- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Adieu Luc

(en ligne le 14 mai 2009) La maladie l’a vaincu. Luc de Tassigny « paysan des Ardennes » comme il aimait à se définir vient de nous quitter après avoir livré un dur combat contre le cancer. Il avait 73 ans. Photo 1 sur 1
Luc de Tassigny était une personnalité dans l’élevage en général et en Champagne-Ardenne en particulier. Personnalité forte par ses engagements dans les organismes nationaux, aux côtés de Philippe Curti à l’ANSF naissante, à la FNC et dans le mouvement agricole. En Champagne-Ardenne, il fut de ceux qui créèrent l’ARDCP qu’il présida après Roger Douillet, jusqu’à ce que la maladie ne l’éloigne des terrains de concours et des responsabilités. Luc gardait toujours un œil, parfois critique mais toujours constructif, sur l’évolution de l’élevage et de ses structures. Homme d’action, de réflexion, un tantinet provocateur, original dans son discours, « le paysan des Ardennes » ne laissait personne indifférent. Fidèle à ses idéaux et à ses amitiés, il a défendu jusqu’au bout le programme d’élevage concocté sous l’ère Curti en se présentant à la présidence de l’ANSF en mars 2007. Il en était devenu l’administrateur au titre de sa région. Etalonnier et éleveur, il jouait sur les deux registres avec les mêmes convictions ancrées très fort dans les souches du Selle Français dont il était un ardent défenseur.
L’humour n’était jamais absent de ses propos. Dérision et autodérision ponctuaient souvent des commentaires frappés au coin du bon sens. Si Luc savait mettre les rieurs de son côté, il savait aussi s’impliquer totalement pour le bien collectif avec clairvoyance et détermination.
L’affixe de Réméhan est en deuil. Nous, nous avons perdu un ami, un authentique homme de cheval. Au revoir paysan.
Que sa famille trouve ici l’assurance de notre profonde sympathie attristée.

Etienne Robert

Luc de Tassigny s’en est allé…
Dans la nuit du 29 au 30 avril dernier, l’évènement circulait déjà parmi cette grande famille des amis du cheval - elle apprenait par des appels nocturnes que Luc les avait quittés.
Il était né le 23 juillet 1938 en Seine et Marne. Mais « son pays », « son terroir » était sans conteste celui des Ardennes. C’est là dans ce beau domaine de Remehan proche de Sedan, et à quelques foulées de la Belgique, que Luc et son épouse Sylvie, ont su ensemble prolonger la dynastie et les traditions des « D’Anglemont de Tassigny ». C’est là que naquirent et furent élevés leurs quatre enfants.
Qui ne se souvient aussi, de Henri, son père, qui l’y avait précédé et qui à plus de 80 ans, chevauchait et caracolait encore dans les allées alentours, proches du Château... Ou bien de sa maman, chaleureuse, affable et souriante…disparue il n’y a pas si longtemps ?
Dans cette petite église gothique de Pouru-Saint-Rémy qui débordait à craquer de toutes parts et bien trop exigüe ce samedi 2 mai lors des funérailles de Luc, les témoignages vrais et tant émouvants, lus par ses enfants, reflétaient ô combien la personnalité de ce sacré « BONHOMME » ! Celle-là même, abrupte quelquefois mais qui ne pouvait, là où qu’il fût, chez les « tout petits » ou les « très grands », dissimuler une bonté toute naturelle mais en aucun cas ne laisser indifférent.
Autour de cette chapelle ardente, de laquelle montaient les prières et les chants en grégorien, l’émotion était grande et profonde. Elle n’eut d’égal que la ferveur d’une foule à l’âme triste et aux pupilles discrètement embuées avivés de souvenirs ou souvenances. Les uns et les autres s’inscrivant en flou dans la mémoire de chacun et réapparaissant en filigrane diaphane sur un nuage épais au parfum d’encens.
Luc pourtant restera bien présent et vivant parmi nous ! Nous, ses amis éleveurs de l’ombre, et de toujours à ses côtés depuis si longtemps déjà !
Au début des années 70, un peu avant son mariage, Luc et cette équipe qui lui est toujours restée fidèle et soudée réussissait à faire l’union de deux syndicats bêtement rivaux existant à cette époque dans ce petit département !
C’est beaucoup plus tard que la fusion a pu s’opérer entre Marne et Ardennes. Puis, sous l’égide de Geneviève de Sainte Marie et de Roger Douillet fut créée l’ARDCP, toujours bien vivante et en activité.
Luc, jusqu’au bout et après en avoir été longtemps président, y restera actif et écouté.
Ayant le profil-type et la stature de « l’Homme de Cheval » enrichi des aptitudes propres aux grands cavaliers, il débuta avec son père un élevage de qualité ; et celui-ci sut trouver très rapidement ses lettres de noblesse. Ce croisement miracle qui fût ultérieurement suivi et pratiqué par d’autres élevages apparaissait simple et infaillible.
Une belle jument « Trotteur français » associée à « Questeur » le « Furioso » de proximité avec origine avérée ou occultée constituait l’alchimie du moment, la « pierre philosophale » du saut d’obstacles des années 70.
A Remehan les deux juments « bases », se prénommaient l’une « Dame de la Capelle » et l’autre « Dame Noire » toutes les deux TF.
Ce fut cette dernière, qui directement croisée avec « Questeur » donna naissance (entre bien d’autres non moins célèbres) à « Boulzicourt » (un fort cheval bai avec de la présence et du bec) qui participa notamment aux Championnats du Monde après les J.O. de Montréal en 1976.
Boulzicourt ce n’était pourtant et seulement que le nom « d’un p’tit patelin du coin ».
Sans nul doute par discrétion ou pour marquer un attachement profond à leur micro-région, les chevaux de l’élevage des « de Tassigny » n’eurent jamais d’affixe. Les noms des villages du département ou quelques mots du patois local comme « quèsaco » (qu’est-ce encore) ou « neigetico » dans le même registre, figurent toujours parmi ces lignées prestigieuses.
En temps et lieux, et les techniques de reproduction évoluant c’est à Remehan encore que fut prise l’initiative de créer le premier centre privé d’insémination artificielle pour équins dans les Ardennes.
Impliqué dès la fin du 20e siècle dans les « instances nationales » et devenu Secrétaire général de l’ANSF, aux côtés de son ami Philippe Curti, alors Président, jamais, au grand jamais, Luc de Tassigny ne déméritera, sachant de belle manière oublier les petits soucis ponctuels du quotidien, et aussi les « petits intérêts » personnels et privés pour se consacrer à l’intérêt public.
C’est sans compter que Luc tout au long de sa vie saura nous donner à tous par l’exemple, une grande leçon de droiture et de générosité.
De « Baucher », il avait sans doute fait et interprété à sa manière la devise :
« En avant !... Calme et droit ! »

J. L. pour l’ARDCP et tous ses adhérents
11/05/2009

Actualités régionales