Bienvenue au Trotteur ailé !

Bonjour l’ambiance !

Si elle évoque un peu celle des Trois Mousquetaires - cascades, galopades, capes et épées -, il ne faut pas s’en étonner : ce bref passage est extrait d’un roman (peu connu) de l’illustrissime Alexandre Dumas, ‘‘Le Meneur de loups’’, que Jean-Louis Andréani a eu la bonne idée de rééditer pour inaugurer une collection de textes littéraires classiques mais oubliés, ou devenus introuvables, ayant pour cadre la vaste région que constituent les départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme.
Andréani est un homme paradoxal : éditorialiste au quotidien Le Monde, habitué aux arcanes des partis, aux coulisses des ministères, aux combines électorales, il préfère la fréquentation des chevaux à celle de ces drôles de zèbres que sont souvent ceux qui nous gouvernent. A la politique intérieure, il préfère l’équitation d’extérieur. Aux allées du pouvoir, les allées cavalières. Enfin, originaire du Sud (Corse et fier de l’être), il a choisi de s’installer au Nord : son cheval est en pension là-haut, du côté de Compiègne. Et c’est à cheval qu’il a découvert, puis aimé cette Picardie qu’il veut à son tour faire découvrir - y compris aux Picards eux-mêmes, qui ignorent souvent que leur région a inspiré d’innombrables chefs d’œuvre.
En puisant à grandes brassées dans le fonds des XIXe et (début) XXe siècles, Andréani va ainsi rééditer les plus intéressants, à raison de deux volumes tous les deux mois. Titre de la collection : ‘‘Lettres de Picardie’’.
Les deux premiers volumes (13,80 € pièce) viennent de paraître : une jolie description de la vie quotidienne dans la région à la fin du XIXe siècle (‘‘L’Hortillonne’’, de Léon Duvauchel, publié pour la première fois en 1897) et un étonnant roman de Alexandre Dumas (‘‘Le Meneur de loups’’ : la première édition date de 1857), dont l’action se situe au cœur de la forêt de Villers-Cotterêts, terre natale de l’écrivain, et dans lequel on retrouve le rythme auquel nous a habitué le père de d’Artagnan, mais avec, cette fois, plus de mystère, d’étrangeté : un côté fantastique, hallucinant, voire infernal qu’on ne lui connaissait pas. Une heureuse (re)découverte donc.
Pour bien marquer ses propres goûts, mais également pour rappeler que cette Picardie est, elle aussi, une région à chevaux (il n’y a pas que la Normandie ou le Limousin.. Chantilly est bien, en effet, un des plus grands centres d’entraînement de galopeurs du monde, et la baie de Somme a donné naissance à la dernière race reconnue par les Haras nationaux, le Henson), Jean-Louis Andréani a donné à sa jeune maison d’édition un nom un peu étonnant mais très sympathique : Le Trotteur ailé (BP 5, 60350 Cuise-la-Motte).
Bienvenue à ce poulain, ailé comme Pégase, et fringant comme son fondateur.

Jean-Louis Gouraud