Cannes : Marcus Ehning, le come-back
48 cavaliers au départ, les meilleurs mondiaux à l’exception du champion olympique Steve Guerdat et de Bosty (lire ci-contre) se sont élancés à la conquête du difficile parcours dessiné par Uliano Vezzani. On le sait le chef de piste italien, dont les cavaliers apprécient particulièrement le travail, livre toujours des tracés techniques, des subtilités de contrats de foulées et de cotes souvent maximum. Et durant la reconnaissance, la consigne du sélectionneur Philippe Gerdat aux huit cavaliers français engagés était claire : « Il faut du rythme ».
Juge de paix, la ligne spa/double avec entrée sur un vertical et sortie sur un large oxer a largement joué son rôle, sanctionnant les chevaux pas assez rapides dans leur geste des antérieurs et ceux qui manquaient d’amplitude pour couvrir l’oxer. De même le triple avec son entrée en sortie de courbe a piégé plus d’un couple.
Seuls 8 couples trouvent la solution en première manche et réalisent les parcours parfaits. Parmi eux Pénélope Leprévost et Nayana, Christian Alhmann et Codex One, Athina Onassis de Miranda et sa nouvelle jument Camille Z, Meredith Michaels-Beerbaum et sa Bella Dona toujours aussi fiable et la sensation du concours, le cheval qui a suscité le plus grands nombre de superlatifs en terre cannoises, Pablo de Virton, hongre de 10 ans par Kashmir, monté par la suissesse Jane Richard-Philips. Kévin Staut et Estoy Aqui de Muze HDC et Simon Delestre sur Valentino Velvet jouent la prudence et sortent de piste à 1 point de temps dépassé, se qualifiant du même coup pour la 2e manche. Patrice Delaveau avec son 4 points rapide sur Orient Express se qualifie également. Cela ne passe pas par contre pour Jérôme Hurel (4 points), Michel Hécard (4 points) pas assez rapide et Julien Epaillard (5points) malgré la superbe impression de facilité et de sérénité qu’a donné son jeune Cristallo A sur la piste, laissant présager le meilleur pour ce fils de Casall.
8 sans-faute, 3 couples à 1 pt et 7 à 4 pts en 2e manche
En deuxième manche, les forces en présence s’affirment et d’autres craquent. Kévin Staut et la jeune Estoy peu encore habituée à ce niveau faiblit sur ce 2e parcours et sort à 12 points, se classant 17e. Pénélope et Nayana font une barre se classant 12e, idem pour Patrice Delaveau qui termine 15e. C’est Simon Delestre qui réussira le mieux, sortant sans-faute en 2e manche, il prend la 7e place à seulement 1 point. Au final seuls, cinq couples seront double sans-faute et disputeront un barrage : deux Allemands Marcus Ehning et Meredith Michaels-Beerbaum, une Suissesse, Jane Richard Philips, un Néerlandais Maikel Van der Vleuten et un Britannique William Funnell. Et au petit jeu des trajectoires parfaites, Marcus Ehning a rappelé quel pilote il était. Après les deux tours sans difficulté, Plot Blue, l’étalon de 16 ans toujours frais appliqué déroule un barrage fluide et aérien sous les ordres aussi discrets qu’efficaces de son cavalier. Il boucle leur tour en 36’’22, devançant un très tonique et impressionnant Billy Congo, l’étalon de 12 ans de William Funnell qui boucle en 37’’33. Très belle 3e place pour Maikel Van Der Vleuten qui s’affirme définitivement comme un pilier pour sa nation et sort sans-faute avec Verdi en 37’’47. Les deux dernières barragistes, les deux amazones Michaels-Beerbaum et Richard-Philips bouclent également un triple sans-faute, et se classent 4e et 5e réaffirmant le talent et la fiabilité de leurs deux jeunes montures de 10 ans.
Cannes a donc offert une magnifique victoire au pilote allemand qui n’avait pas gagné sur ce circuit depuis trois ans. Après ce trop long silence, l’artiste a parlé.
Stéphanie Augé
Les classements
1. Marcus Ehning (ALL)/Plot Blue (0/0/0 36’’22)
2. William Funnell (G-B)/Billy Congo (0/0/0 37’’33)
3. Maikel van der Vleuten (P-B)/VDL Groep Verdi (0/0/0 37’’47)
4. Meredith Michaels-Beerbaum (ALL)/Bella Donna 66 (0/0/0 39’’)
5. Jane Richard-Phillips (SUI)/Pablo de Virton (0/0/0 39’’77)
6. Rolf-Göran Bengtsson (SUÈ)/Casall Ask (1/0 72’’51)
7. Simon Delestre (FRA)/Valentino Velvet (1/0 76’’77)
8. Scott Brash (G-B)/Ursula XII (4/0 65’’22)
9. Denis Lynch (IRL)/All Star 5 (4/0 65’’78)
10. Laura Kraut (É-U)/Jubilée d’Ouilly (4/0 66’’07)
…
12. Pénélope Leprevost (FRA)/Nayana (0/4 69’’93)
15. Patrice Delaveau (FRA)/Orient Express*HDC (4/4 64’’38)
17. Kevin Staut (FRA)/Estoy Aqui de Muze*HDC (1/12)
23. Jérôme Hurel (FRA)/Ohm de Ponthual (4 78’’15 )
25. Michel Hécart (FRA)/Piman de la Devinière (4 79’’75)
27. Julien Épaillard (FRA)/Cristallo A*LM (5 81’’28)
37. Philippe Rozier (FRA)/Balou’s Erbe (9 82’’75)
Michel Robert/Nénuphar’Jac abandon
Les étoiles montantes de Cannes !
