Championnat de France : Fontainebleau c’est fini
« La principale raison de cette désaffection, explique Thiérry Pomel, c’est déjà ce terrain en herbe qui pose problème pour beaucoup de cavaliers, parce que, oui c’est sur herbe et c’est un risque. Le terrain de Fontainebleau a pris une mauvaise réputation malheureusement parce qu’il est très sollicité, et à mon goût trop sollicité. Il n’y a pas un terrain en herbe dans le monde qui est autant utilisé. Sachant que c’est historiquement un terrain sablonneux, on imagine aisément la difficulté de l’entretien.
La deuxième raison c’est qu’il y a un calendrier international, des compétitions de niveaux 4*, 5* qui aujourd’hui est très important, et c’est sûr que les cavaliers qui peuvent aller gagner 100 000 € le week-end d’avant, 100 000 € le week-end d’après, voir le même week-end, ils font leur travail.
Il y a d’autres raisons aussi pour lesquelles ce championnat est déserté. Les cavaliers qui ne disposent pas d’un énorme piquet préfèrent protéger leur cheval pour ces compétitions où il y a de l’argent à gagner. C’en est une.
On a tiré un bilan de tout ça. La première chose qu’il va falloir régler c’est le sol, donc il est clair que l’année prochaine le championnat de France se déroulera sur le sable. On ne peut pas encore décider de l’endroit, on réfléchit, il va y avoir bien sûr des échanges. Je ne serais pas le seul à en décider ».
L’édition 2020 pourrait-elle organisée à Lamotte Beuvron ?
« Peut-être Lamotte. Très honnêtement à l’heure qu’il est, nous n’avons absolument pas d’idée particulière sur le lieu. Il faut trouver le meilleur endroit, ça c’est une chose. Et là on ne pourra plus nous reprocher d’avoir un mauvais sol puisque de toute façon quelque soit le temps les conditions resteront bonnes.
La deuxième chose, c’est de déplacer impérativement la date. On voit que cette date au mois de juin se trouve prise en sandwich entre différents et nombreux concours très, très intéressants pour les cavaliers. Normalement, ce championnat devrait revenir fin du mois d’avril, plus tôt en début d’année. Aujourd’hui il n’y a plus d’inter-saison de toute façon, donc on ne peut pas dire que les chevaux ne seront pas prêts puisqu’ils ont déjà attaqué en indoor et sont dans le coup ».
N’est-ce pas aussi une question de dotation ?
« C’est un faux problème. Je dirai qu’il ne faut pas faire un amalgame entre les concours super dotés sur la planète équestre et le championnat de France. Un championnat, quel qu’il soit, d’Europe, du monde ou des J.O. les cavaliers y vont, ce n’est pas une histoire d’argent. Jamais je n’aurais raté un championnat. Ce que je souhaite c’est que nos meilleurs cavaliers, et pour ne pas dire tous les cavaliers, viennent participer à ces championnats de France, que les meilleurs, les têtes de liste ne viennent pas forcément avec leur cheval de tête, mais avec un deuxième, voire un troisième cheval, pour lui donner du métier. Il faut vraiment refédérer toute cette compétition. Moi je veux toujours défendre les cavaliers. Cette année d’un commun accord avec la DTN Sophie Dubourg, nous avons laissé les cavaliers partir à l’étranger parce que de toute façon ils ne seraient pas venus participer aux championnats de France. Donc empêcher les cavaliers de faire leur travail, ça ne me semblait absolument pas quelque chose d’intelligent. On n’est pas là pour empêcher les cavaliers. Simplement, aujourd’hui, il est clair qu’il faut leur redonner cette envie, cette motivation, pour venir participer à ce championnat. Je n’en aurais jamais raté un. »
La grande tribune était bien vide durant ce championnat. Dimanche après-midi, pour les finales Pro Elite, elle s’est garnie en partie alors qu’il y avait un public relativement nombreux mais partagé entre le terrain en herbe et les pistes annexes où de multiples concours se déroulaient. Thierry Pomel qui a été champion de France en 1998 avec Thor des Chaines, veut mettre fin à cet éparpillement des spectateurs et des accompagnateurs et préconise que seul, comme par le passé, le championnat fixe l’attention de tout le monde.
A la question de savoir dans quel état d’esprit se trouve l’équipe de France qu’il manage, il affirme haut et fort son optimisme.
« Je dirai que jusqu’alors tout va très bien. Nos trois précédents CSIO Super League ont montré que les résultats étaient là, que les cavaliers étaient dans le coup, qu’ils sont motivés. Je le dis en tout cas depuis que j’ai pris ce poste, je suis optimiste pour l’avenir. Je suis optimiste parce que je vois de nouveaux couples qui sont entrain de se faire, que nos cavaliers les plus expérimentés sont entrain de refaire des piquets. On sait qu’après Rio ça a été la fin d’un cycle, et notre sport fonctionne comme ça, par cycles, autant pour les cavaliers que pour les chevaux. Tout cela se renouvelle. Il y a un gros enjeu. Mon objectif de l’année bien évidemment, c’est cette qualification qu’il faut aller chercher d’une part aux championnats d’Europe ou d’autre part à la finale des Coupes des Nations à Barcelone. J’y crois, je ne veux pas dire que je suis confiant, ce serait mentir, mais en tout cas je crois vraiment en quelque chose parce que je vois évoluer les cavaliers avec beaucoup de motivation, de détermination, et dans un super état d’esprit. Un état d’esprit qui est sportif, où on veut quelque chose on se bat sur la piste, on va chercher les résultats. Il y a aussi beaucoup de très, très beaux résultats en individuel sur des victoires dans les Grands Prix 3*, 4*, 5*, donc ça c’est aussi très positif. On vogue là dessus. Moi je veux absolument entretenir ça. On voit que les plus anciens conseillent les plus jeunes sur les reconnaissances de parcours lors des CSIO, il y a beaucoup d’échanges et ça, ça me semble être vraiment la conduite qu’il faut avoir pour aller vers le succès ».
E. R.
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