Bordeaux : règle du jeu et enjeux
(en ligne le 05 février 2009) Bordeaux, seule étape française du circuit de la Coupe du monde FEI Rolex, est une halte importante pour l’élite mondiale du saut d’obstacles.Â
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Les meilleurs européens sont ce week-end en Aquitaine. Voici pourquoi :
Au-delà de la solidité de l’événement, qui fait partie du circuit depuis 1979 et incite les ténors à une certaine fidélité (le Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux est désormais « un classique » qu’il faut accrocher à son palmarès), l’enjeu de la Coupe du monde est également un argument de taille. Bordeaux est donc la dixième des treize qualificatives de la ligue européenne. Plus on se rapproche de la dernière qualificative (‘s-Hertogenbosch le 22 mars) et plus il est urgent de prendre des points. En général, il en faut plus de 40 pour pouvoir faire partie des 18 élus européens.
Les 22 autres qualifiés pour la finale de Las Vegas (15 au 19 avril) le seront « à petite dose » à travers quinze autres ligues réparties sur la planète. C’est dire si la ligue européenne, la seule parrainée par un sponsor, Rolex, est la plus coriace et la plus cotée. Les places pour la finale sont donc très chères et chacune des étapes est une rude bataille en soi. Voilà pourquoi l’épreuve bordelaise est l’un des plus beaux spectacles que le saut d’obstacles puisse offrir en France.
Bizarrement cette année, les points se sont beaucoup plus répartis qu’à l’habitude jusqu’à maintenant. « Virtuellement » seuls 6 ou 7 cavaliers peuvent être aujourd’hui sûrs de pouvoir faire le voyage à Las Vegas. Même Jessica Kuerten qui vient de remporter spectaculairement les deux plus récentes étapes – Leipzig, il y a trois semaines et Zurich il y a 15 jours – ne dispose « que » de ces 40 points (chaque victoire est rétribuée de 20 points), le minimum syndical pour être assuré de cette qualification. Quelques points supplémentaires glanés à Bordeaux pourraient s’avérer précieux pour entériner cette qualif. Elle a cependant choisi de laisser sa formidable Libertina, complice de ce récent doublé germano-suisse, pour seller Quibell à Bordeaux. Sa deuxième jument a sans doute un poil de génie en moins, mais elle aime cette piste de Bordeaux où elle avait prix la deuxième place de l’épreuve en 2005. En tête de ce classement de la Coupe du monde, l’Australienne Edwina Alexander, n°4 mondiale, n’a plus, avec 56 points, cette pression de la qualification. Ce qui explique pourquoi elle s’est permis de laisser son petit crack, Ithot du Château, au repos ce week-end.
Meredith Michaels-Beerbaum n’a pas, elle-aussi, ce souci de la qualification : tenante du titre décroché l’an dernier à Göteborg, en Suède, elle est automatiquement invitée à la défendre au Nevada au printemps. Elle est toutefois venue à Bordeaux avec son champion des grands jours, Shutterfly avec l’idée derrière la tête de devenir la première femme à faire tomber cette épreuve qui est l’une des dernières du circuit à résister aux assauts féminins !
Et de plus, un bon classement lui permettrait de récupérer « sa »place de n°1 mondiale qu’elle a provisoirement abandonnée le mois dernier au champion olympique Eric Lamaze.
Donc, tout est encore possible pour un bon nombre de cavaliers ne faisant pas encore partie des 18 virtuels qualifiés européens (cf. classement provisoire ci-dessous). C’est le cas du champion allemand – et récent papa - Ludger Beerbaum (25ème avec 19 points) sans qui une finale de Coupe du monde est impensable. Et lui aussi court après une victoire à Bordeaux.