Comme chaque année, le Stade des Hespérides accueillait de nombreuses stars dans ses loges mais aussi, et de plus en plus, sur la piste de son CSI invitationnal.
Outre Guillaume Canet, ou encore Ekatarina Ribolovleva, la fille du milliardaire russe et nouveau propriétaire de l’AS Monaco, la Croisette accueillait deux cavalière grecques, chacune fille de grands armateurs : Athina Onassis de Miranda et Electra Niarchos.
Mariée au cavalier brésilien Alvaro de Miranda, Athina est maintenant présentée comme une sportive à part entière au vu de ses performances et de sa progression ces derniers mois. Après de nombreuses années de formation chez le grand argentier du Global Champions Tour Jan Tops, le couple avait décidé cet hiver de prendre son envol auprès de l’ancien cavalier et sélectionneur des USA, Georges Morris. Un choix payant puisqu’Athina prenait la 3e place du Grand Prix Coupe du Monde de Wellington tandis que son mari l’emportait.
La Grecque aura encore fait étalage de sa progression sur la Croisette avec AD Camille Z malgré une faute sur le dernier obstacle de la deuxième manche du Longines Global Champions Tour Grand Prix de Cannes
Des nouvelles de Nippon d’Elle
C’est un Bosty décontracté qui a assisté au GP côté tribunes. « Myrtille a été exceptionnelle hier. Elle gagne le petit GP et m’a tout donné comme toujours alors je ne l’a fait pas courir le GP. Deux manches plus un éventuel barrage ce serait trop. » Quand on lui demande des nouvelles de son étalon Nippon, le pilote français, qui affiche toujours une lèvre endolorie par le coup d’encolure de sa jument, répond avec honnêteté et simplicité. « Ça m’embête beaucoup ce qui s’est passé à Rome » (Nippon avait par deux fois refusé de franchir le triple, entraînant l’élimination du couple). « Je pense que ça a commencé à Hambourg en mai. Le terrain était très glissant et difficile. Nippon est sans-faute dans le GP mais ça lui a demandé de gros efforts et perturbé ses appuis. Il s’est fait peur. Du coup à Rome, il n’a plus voulu faire l’effort d’autant que je n’ai pas abordé le triple comme il aurait fallu…Bref, c’est un vrai étalon. On travaille à le remettre en confiance mais je ne pense pas que nous soyons à Aix-la-Chapelle pour la Coupe des Nations. »
Murmures
C’est le bruit de paddock du week-end, l’avenir de London, cheval vice-champion olympique à Londres et vainqueur de l’édition 2012 du Grand Prix de Cannes avec son cavalier Gerco Schröder. Il semblerait que le bel alezan intéresse fortement l’ukrainien Victor Onishchenko à moins que ce ne soit Paul Schockemöhle…Une vente qui serait une grosse perte pour le cavalier néerlandais. Inquiétude, émotion…Dans le GP, ils se classent seulement 18e, London refusant étonnamment devant le triple en seconde manche. À suivre donc le prochain épisode de la saga London, un an après que les difficultés de l’écurie Eurocommerce ont déjà failli briser le couple après ses deux médailles d’argent aux J.O. L’étalon de 11 ans est en tout cas un cheval très convoité.
Richard Corde est accrédité par la Fédération Internationale d’équitation (FEI) et exerce à Grosbois dans la région parisienne à la clinique vétérinaire équine qui compte huit vétérinaires, et dont l’Art chirurgical surfe sur l’élite européenne (comprendre qu’un gros déficit a été comblé avec les confrères allemands). « Je regrette de ne pas voir plus souvent les cavaliers à la présentation faite par les grooms », dit Richard.
Dans l’enveloppe on retrouve toutes les coordonnées confidentielles du cheval mais aussi son parcours de « bobologie » pendant le concours, c’est le rôle du Dr Chiara Zocatelli, italienne de la Clinica veterinaria della Brugheria venue d’Italie, de Varese à 4 heures de Cannes « Sur un plan global on connaît tous les chevaux, et sur le site du jumping j’ai eu affaire à des cas d’allergie cutanée due au sable généralement et dû faire face à des cas de déshydratation après l’effort. »
L’enveloppe contient pour une dizaine de chevaux les prélèvements réalisés dans le cadre du MCP (medical control programme) de dépistage de substances médicamenteuses réalisées positives ou négatives in situ par le Dr Jacques Nardin vétérinaire dans le Var : « Mon travail s’assimile à celui de prévention du risque vétérinaire, un peu comme le ferait un gendarme avec un radar mobile pour lutter de manière aléatoire contre les vitesses excessives, commente t-il, et les résultats seront communiqués dans les trois semaines à la FEI ».
Sur un plan sportif les coordonnées statistiques sont fournies par les vétérinaires … « Il faudrait publier ces chiffres, ce serait une première dans les concours hippiques, dit Roger-Yves Bost et je souhaite que RB Presse, autorité de communication du Jumping, poursuive cette initiative en les diffusant sur d’autres jumpings ». Enfin l’enveloppe garde un secret magique car une d’entre elles contient aussi le nom du cheval gagnant sans que le mistral ne soit venu perturber ce formidable rendez-vous populaire cannois.
Dr Patrick N. Guiderdoni
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