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Alexis Pignolet, un pionnier, un visionnaire

Carnet C’est un monument de l’élevage de chevaux de sport que la mort vient de faucher. Un de ceux qui, en Normandie, ont tracé et marqué d’une façon indélébile l’art et la manière de fabriquer de solides chevaux qui savent sauter et en ont l’envie. Alexis luttait depuis de nombreuses années contre une maladie qui le minait. Il n’a cependant jamais manqué un concours et jusqu’au dernier souffle, accompagné de son épouse, il s’est intéressé à ce qui se passait sur les pistes. Le week-end avant sa disparition, ils étaient à Avranches. Leur voyage à La Baule était déjà programmé. Celui de Dinard, certainement aussi. Le sort en a décidé autrement. A l’aube de ses 80 ans, Alexis a été de contraint de lâcher définitivement les rênes. Photo 1 sur 1

A Moon-sur-Elle, dans la Manche, la famille Pignolet est enracinée depuis cinq générations. Alexis, précurseur et visionnaire, a fait de sa passion pour les chevaux, un métier. « L’histoire d’Alexis, rappelle Jean Bougie dans un bel ouvrage sur le cheval de sport en Normandie publié il y a quelques années aux éditions Charles Corlet, passe par la carrioleuse, jument légère. Fierté  et signe extérieur de richesse de l’agriculteur normand aisé des années 50 qui conduisait la famille à la messe et au marché. Elle s’appelait Havane. Son produit qu’Alexis Pignolet père destinait aux courses de trot pour son fils fut reconverti au concours hippique à cause d’une insuffisance cardiaque. C’est ensuite avec Demoiselle et surtout son unique poulain, J’ai l’Espoir, le bien-nommé, qu’Alexis se joignit au train des Brohier, et Navet pour écumer les concours de la région. Â»

L’histoire de l’affixe Elle a commencé avec Gazelle, fille du pur-sang L’Alcazar. Gazelle fera 11 poulains. Les femelles seront mises  à la reproduction après une carrière sportive. Gazelle d’Elle (Uriel) s’illustrera sous la selle de Xavier Leredde et Michel Robert dans les plus grandes épreuves mondiales. Fin observateur des poulains qu’il regardait droit dans les yeux, soucieux de garder ses bonnes poulinières qu’il estimait primordiales dans la qualité des poulains, Alexis chercha et trouva d’autres mères qui firent souches chez lui. Il y eut Ira, née à La Capelle dans le Nord, Maggy des Boulais issue de la souche de Bernard Lebrun près de Sartilly puis Pavlova des Malais dont la descendance donna Flipper d’Elle.

Alexis Pignolet ne s’est pas beaucoup trompé en 50 ans d’élevage : une bonne trentaine de ses chevaux ont atteint avec facilité les compétitions internationales de saut d’obstacles. Ses deux fils, Bertrand et Hubert ont repris les rênes de l’élevage, en famille, comme leurs parents. Alain, le troisième fils, est expert comptable et a sillonné les régions récemment pour donner des conférences sur les nouvelles réglementations sur la TVA, bête noire des éleveurs en ce début d’année... Une grande famille, qui perd un père, un patriarche, un visionnaire. Dans le domaine de la reproduction, Alexis fut aussi un pionnier en expérimentant avec succès les techniques modernes que sont l’insémination et le transfert d’embryons. Il fut à travers l’affixe d’Elle, un ambassadeur hors pair et envié du « Made in Normandie Â». L’élevage français a perdu un de ses éminents représentants. Mais l’oeuvre perdure et perdurera longtemps.

Que Madeleine son épouse, ses fils et ses petits-enfants soient assurés de notre sympathie attristée.

Etienne Robert

16/05/2013

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