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Butet : l’histoire d’une transmission atypique

Frédéric Butet, créateur des selles qui portent son nom a cédé son affaire saumuroise en 2010. Les repreneurs, Olivier Perdrix et Arnaud Lièvre, deux néophytes en matière de selles, ont tout appris très vite de Butet, un nom devenu une marque, un label d’excellence et de savoir-faire. Photo 1 sur 4

Frédéric Butet est à la selle ce que les grands couturiers sont à l’art vestimentaire. La mode n’est alors qu’un avatar heureux né d’un raffinement d’esthètes partagé. Butet a fait de son instinct pour l’habillage du dos du cheval, pour son confort et celui de son cavalier, un art transmis à la postérité.

Si Frédéric Butet n’est plus physiquement présent à l’atelier saumurois, l’esprit demeure, véhiculé par la quarantaine de compagnons et petites mains qui imaginent, ajustent, découpent, assemblent, piquent et cousent les pièces d’un puzzle qui fleure bon le cuir. Il y a de la magie dans cet atelier avec ces virtuoses des  mains que sont les selliers. On est ici dans l’artisanat pur. Tout est fait sur-mesures, personnalisé. Aucune selle ne ressemble à une autre. Si les différences n’apparaissent pas à l’oeil peu averti des subtilités qui distinguent un produit d’un autre, les cavaliers eux, les détectent immédiatement. Et si les chevaux pouvaient parler....

Le réseau Butet qui part des besoins du terrain pour aller vers ce bel objet qui gaîne le dos du cheval et s’adapte parfaitement à la morphologie et à l’équitation du cavalier, fonctionne comme une horloge.

Une rencontre 

L’histoire de la transmission de la maison Butet n’est pas banale. Fédéric était à la recherche  de l’oiseau rare, pas de son propre clone. La rencontre s’est faite fortuitement. Olivier et Arnaud, experts chacun dans leur domaine, l’un dans l’industrie cosmétique de luxe, l’autre dans le marketing commercial, associés et co-dirigeants d’une entreprise de fourniture industrielle créée en 2003 envisageaient de continuer leur aventure commune en reprenant une nouvelle société. Le hasard leur a fait croiser la route de Frédéric Butet. Au delà du fait que la compagnie correspondait précisément à leurs cahiers des charges respectifs,  le courant est passé. Les deux candidats à la reprise ne connaissait rien au milieu. En revanche, ils étaient animés par la passion de l’entrepreneuriat et avaient des idées pour le développement commercial. La transmission de la culture de la selle s’est faite progressivement avec à leur côté le « guide Â» qui petit à petit s’apprête à lâcher les rênes. Aujourd’hui les deux chefs d’entreprise sont à l’aise dans le métier, soutenus par les professionnels de l’équipe Butet. Olivier s’est pris de passion pour la technique de l’arçon qu’il entend faire évoluer avec des matériaux tels le titane, le carbone, le kevlar et une mousse issue de l’aéronautique pour développer sa propre production. « Le choix des matériaux, dit-il tout en simulant des configurations sur son ordinateur, est un des piliers essentiels de notre savoir-faire. Nous cherchons la qualité dans les composants, dans la fabrication et les services. Nous ne fabriquons pas des selles mais LA selle de chacun de nos cavaliers. Nous voulons une selle qui colle au dos du cheval, en statique comme en dynamique, confortable pour le cavalier tout en apportant au couple une performance technique et sportive optimale. Les cuirs sont tous d’excellente qualité, tannés végétalement et exemptés de défauts par un rejet de 30 à 40 % de la matière totalement achetée. Les coloris sont assortis et de plus en plus nous cherchons des associations de couleurs. Les peaux de vaches, de veaux et de taurillons sont les plus prisés Â».

Le domaine d’Arnaud est celui du marketing et du développement commercial. Â« La marque Butet est très bien positionnée sur le marché national et international. Aujourd’hui, la priorité est de maintenir nos positions de leader mondial en développant des volumes additionnels sur de nouveaux pays cibles et sur des disciplines, telle que le dressage, où notre image est à créer. Nous avons beaucoup de demandes de l’étranger. Nos ventes progressent régulièrement pour atteindre 2200 selles en 2012. Cinq commerciaux sont au contact de la clientèle en France,  un autre s’occupe de l’export et des distributeurs à l’ étranger et une filiale est ouverte  au Canada. Nous sommes 40 à l’atelier et toutes les décisions sont prises à 3 dans une confiance absolue Â».

Entreprise du patrimoine vivant, Butet qui a reçu en 2011 le prix de l’espoir de l’économie locale, est en plein développement technologique Â« mais, précisent les deux entrepreneurs, sans toucher aux fondamentaux Butet Â». De belles innovations vont bientôt sortir de cet atelier lumineux construit en plein champ face à l’école nationale d’équitation à Saumur.

Etienne Robert

30/05/2013

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