Adieu Goulsary - Le vieil homme et le vieux cheval
Préfacé par Jacqueline Ripart, qui a voué sa vie au sauvetage du cheval kirghize, Adieu Goulsary (mot qui signifie bouton d'or) est un magnifique roman sur la destinée d'un cheval à la robe isabelle, écrit par l'un des plus grands écrivains de l'ère soviétique, Tchinguiz Aïtmatov, récemment disparu (1928-2008).
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Publié pour la première fois en 1968 et jamais réédité depuis, ce roman d'un monde disparu, celui des grands espaces kirghizes en proie à la fièvre de la collectivisation soviétique, avec tous ses déboires, est d'abord l'hymne d'un amoureux des chevaux à une merveilleuse monture ambleuse.
L'étalon puis hongre Goulsary est resté célèbre au sein de ce grand peuple cavalier que sont les Kirghizes, aujourd'hui officiellement libérés de la tutelle soviétique puisque devenus – en principe - indépendants au sein du petit Kirghizistan, environ 4 millions d'âmes. Longtemps la destinée de cette nation fut étroitement liée à celle de ses montures, désormais menacées de disparition.
A travers l'histoire de Tanabaï, soldat devenu berger, fervent défenseur des kolkhozes au point d'expédier son propre frère en Sibérie, et de son cheval Goulsary, si magnifique avec sa robe ambrée et si courageux en dépit de tout ce qui lui est infligé par les hommes – qu'il s'agisse du débourrage ou de la castration, les méthodes employées rappellent à quel point les peuples cavaliers se situaient pour la plupart aux antipodes de notre équitation désormais éthologique et sentimentale..., c'est tout un pan de l'histoire soviétique qui s'écrit à travers ce roman merveilleusement écrit, que le lecteur dévore comme un témoignage, avec passion.
Il faut remercier Jean-Louis Gouraud d'avoir su une fois de plus, dans l'admirable collection qu'il dirige aux éditions du Rocher, exhumer un chef d'œuvre oublié, pour le porter à la connaissance des amoureux du cheval et de la littérature équestre. Et souhaiter qu'Aïtmatov, dont Aragon avait dit du roman Djamilia qu'il s'agissait de « la plus belle histoire d'amour du monde », reconquière rapidement le public nombreux qu'il mérite.
Editions du Rocher, 262 pages, 20 €.
Sylvie Brunel
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