trop l’abord du dernier oxer, il terminait en 49’’89, soit 13/100èmes de plus que le français.

Un seul Français en Finale

Ils étaient vingt-cinq, au nombre desquels trois « frenchies », le Champion d’Europe Kevin Staut suppléant in-extremis le vétéran britannique John Whitaker (64 ans), récemment blessé à la suite d’une chute de son étalon Pepermill (Burggraaf), à avoir gagné leur billet pour cette prestigieuse finale, conclusion des sept étapes disputées successivement à Arrezo (Ita), Valence (Esp), Cannes (Fra), Monte-Carlo, Estoril (Por), Rio de Janeiro (Bré) et Valkenswaard (Ned). Tous se retrouvaient, dès jeudi soir, pour un dernier « écrémage », à l’issue duquel seuls les dix-huit meilleurs couples gagneraient le droit d’en découdre, dans un Grand Prix (1,60m) très sélectif, et le mieux doté qui soit (900.000 €). A l’issue de cette ultime qualificative, les Champions Olympiques Eric Lamaze (Can) et Hickstead,Kwpn (Hamlet) s’imposaient, de 88/100ème, à Bernardo Alves (Bré) et Chupa Chup 2,Holst (Caretino) et de plus de deux secondes et demie à Albert Zoer (Ned) et Oki Doki,Kwpn (Jodokus), gagnant du même coup l’avantage de s’élancer les derniers dans la première manche de la finale dont ils devenaient les grandissimes favoris. Dix-neuvième, avec quatre points sur la piste et un peu de temps dépassé, le N°1 mondial, Markus Ehning et Plot Blue,Kwpn (Mr Blue/Pilot) restaient, eux, à la porte, tout comme le grand espoir britannique, Ben Maher, avec Robin Hood W,Kwpn (Animo/Libero), actuel N°2 mondial au classement WBFSH des chevaux de CSO. Parmi les autres victimes de marque, citons encore le seul représentant helvète, Daniel Etter et Peu à Peu,West (Polydor), récents vainqueurs des étapes Coupe du Monde d’Helsinki et Oslo, Le Néerlandais Harrie Smolders associé à Walnut de Muze,Bwp (Nabab de Rêve/Chin Chin) et l’Irlandaise Jessica Kueten, avec Myrtille Paulois, la pétillante fille de Dollar du Mûrier née chez Agnez Grosz à Maheru (61380). Côté français, Kevin Staut/Le Prestige St-Lois et Roger-Yves Bost/Ideal de la Loge (8pts) passaient, eux aussi, leur tour, laissant à Michel Robert, douzième avec un point de temps dépassé, le soin d’en découdre avant le « gratin » mondial de la discipline.

Quatre au barrage

Deuxième à s’élancer dans cette finale en compagnie de Carina 188,Hols (Cassini I/Caretino), Ulrich Kirchhoff était le premier à boucler « clear-round » et dans le temps, ce que ne réussissaient ni Denys Lynch et All Inclusive,Westf (Arpeggio), piégés par le chronomètre (1pt), ni à la surprise générale, Rodrigo Pessoa (8pts), avec Champ 163,Holst (Chamonix/Coronado). Derrière eux, en revanche, Alvaro De Miranda/AD Picolien Zeldenrust, Michel Robert/Kellemoi de Pepita et Jos Lansink/Valentina Van’t Heike, trouvaient tour à tour les clefs, de sorte qu’après le passage des huit premiers concurrents, on dénombrait déjà quatre barragistes. De là à imaginer que le tour « monstrueux » sorti de l’imagination de Conrad Homfeld, allait en définitive s’apparenter à une promenade de santé, il y avait un monde. D’ailleurs aucun autre couple n’allait plus réussir à résoudre l’énigme, pas plus Marco Kutscher en dépit d’un Cornet Obolensky (Clinton/Heartbreaker), une nouvelle fois « aérien », qu’Edwina Alexander et Itot du Château (Le Tot de Semilly) tous deux « pris » sur la sortie du double N°4, ni d’ailleurs le N° 3 mondial, Albert Zoer, piégié en milieu et sortie du triple N°12. Les Champions Olympiques en titre, Eric Lamaze et Hickstead commetant, à leur tour, et contre toute attente, une faute d’antérieurs sur cette même combinaison, il ne restait donc plus que quatre couples en lice pour un barrage, déconseillé par avance aux cœurs fragiles. La « chasse au jackpot » pouvait commencer...

Ils ont dit
Michel Robert : “Cette saison je m’étais déjà classé second à Arezzo, 4ème à Valence, 3ème à Valkenbswaard, mais remporter cette finale, c’est un véritable honneur. »
Puis, recevant le chèque de 300.000 euros : « A Valkenswaard, j’avais dit qu’il était galant de laisser gagner les filles, mais cette fois, je n’avais pas envie de me comporter en gentleman ».
Jos Lansink : “Je n’ai pas participé aux Championnats d’Europe pour plusieurs raisons, mais notamment parce que le “format” du GCT convient mieux à mes chevaux. Je peux commencer par une ou deux petites épreuves selon mes besoins pour préparer au mieux le Grand Prix».
Alvaro de Miranda : Cette finale constituait l’objectif majeur de ma saison, je suis donc particulièrement satisfait de cette troisième place. Je pense qu’il est très important de présenter des compétitions de cette qualité dans cette partie du monde et c’est pourquoi je remercie Jan Tops, ainsi que la Fédération Equestre Qatari de nous avoir accueillis ici.

D. S.