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Bleu Blanc Rouge II : des origines solides

On parle un peu dans le Landernau équestre d’une petite réforme... qui pourrait devenir grande ! Photo 1 sur 3
Le majestueux site du haras du Pin se vidait progressivement de son âme : les étalons. Alors que plus de 500 reproducteurs s’y entassaient avant guerre, que les meilleurs pur-sang en croisement ou en race pure, les meilleurs trotteurs et d’excellents demi-sang y paradaient les jours de présentation, il ne restait même plus de quoi garnir l’écurie n°3 où logèrent Furioso, Night and Day, Monceaux et bien d’autres avant eux !
Grâce à une gestion saine, avec l’appui du Conseil général, en association avec l’Administration sentimentalement très attachée au site, l’association des éleveurs du Pin émit l’idée d’acheter un étalon. Idée un peu symbolique mais qui germa dans l’esprit des administrateurs, dont l’un d’eux apprit que Bleu Blanc Rouge était éventuellement à vendre. Affaire rondement menée, cet « étalon un peu ancienne mode, mais qui avait montré de réelles qualités, ?et dont la production semblait excellente » intégrait la maison mère des haras nationaux début 2009.
Le choix d’un étalon se fait souvent sur un coup de cœur, mais il faut tout de même réfléchir aux qualités qu’il apportera à la jument. Depuis un certain temps déjà, comme chez les purs sangs et les trotteurs, il semble prouvé que les chevaux qui sautent bien (Brûle tout, Mexico, Alme, Galoubet, etc.) ont tendance à reproduire cette qualité. Ceux qui ne sautent pas auraient tendance à faire des rampants.
Cette transmission semblerait être d’autant plus certaine que les origines sont « solides », c’est à dire longues (chose que le BLUP ignore totalement) et évidemment d’un certain niveau. Une absence de « trous » est indispensable, la présence de certains noms qu’il ne nous appartient pas de citer ici « gâche » un beau papier pour des générations. En effet, même en ayant une jument olympique, le poulain mettra cinq ans après la conception pour sauter ses premières barres. Bel investissement qu’il convient de raisonner le plus possible.

Bleu Blanc Rouge, un vrai performer

Après avoir été classé élite à 4 ans, Bleu Blanc Rouge II gagna le critérium des 5 ans (couru pour la première fois sans barrage) ex æquo avec Bouffon du Mûrier qu’il surclassait nettement par sa force, son équilibre et son style. Cette démonstration incita de nombreux éleveurs à prendre une carte, et la carrière sportive de Bleu Blanc Rouge fut un peu en pointillé pendant deux ans (1995 et 1996). Xavier Leredde se souvient d’un cheval courageux mais impressionnable, ce qui impliquait parfois de trop gros sauts qu’il pouvait réaliser grâce à sa force colossale. Intelligent, doté d’un très bon équilibre et très souple, il était également très styliste (bon geste devant et derrière, belle trajectoire avec un bon coup de reins) et respectueux mais il se montrait susceptible (il faut encore le vouvoyer à 20 ans !).
Récupéré par Gilbert Doerr et son sponsor, il attaqua tout de suite les Grands Prix nationaux puis CSI et CSIO mais arrêta la monte. Un an après (mai 1998) il dut être opéré de coliques et les offres mirobolantes de grands cavaliers mondiaux s’évanouirent.

