Bruno Broucqsault maître du jeu
Equivallée ne pouvait rêver de meilleur baptême. Un plateau de choix, une météo superbe malgré des prévisions pessimistes, une ambiance résolument au beau fixe, un public sous le charme de ce nouveau site qui va prendre place parmi les tout premiers de l’hexagone. Michel Martinot - et beaucoup d’autres - en rêvait depuis 1992. Il leur a fallu de la patience, surmonter bien des déconvenues avant d’arriver à ce jour inaugural. C’est fait et c’est définitif. Le site est au cœur de la cité historique, visible, palpable, facilement abordable et sacrément osé. Bien mieux à sa place ici que de l’autre côté de la nationale, près de l’hippodrome. Il fallait oser interrompre la circulation pour faire traverser les chevaux. L’audace a payé et l’organisation a montré son efficacité. Quelques arbres ont été sacrifiés dans l’opération. Les Clunysois s’en sont émus au début des travaux. « Quelques jours après, ils ont tous applaudi » faisait remarquer Gaetan Montchovet, le président de Cluny Concours. La perspective nouvelle ouverte par les bâtisseurs les a tous conquis. Et nous avec.
Le Grand National a fait le plein de cavaliers, le plein d’émotions, le plein de nouveaux adeptes qui se sont promis de revenir. Ici, l’orange est la couleur du sable de Normandie Drainage et le vert, celle de l’environnement. Le sable fibré des nouvelles pistes manque un peu de rebond selon certains. Défaut de jeunesse sans doute. Il manque certes une tribune autour de la piste en herbe. Les dalles d’Ecoraster ont parfaitement rempli leur office sur les gradins de la butte au pied et autour de l’espace restauration. La circulation des chevaux autour des pistes demande quelques aménagements. Il fallait un événement de cette nature pour tester la fonctionnalité du lieu. Les imperfections sont mineures. La prochaine tranche de travaux verra la construction du manège olympique. En 2011, Cluny s’attaquera aux grands indoors et certainement sous peu aux internationaux.
Juniors : Nils Vilain au top
Marcel Delestre avait convié son « équipe de juniors au grand complet ici. Nils Vilain s’y est distingué, trustant victoires et classements avec Junior de la Cense (Night Fever du Don), Gun du Templier (Papillon Rouge), Melocoton de Nantuel (Dakar), Kama de Cresles (Rosire). Le jeune Bourguignon, récent vainqueur du GP de Jardy repart avec le challenge du meilleur junior du concours. Igor Kawiak/ABC Cri Cri et Raphaël Goehrs/Mistral de Ravalet ont montré leur talent dans le GP Pro Elite. Raphaël, au nombre des cinq barragistes, termine 5e et Igor, 6e. Preuve, sans doute, parmi d’autres, des bienfaits du sport-étude destiné au haut niveau initié par Eric Goehrs au haras de Louravi.
Jean-Michel Martinot signe deux belles victoires à domicile, l’une samedi avec Criuse Town dans le prix Groupama, l’autre le lendemain dans le GP des aliments Lagrost avec Krishna Merzé. Nils Candon, un autre junior le suit à la seconde place avec Sacharov Van Helle (Sioux de Baugy) juste devant Jean-Luc Mourier, 3e et 4e avec Lavande d’Aix ‘Darco) et Jefferson (Cap de B’neville). Soulignons encore la victoire du Lorrain Loïc Astahoff avec sa bonne Jessy Gesmeray dans le GP Pro 1 du Conseil général.
Very Nice de Prissey
Clou de la réunion, le GP Pro Elite rassemblait cinquante partants. Eric Navet montait Hym d’Isigny et Re Cacique, Bruno Broucqsault, Nice de Prissey et Nervoso. Les quatre étalons vont se retrouver au classement. Les sans-fautes du premier tour ne furent pas nombreux : six. Cinq disputeront le barrage puisqu’Igor Kawiak fut pénalisé d’un demi point de temps dépassé. Très intelligent ce tour monté par Jean-Paul Lepetit. Bruno Broucqsault et Nice de Prissey n’ont pas raté le rendez-vous avec la victoire, assurant le sans-faute le plus rapide. Nice (Rosire-Amarpour), propre frère d’Idéal de Prissey appartient toujours à sa naisseuse, Marie-Thérèse Loichet. Il est confié à Bruno depuis un an. C’est un des premiers GP que l’étalon de 8 ans gagne sur ses terres. Le second étalon du nordiste, Nervoso (Le Tot-Galoubet) né chez Bruno Chassaing, pénalisé de 4 pts, se retrouve lui aussi au classement à la 10e place. La seconde place revient à Pauline Guignery/Vinca Major, coachée par Bruno Broucqsault. Eric Navet/Hym d’Isigny occupent la 3e marche du podium.
Le cavalier nordiste a dit tout le bien qu’il pensait de ce site équestre qu’il foulait pour la première fois. Il a aussi remercié la FFE d’avoir mis en place et doté ce circuit Grand National, novateur et formateur pour le haut niveau.
Etienne Robert
Qu’elle était belle ma vallée
De la belle ouvrage. Cluny était parée de ses plus beaux atours : Equivallée fut une vraie fête du cheval
La magie de Cluny est là , et les acteurs du projet y ont toujours cru : un site historique classé, que ce soit le site des Haras, majestueux bâtiment aux lignes classiques, vieux de plus de 200 ans, l’abbaye construite en 910, et au milieu, nichées au cœur de ses collines boisées, les ruelles au charme moyenâgeux du village. Perdez-vous à Cluny, vous reviendrez toujours au site du haras et de la carrière en herbe. Les lieux l’attestent : jamais symbiose plus grande ne s’est créée entre une ville et son haras. Mais Cluny ne comptait qu’une piste en herbe. Le lieu était convivial ô combien, mais à l’étroit. Equivallée a voulu lui donner une ampleur de premier ordre, au service de tous les acteurs de la filière cheval.
