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Chevaux au jour le jour

Textes choisis par Jean-Louis Gouraud Photographies de Gabrielle BoiselleQuel ouvrage ! Il nous emmène dans un voyage poétique et rare, tout au long des 365 jours de l’année, fascinant calendrier tout à la beauté du cheval. Gabrielle Boiselle, Photo 1 sur 1
célèbre photographe allemande, sublime « la principale beauté du cheval : son mouvement », depuis 1984. Ici, elle a choisi 400 photos de chevaux en pleine liberté, qu’ils soient frisons, welsh, fjord, criollo, percheron, photographiés aux quatre coins de la planète. Ressortent de ces photos l’éclatante luminosité, la force, l’élégance pure de cet animal hors présence de l’homme. A chaque photo correspond un texte, une fable, un poème, des proverbes parfois, venus de toutes les époques et de tous lieux, mais de 365 sources et auteurs différents, choisis par Jean-Louis Gouraud. Mais laissons-le parler : « Poésie ? Le mot est lâché. On sait depuis longtemps que le cheval et la poésie ont partie liée; c’est Pégase, le cheval ailé, qui fit jaillir un jour, d’un simple coup de sabot, Hippocrène (« la fontaine du cheval »), source de toute poésie, où les muses aimaient venir se désaltérer. »

Le ton est donné. Ce livre étonnant est un voyage précieux, infiniment profond, au pays du cheval; regardons, écoutons. Les voix sont si troublantes, les images si fortes.

Extraits choisis : « Je pensais (…) aux grands yeux des chevaux débordants de cet éclat humide qu’ont les yeux de femmes, quand le plaisir ou la pitié les illumine » (Curzio Malaparte, Kaputt, 1946). Ou encore : « Un je-ne-sais-quoi de fluide et de ferme tout à la fois : le tremblement des muscles sous la sueur écumante faisait penser à la mobilité des sources soudaines; mais les tendons s’adaptaient à son ossature comme les cordes aux fûts des arbalètes. De la ganache aux boulets, de l’épaule à la hanche, de la pointe du poitrail à la naissance de la queue, la bête tout entière n’était qu’une oeuvre d’un style encore plus concis que le relief de la métope attique. Mais une telle sévérité de forme n’était destinée qu’à maîtriser l’exubérance de la vie. Dan les naseaux et dans les yeux, les esprits du sang brûlaient avec la force du feu qui apparaît par les interstices du four à fonte. » (Gabriele D’Annunzio, Envoi à la France, 1922).

Ouvrage unique dans sa beauté, audacieux, ne passez pas à côté. Vous y retrouverez de ces émotions parfois enfouies, quand nous étions petits et que marcher pieds nus dans l’eau d’une rivière sous les frondaisons obscures nous procurait des émotions nues et brutes. Quand nous étions cheval.

Carine Robert

Editions de La Martinière - 400 photographies - 504 pages - 29,90 €

01/04/2010

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