Un beau fruit d’une belle origine

Si tout le monde connaît Verboise et son fils Papillon Rouge, il faut rappeler que ces merveilles n’étaient pas nés de génération spontanée ! Douce Amie (par Libourne étalon de tête dans la Hague) produisit d’abord Histoire de Rire (1951) avec le ravissant pur sang Kalmia. Cette Histoire de Rire eut deux produits : Lorette par Fringant et Roi Soleil (Herquemoulin) gagnant en CSI à l’étranger. Lorette (1955) quant à elle gagna toutes les coupes (équivalent des BI) de Bretagne avec son cavalier amateur puis donna Verboise et Boléro IV (67 par Quesmoy) ISO 131 à 6 ans. Verboise par Centaure du Bois (père entre autres de Tic et d’une pléiade d’excellents sauteurs) fut convoitée par le grand Neco après avoir été 2e du critérium des 6 ans avec Alain Hinard. C’était une jument déjà moderne, bourrée de qualités mais un peu furieuse, et qui convenait parfaitement à Jalisco B que Henriette Evain avait placé chez Fernand Leredde son propriétaire. Elle en eut Olivia Rouge, mère de Val Rouge (ISO 132) puis exportée, puis Papillon Rouge champion de France et meilleur étalon mondial, puis Quouglof Rouge HN (ISO 130), puis Ramona la Rouge mère du tout bon Cincaba Rouge (ISO 176). Mais elle avait d’abord donné Mine Rouge en 1978 avec Uriel, tête de liste des étalons français pendant plus de dix ans. Si Uriel n’apportait pas toujours le sang souhaitable à ses fils, ses filles en étaient « bourrées », notamment Mine Rouge, qui en plus était ravissante. Ayant perdu un œil, elle ne fit que des poulains dont Qualoubet Rouge (ISO 161), Saphir Rouge II HN (ISO 131), père de Grenat de Grez, et Bleu Blanc Rouge II (ISO 170).
Douce Amie donna aussi Irrésistible avec un autre très bon pur : Fasano (qui fit d’abord la monte au Pin où il engendra Flicka très grande gagnante puis mère de Rocket (meilleur cheval français et champion d’Europe avec Janou Lefèvre) et grand’mère de Rocket Rouge (médaille de bronze aux JO de Los Angeles avec Alexandra Lederman). Cette Irrésistible donna le jour aux 5 vrais internationaux Ma Belle (L’Alcazar) championne de Belgique, L’Oiseau Mouche (L’Alcazar) champion des 5 ans, Primevère B et Qui Dit Mieux (Harphortas), Reseda B (Valesco) et l’étalon national Unesco (Valesco). Une autre fille de Douce Amie : Océane (L’Alcazar) fut 2e des 5 ans en 1963.
Bonne souche maternelle donc mais bon père aussi puisque Qualisco III fut un bon vainqueur international avec H. Bourdy puis J. Gachignard : ISO 165. Issu de Jalisco B meilleur étalon mondial plusieurs années, et de Giralda B 29e des 5 ans par le tout bon Night and Day et une fille du pur Red Star (qui réussit surtout bien avec les filles d’Olga), il était également bien né.

C.Q.F.D : un beau fruit devenu très bon étalon

Bon performer, d’une excellente et longue origine, Bleu Blanc Rouge II se devait de bien reproduire ! Avec un total de 200 produits en âge de courir (en gros il n’a été utilisé qu’en 1995 et 96 pour respectivement 41 I et 36 J) dont 34 poulinières, 95 sont indicés sur 95 partants en CSO, 7 sont indicés sur 14 partants en CCE et 6 sur 6 en dressage. 68 de ces partants sont indicés à plus de 100, 34 d’entre eux à plus de 120, dont 10 à plus de 140, ce qui est mieux que Quidam de Revel ! A part les deux poulinières Inedy Mouche (ISO 142) et Izaure d’Azur (ISO 145) ainsi que les étalons Jalis de Riverland (ISO 172) et Impala de la Roque (ISO 147) tous les indicés à plus de 140 ont été exportés, participant ainsi à la faible notoriété du pourtant excellent Bleu Blanc Rouge II.
Bien que montrant suffisamment de sang ce solide étalon d’1,70 m s’accordera évidemment mieux avec des poulinières chics et dans le sang auxquelles il ne retirera ni force, style, respect équilibre et mental. Pour cette première coopération HN-associations d’éleveurs, le Haras du Pin a certainement intégré une excellente recrue dont les « à jour de cotisation » peuvent profiter avec une remise de 200 € sur les 700 € poulain vivant demandés !

Hilaire Nervien
26/03/2009

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