Le Conseil général de Saône et Loire, comme nous le confirme Arnaud Montebourg, son président, et Jean-Luc Fonteray, conseiller général du canton de Cluny, l’ont compris : s’ils ont décidé de «porter» Equivallée» (10 millions d’euros en tout) c’est que cette idée, soutenue par les associations de Saône et Loire, a rencontré l’intérêt de la ville: : «J’ai découvert un monde très diversifié, et ce projet résume les besoins de tous ces acteurs», résume Arnaud Montebourg, «C’est le projet de Cluny, premier point d’entrée touristique du territoire, mais aussi un lieu idéal pour le renforcement de la filière équine en Saône et Loire. «
Bref, Equivallée, initiée par plusieurs associations de bénévoles que les «habitués « de Cluny connaissent bien, et les Haras Nationaux, ont su rencontrer les intérêts du développement touristique et culturel de la région, grâce à la ville de Cluny, et le Conseil régional. Chapeau bas.
Ses détracteurs pourront proférer leurs critiques, une chose est certaine : l’espace a été exploité de façon harmonieuse, au pied de la tour ronde de l’enceinte de la vieille ville, et a mis en valeur dans un équilibre de perspective saisissant la majesté du site, et l’espace dédié au sport. L’articulation des carrières et la circulation des chevaux balisée est bien pensée. La butte entre les deux carrières permet à tous de se restaurer tout en suivant les épreuves. L’architecte, Claude Penloup, nous retrace les difficultés du projet : «Nous ne pouvions échapper aux contraintes des responsables des monuments historiques. Je ne pense pas que nous aurions pu profiter davantage des possibilités des lieux.».
Et après ?
Lors de la conférence de presse, rassemblant autour de Marcel Delestre et Eric Navet, de jeunes cavaliers un peu intimidés, nous en avons appris davantage sur la deuxième tranche de travaux et les perspectives du centre. La construction d’un manège, comprenant une piste de 70x35m, permettra d’organiser des concours en hiver. L’hippodrome tout proche s’ouvrira aux disciplines extérieures : TREC, courses, cross, endurance. De même que la carrière en sable «tous temps» accueillera les concours d’attelage. Des boxes en dur compléteront le tableau. Cette deuxième tranche débutera en 2010 et devrait être terminée fin 2011.
Les perspectives ? Une montée en puissance au niveau des concours, du haut niveau aux concours amateurs, en toute saison.
Et puis, des projets éducatifs : création d’une formation de groom de haut niveau (unique en France). Information importante : le 18 juin se dérouleront au centre équestre départemental les sélections des candidats à la rentrée 2009 de la nouvelle Section Sportive Scolaire Opérationnelle au Lycée La Prat’s à Cluny.
Carine Robert
Potins gouleyants
Arnaud Montebourg est arrivé plus tôt que prévu, jetant une belle pagaille dans son staff. Il était accompagné de ses enfants, qui se sont bien amusés. M. Montebourg est donc resté au Grand Prix. Il y en avait pour dire que le costume n’était pas obligatoire sur une telle manifestation, M. le président…
Les cavaliers se plaignaient encore l’an dernier de la promiscuité des boxes. Cette année ils regrettent le côté « familial » et « consensuel » d’antan. Il faudrait savoir, non ?
Les toilettes « écologiques » où la sciure de bois remplaçait l’eau ont été appréciées de tous; les enfants ont fait du tas de sciure leur terrain de jeux favori.
Grogne de beaucoup parce qu’il manquait des chaises. Mais, mesdames messieurs, si vous aviez posé votre popotin sur les gradins en bois comme tout le monde au lieu de percher vos chaises sur les mêmes gradins, peut-être que tous auraient pu boire leur « Pulligny Montrachet » (excellent du reste) ou manger assis ?
L’orage a menacé le dimanche après-midi; il n’a pas réussi à gâcher la fête, ni le barrage du GP. Notre cher glacier morvandiau était assailli de toutes parts.
Les professionnels étaient là . La file d’attente des gourmands permit à beaucoup de découvrir le quad et les herses de carrière de la sympathique écurie Gauthier rhône-alpine (cdrgauthier.com). Alain Gimet d’Equi’Num est intarissable sur l’intérêt de caméras dans vos écuries, non pour surveiller vos grooms (voyons !), mais pour que papy mamy voient les progrès de la petite, ou que les propriétaires puissent voir leur cheval en pension où qu’ils soient dans le monde (Equinum.fr). Nous avons aussi pu découvrir le massage vibratoire du système de physiothérapie grâce à Thierry Burnier (massage-horse.com).
Le commercial du bottier Alexandre est parti fâché; la crise a peut-être donné envie à ceux qui rechignaient à cirer davantage leurs bottes, de se passer d’achat cette année ?
Les avis de tous ont été sollicités dans un «livre blanc» au stand d’accueil. Les organisateurs voulaient connaître les choses à améliorer, conscients que « vous allez vous approprier le terrain en même temps que nous «. Dimanche soir il y avait 5 avis dans le livre, tous positifs.
Pourtant les mines des crayons étaient bien taillées.
Carine Robert
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