Cela aurait pu être le cas des Français, un peu à la traine dans ce classement provisoire. Mais visiblement la Coupe du monde ne semble pas faire partie des priorités de l’équipe de France : les deux meilleurs tricolores de ce classement provisoire ne sont pas à Bordeaux ! Pourtant Nicolas Delmotte et Pénélope Leprévost avaient encore une chance sérieuse de se qualifier pour Las Vegas, mais le cheval du premier est un jeune étalon en quête d’expérience et une finale de Coupe du monde eût été un challenge trop ambitieux pour lui. Quant à Pénélope Leprévost, un brin déçue par le comportement de King Soliers à Nantes le week-end dernier, elle a préféré renoncer à venir en Aquitaine. 41ème avec 12 points, Timothée Anciaume est à Bordeaux et ses chances d’aller à Las Vegas sont encore bien réelles. Un exploit à Bordeaux pourrait sans doute réveiller une ambition qui n’est pas vraiment de mise au sein du club France comme le confirme le nouvel entraîneur national, Laurent Elias : « Non, la Coupe du monde n’est pas un objectif prioritaire cette année. Les cavaliers français ont déjà le regard tourné vers la saison en extérieur, mais si l’un d’eux devait réaliser un exploit sur le reste du circuit, nous aviserons. »
Quant au n°1 français et n°8 mondial, Michel Robert, qui avait brillamment gagné cette étape bordelaise il y a deux ans avec Galet d’Auzay, il est, lui-aussi, loin des préoccupations de cette Coupe du monde. Il n’a aucun point à son compteur et de toute façon : « je dois rendre Madame Pompadour à sa propriétaire dans deux semaines et donc ici je souhaite surtout faire une bonne performance pour finir en beauté. Elle est très en forme, elle saute bien. Après si je gagne ici et à Vigo on verra mais pour l’instant la finale de la Coupe du monde n’est pas inscrite au programme. »
On le voit, les enjeux varient d’un cavalier à l’autre, mais il est clair que tous ont envie de briller à Bordeaux. C’est pourquoi, il faut s’attendre à du très grand sport ce week-end dans le hall 3 de Bordeaux-Lac.
Classement provisoire de la Coupe du monde AVANT Bordeaux :
1) Edwina Alexander (AUS), 56
2) Steve Guerdat (SUI), 51
3) Gerco Schröder (NED), 47
4) Daniel Etter (SUI), 45
5) Marcus Ehning (GER), 44
6) Ludo Philippaerts (BEL), 41
7) Jessica Kürten (IRE), 40
8) Thomas Velin (DEN), 39
9) Ben Maher (GBR), 39
10) Geir Gulliksen (NOR), 39
11) Meredith Michaels-Beerbaum (GER), 35 (déjà qualifiée)
12) Max Kühner (GER), 34
13) Rutherford Latham (ESP), 33
14) Mikael Forsten (FIN), 33
15) Jos Lansink (BEL), 33
16) Helena Lundbäck (SWE), 30
17) Albert Zoer (NED), 30
18) Lars Nieberg (GER), 29
24) Nicolas Delmotte (FRA), 20
36) Pénélope Leprévost (FRA), 14
41) Timothée Anciaume (FRA), 12
52) Roger-Yves Bost (FRA), 9
55) Kevin Staut (FRA), 8
Au-delà de la solidité de l’événement, qui fait partie du circuit depuis 1979 et incite les ténors à une certaine fidélité (le Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux est désormais « un classique » qu’il faut accrocher à son palmarès), l’enjeu de la Coupe du monde est également un argument de taille. Bordeaux est donc la dixième des treize qualificatives de la ligue européenne. Plus on se rapproche de la dernière qualificative (‘s-Hertogenbosch le 22 mars) et plus il est urgent de prendre des points. En général, il en faut plus de 40 pour pouvoir faire partie des 18 élus européens.
Les 22 autres qualifiés pour la finale de Las Vegas (15 au 19 avril) le seront « à petite dose » à travers quinze autres ligues réparties sur la planète. C’est dire si la ligue européenne, la seule parrainée par un sponsor, Rolex, est la plus coriace et la plus cotée. Les places pour la finale sont donc très chères et chacune des étapes est une rude bataille en soi. Voilà pourquoi l’épreuve bordelaise est l’un des plus beaux spectacles que le saut d’obstacles puisse offrir en France.
Bizarrement cette année, les points se sont beaucoup plus répartis qu’à l’habitude jusqu’à maintenant. « Virtuellement » seuls 6 ou 7 cavaliers peuvent être aujourd’hui sûrs de pouvoir faire le voyage à Las Vegas. Même Jessica Kuerten qui vient de remporter spectaculairement les deux plus récentes étapes – Leipzig, il y a trois semaines et Zurich il y a 15 jours – ne dispose « que » de ces 40 points (chaque victoire est rétribuée de 20 points), le minimum syndical pour être assuré de cette qualification. Quelques points supplémentaires glanés à Bordeaux pourraient s’avérer précieux pour entériner cette qualif. Elle a cependant choisi de laisser sa formidable Libertina, complice de ce récent doublé germano-suisse, pour seller Quibell à Bordeaux. Sa deuxième jument a sans doute un poil de génie en moins, mais elle aime cette piste de Bordeaux où elle avait prix la deuxième place de l’épreuve en 2005. En tête de ce classement de la Coupe du monde, l’Australienne Edwina Alexander, n°4 mondiale, n’a plus, avec 56 points, cette pression de la qualification. Ce qui explique pourquoi elle s’est permis de laisser son petit crack, Ithot du Château, au repos ce week-end.
