Affaire Quidam de Revel : le procès en détournement de paillettes renvoyé en janvier 2011
Trafic et détournement de paillettes ?
Ce second contrat de « mise à disposition » rédigé par Mme Mazé visait à la protéger elle et son ex-époux d'attaques judiciaires de la part des quatorze porteurs de cartes à vie vendues par M. Mazé de 1989 à 1993 et de leur attribuer à eux, les naisseurs, des cartes de saillies durant la vie de reproducteur de l'étalon. Selon les éléments du dossier, les ex-copropriétaires mais surtout les porteurs de cartes à vie, dont le contrat indiquait que l'étalon devait rester en France, n'ont pas été informés des conditions exactes de la vente du cheval. Par ce contrat « bis », Mme Mazé avait anticipé les problèmes. L'affaire se complique avec une clause qui, selon toute évidence, n'a pas été respectée et qui dit que « en fin de saison de monte, le stock de paillettes inutilisées sera soit retourné à la société Scanvet soit conservé par Mme Mazé, constituant une avance de stock sur l'année suivante ».
Or l'état du stock n'a jamais été réalisé. Pourtant, dans le cadre de la procédure, il a été régulièrement rappelé que « Mme Mazé se devait de répondre aux demandes réitérées de la Sté Scanvet sur l'état des stocks de semence de l'étalon. La Sté Scanvet n'a jamais obtenu de réponse en retour. Il a souvent été reproché à cette société de ne pas avoir demandé « les fiches de stocks ». Comment un Danois, est-il écrit dans le dossier, pouvait-il savoir quels termes exacts employer ? Il demandait des comptes et ses nombreux courriers adressés à Mme Mazé en attestent ».
C'est donc ce stock et sa circulation dans le circuit de l'insémination, au préjudice de M.Velin, qui alimentent ce litige. L'affaire a été portée devant la justice française en janvier 2005 par la société Scanvet, lassée d'avoir à faire face à des attaques judiciaires incessantes et injustifiées selon elle. Persuadée d'avoir été spoliée, elle a donc décidé de réagir pour se faire connaître dans ses droits. Une longue bataille d'experts s'est engagée dont les conclusions ont toujours été contestées par les ex-époux Mazé. Un rapport définitif d'expert déposé auprès du tribunal de Quimper le 10 septembre 2007 atteste d'un détournement de plus de 20 % des paillettes fournies au titre de l'exécution du contrat du 29 mai 1993, constituant un préjudice très important pour la société Scanvet. Le énième épisode s'est joué devant le TGI de Quimper dont le jugement, rendu le 20 octobre, déboutait la société Scanvet qui a immédiatement interjeté appel. Prochain épisode judiciaire en janvier prochain.
Un sport national... et un déficit d'image
Cette situation n'est pas propre au seul Quidam de Revel. Faute d'une réglementation appropriée, excepté pour ce qui concerne les conditions sanitaires, la circulation et la vente de paillettes s'apparente à un grand bazar où tous les coups sont permis et où le détournement de paillettes, dans le microcosme de l'élevage de chevaux de sport, devient un sport national. L'affaire est d'autant plus opaque pour la justice que la preuve est difficile à apporter. Comment savoir en effet avec certitude et compte tenu de l'évolution des techniques, si une ou plusieurs paillettes ont été utilisées lors de l'insémination. Certes l'inséminateur a l'obligation légale (arrêté du 14 mars 2001) de remplir le carnet de saillies. Mais le contrôle est complexe, surtout à l'extérieur des frontières et la porte, ouverte à tous les abus de la part de gens peu scrupuleux. D'où la valse des paillettes avec au bout du compte, un trafic lucratif et une sulfureuse réputation de magouillage. Vaste entreprise que celle de l'assainissement du marché.
C'est principalement pour cette raison que Philippe Bodinier a gardé secrète le mort de Dollar du Murier.
Une des conséquences économiques de ce genre de pratiques, c'est la fuite des capitaux étrangers dans l'achat de chevaux de sport à fort potentiel et à forte valeur. Echaudés par ces procédés peu transparents, c'est un euphémisme, les investisseurs vont fuir ce marché pour aller vers les courses par exemple. C'est déjà le cas pour M.Velin et pour son représentant en France, le Reverdy dont tous les chevaux de sport viennent d'être vendus à Fences.
Etienne Robert
Â
Arnaud Evain: « ne jamais vendre de paillettes » Interrogé à ce sujet sur la circulation de la semence et les partiques des étalonniers, le patron du GFE explique: « On n'est trompé que par ceux à qui l'on fait confiance mais celle-ci, comme la vertu des jeunes filles, ne peut pas être accordée à moitié... Il faut donc faire confiance car c'est la base de l'économie de marché, et en même temps faire attention et contrôler, autant que faire se peut, si cette confiance a été bien placée. |
Â
Â
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous