Académie Pégase : la part culturelle du cheval

Partout où vivent les hommes, le cheval est proche : agriculture, sport, loisirs, sciences (génétique, zootechnie), santé (équithérapie), jeux, paris et même - mais nous y pensons moins - la culture ! Sur le cheval nous avons en France, plus de 2500 références en librairies; un salon du livre itinérant, Equilivres, magistralement organisé par Chantal et Claude Van Tri, lui est même dédié. Quand aux spectacles, aux artistes équestres, la France est le pays qui en compte le plus grand nombre en Europe ! Quel autre animal peut se prévaloir d’une présence aussi exhaustive ?


Depuis 1990, l’Académie Pégase, composée de 10 membres auxquels viennent s’ajouter l’écuyer en chef du Cadre Noir et le directeur général de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, décerne deux prix : le Prix Pégase qui récompense un ouvrage sur le cheval et l’équitation contribuant à une large diffusion de la culture équestre, et le Prix Cadre Noir distinguant un ouvrage s’adressant prioritairement aux professionnels du cheval, chercheurs, universitaires etc.


Cette année, les deux ouvrages primés sont respectivement 1914-1918, L’autre hécatombe, de Claude Milhaud (Prix Pégase) et James Fillis, L’écuyer de l’Europe, de Gabriel Cortès1. Les deux ouvrages ont fait l’objet d’un article dans le n°287 du 6 octobre de Le Cheval. Je ne reviendrais donc pas sur leur grande qualité mais voudrais évoquer ici, le rôle et l’avenir de cette académie, « seule académie littéraire du monde équestre », souligne l’auteur de l’article du 6 octobre. L’on peut ajouter : seule académie littéraire consacrée à un animal ! C’est dire la place centrale que nous lui attribuons.


L’Académie Pégase a longtemps vécu dans l’ombre de l’institution qui a vu sa naissance, le Cadre Noir. La remise des prix avait lieu dans le grand manège des l’Ecole Nationale d’Equitation, entre gens de chevaux. Il y avait dans cet entre-soi - tout à fait naturel au demeurant - une sorte de contradiction avec l’objectif même de l’Académie : sensibiliser le grand public aux vertus et à la richesse du cheval et de l’équitation. Sans doute l’Académie avait-elle besoin de grandir avant de s’émanciper de la prestigieuse tutelle... Depuis 2016, c’est chose faite. Non seulement la remise des prix, qui se déroule toujours à Saumur, vagabonde d’un haut lieu à l’autre mais elle est fondée sur le principe de la surprise. En 2016, les caves de Vino Valley ont accueillies les membres du jury et les lauréats pour un dîner de remise qui a vu évoluer de façon superbe, au milieu des tables et sous le plafond de pierre basse, un artiste et son cheval.


En 2017, c’est l’Abbaye royale de Fontevraud qui a reçu l’Académie dans sa chapelle Saint Benoît. La compagnie l’Art est cabré a mêlé les voix magnifiques de ses artistes aux ondoyantes divagations de chevaux ibériques en liberté.


L’ambition de l’Académie ne s’arrête pas à l’organisation de son principal événement : la remise de ses deux prix. Depuis 2016, un prix Pégase des lycées agricoles fait entrer la littérature équestre dans les nombreux établissements qui proposent des filières ou options dites « cheval ». Ce prix est décerné tous les deux ans. La première édition à eu lieu en 2016. A l’avenir, ses membres voudraient faire rayonner le cheval au-delà et mieux encourager les travaux de recherches et les thèses comme les écrits littéraires en les mettant en valeur d’une façon qui reste encore à déterminer. Pour l’instant, les efforts de l’Académie (constitué de bénévoles uniquement) se concentrent sur l’organisation des prix existants et notamment le second prix Pégase des lycéens qui se tiendra en 2018 : sélection des ouvrages, lecture de pré-sélection en classe, préparation du vote final qui se déroule dans le cadre d’une journée à Saumur au cours de laquelle les élèves visitent les installations équestres, rencontrent les professionnels et assistent à une représentation des écuyers.





1 Les deux ouvrages sont parus aux éditions Belin