Meredith Michaels-Beerbaum n’a pas, elle-aussi, ce souci de la qualification : tenante du titre décroché l’an dernier à Göteborg, en Suède, elle est automatiquement invitée à la défendre au Nevada au printemps. Elle est toutefois venue à Bordeaux avec son champion des grands jours, Shutterfly avec l’idée derrière la tête de devenir la première femme à faire tomber cette épreuve qui est l’une des dernières du circuit à résister aux assauts féminins !
Et de plus, un bon classement lui permettrait de récupérer « sa »place de n°1 mondiale qu’elle a provisoirement abandonnée le mois dernier au champion olympique Eric Lamaze.
Donc, tout est encore possible pour un bon nombre de cavaliers ne faisant pas encore partie des 18 virtuels qualifiés européens (cf. classement provisoire ci-dessous). C’est le cas du champion allemand – et récent papa - Ludger Beerbaum (25ème avec 19 points) sans qui une finale de Coupe du monde est impensable. Et lui aussi court après une victoire à Bordeaux.
Cela aurait pu être le cas des Français, un peu à la traine dans ce classement provisoire. Mais visiblement la Coupe du monde ne semble pas faire partie des priorités de l’équipe de France : les deux meilleurs tricolores de ce classement provisoire ne sont pas à Bordeaux ! Pourtant Nicolas Delmotte et Pénélope Leprévost avaient encore une chance sérieuse de se qualifier pour Las Vegas, mais le cheval du premier est un jeune étalon en quête d’expérience et une finale de Coupe du monde eût été un challenge trop ambitieux pour lui. Quant à Pénélope Leprévost, un brin déçue par le comportement de King Soliers à Nantes le week-end dernier, elle a préféré renoncer à venir en Aquitaine. 41ème avec 12 points, Timothée Anciaume est à Bordeaux et ses chances d’aller à Las Vegas sont encore bien réelles. Un exploit à Bordeaux pourrait sans doute réveiller une ambition qui n’est pas vraiment de mise au sein du club France comme le confirme le nouvel entraîneur national, Laurent Elias : « Non, la Coupe du monde n’est pas un objectif prioritaire cette année. Les cavaliers français ont déjà le regard tourné vers la saison en extérieur, mais si l’un d’eux devait réaliser un exploit sur le reste du circuit, nous aviserons. »
Quant au n°1 français et n°8 mondial, Michel Robert, qui avait brillamment gagné cette étape bordelaise il y a deux ans avec Galet d’Auzay, il est, lui-aussi, loin des préoccupations de cette Coupe du monde. Il n’a aucun point à son compteur et de toute façon : « je dois rendre Madame Pompadour à sa propriétaire dans deux semaines et donc ici je souhaite surtout faire une bonne performance pour finir en beauté. Elle est très en forme, elle saute bien. Après si je gagne ici et à Vigo on verra mais pour l’instant la finale de la Coupe du monde n’est pas inscrite au programme. »
On le voit, les enjeux varient d’un cavalier à l’autre, mais il est clair que tous ont envie de briller à Bordeaux. C’est pourquoi, il faut s’attendre à du très grand sport ce week-end dans le hall 3 de Bordeaux-Lac.
Classement provisoire de la Coupe du monde AVANT Bordeaux :
1) Edwina Alexander (AUS), 56
2) Steve Guerdat (SUI), 51
3) Gerco Schröder (NED), 47
4) Daniel Etter (SUI), 45
5) Marcus Ehning (GER), 44
6) Ludo Philippaerts (BEL), 41
7) Jessica Kürten (IRE), 40
8) Thomas Velin (DEN), 39
9) Ben Maher (GBR), 39
10) Geir Gulliksen (NOR), 39
11) Meredith Michaels-Beerbaum (GER), 35 (déjà qualifiée)
12) Max Kühner (GER), 34
13) Rutherford Latham (ESP), 33
14) Mikael Forsten (FIN), 33
15) Jos Lansink (BEL), 33
16) Helena Lundbäck (SWE), 30
17) Albert Zoer (NED), 30
18) Lars Nieberg (GER), 29
24) Nicolas Delmotte (FRA), 20
36) Pénélope Leprévost (FRA), 14
41) Timothée Anciaume (FRA), 12
52) Roger-Yves Bost (FRA), 9
55) Kevin Staut (FRA), 8
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