Bordeaux : le roi Albert

  Grand favori des Jeux de Hong Kong son rêve olympique s'est brisé avec sa jambe au lendemain de l'une des plus belles victoires de sa carrière (le Grand Prix d'Aix-la-Chapelle en juillet). Un bête accident en montant imprudemment un jeune cheval ! Albert s'est relevé et après des pénibles semaines de rééducation s'est remis à cheval pour retrouver le chemin de la victoire dès le mois de décembre. Mais cette étape bordelaise de la FEI Rolex World CupTM est son premier grand succès depuis son accident.
Le parcours de l'épreuve bordelaise était particulièrement difficile cette année : « le plus dur de la saison, » confirme Jos Lansink, 3ème de l'épreuve (malchanceux sur le dernier obstacle du barrage) et sans doute le plus dur de l'histoire du Jumping de Bordeaux. On aurait pu reprocher au chef de piste ce dernier faux virage avant l'ultime verticale aux couleurs de la candidature de la Normandie aux Jeux Equestres Mondiaux de 2014. C'est cet obstacle qui a privé Meredith Michaels-Beerbaum de barrage. « Oui, mais sans cette difficulté, nous aurions eu cinq concurrents de plus dans ce barrage », se défend Frank Rothenberger. Et c'est vrai que le chiffre de huit barragistes était parfait. D'autant que deux Français s'étaient invités à la fête : Michel Robert - qui d'autre ? - avec Madame Pompadour et Kevin Staut avec Le Prestige St Lois. En face, un Suisse, Pius Schwitzer (Unique X), un Allemand, Marco Kutscher (Cornet Obolensky), un Finlandais, Mikael Forsten (et le cheval français Isaac du Joncquet), le Belge Champion du monde Jos Lansink (Valentina Van het Heike) et deux Hollandais, le tenant du « titre bordelais », Gerco Schröder (Milano) et donc Albert Zoer. On l'aura compris, la FEI Rolex World CupTM devait rester encore un des derniers bastions masculins du circuit !
Les Français fautèrent, le Suisse aussi, lui qui ouvrait le bal, même punition pour le Finlandais. Albert et Oki Doki signèrent le premier sans faute de ce tie-break : « Oui, mais je n'ai pas pu aller aussi vite que prévu, j'ai eu un problème de distance entre le double et l'oxer ce qui a ralenti ma marche. Mais visiblement, même si je n'ai pas pu suivre mon plan, cela a suffit. Alors sur ces parcours particulièrement difficiles, je suis surtout heureux d'avoir retrouvé mes sensations avec Oki Doki et d'avoir retrouvé un Oki Doki combattif avec son envie de gagner. Je ne me suis pas attardé sur mon accident, j'ai été déçu, mais je ne me suis pas lamenté. J'ai surtout pensé à me remettre en selle et regarder devant moi ! J'ai la chance d'avoir deux chevaux capables de gagner les plus grosses échéances ». Son temps de 36.57 semblait cependant insuffisant....
Comme le démontra son compatriote Gerco Schröder aussitôt après : 34.80, oui, mais avec une faute sur le dernier. Le champion d'Europe 2005, Marco Kutscher tenta lui aussi le diable et échoua pour 7 centièmes. Pas grave : « je suis content de Cornet Obolensky qui revient du haras après deux mois et demi de monte. Il est bien mieux que l'an dernier et sur ce parcours qui, comme l'a dit Jos, est sans doute le plus gros de la saison, il m'a fait vraiment très plaisir. C'est jusqu'alors le plus beau résultat de sa carrière ». Ce qui était également le cas de Valentina, la jument de Jos Lansink : « Elle s'est déclenchée lors de ces trois derniers mois. A Zurich elle est quatrième, ici elle est troisième, on peut dire qu'elle est en progrès non ? En même temps, je n'ai pas eu trop de chance sur le dernier obstacle ». Ce qui est un peu vrai d'autant que le champion du monde avait été le plus rapide de la soirée. Mais Albert méritait bien un Bordeaux : « C'est une victoire importante dans une carrière, Bordeaux fait partie des plus beaux et des plus anciens concours du circuit. »
L'étape française de la Rolex FEI World Cup TM s'est jouée à guichets fermés : 5.500 places. Les 500 places supplémentaires ont été aisément absorbées : le jumping, à ce niveau, est un sport populaire en Aquitaine.
Résultats complets :
http://events.scg-nl.nl/2009/bordeaux/results/006-act.htm

J. S.