Conterno Grande : les privés montent au créneau
La pertinence de l’acquisition de Conterno Grande par les HN, son prix et son lieu de ‘‘résidence’’ (Rosière-aux-Salines) nourrissent la colère des privés.Deux nouvelles dans les rapports entre les HN et les étalonniers privés.
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Une bonne, concernant la distribution de la semence, illustrée par cette métaphore : « Il s’agit de détourner les rails des réseaux de transport des HN pour desservir de nouvelles gares privées ». Une opération-pilote est menée dans le Grand Ouest en partenariat avec l’Asep et la Fadeteq.
La mauvaise, c’est l’achat de Conterno Grande. Ce n’est pas la qualité de l’étalon allemand qui nourrit la colère des privés, mais la pertinence de cette acquisition, son prix et son lieu de ‘‘résidence’’, Rosières-aux-Salines, que d’aucuns considèrent comme une provocation. C’est en effet la zone d’influence de Michel Guiot qui distribue l’étalon en congelé. Le sang de l’étalonnier des Ardennes n’a fait qu’un tour à l’annonce de cet achat et de son prix : 330 000 €. « J’étais sur le point de finaliser cet achat autour de 80 000 €. Quel gaspillage d’argent public ! Quel intérêt pour les éleveurs dans cette affaire puisqu’il le prix de saillie est le même que celui que je propose ? Tout le monde savait que j’allais acheter ce cheval dont je suis la carrière depuis cinq ans. C’est un mauvais coup porté à l’étalonnage privé et cela avec de l’argent public. C’est inadmissible et irresponsable. Nous allons le faire savoir en haut lieu. Nous nous battrons ».
Michel Guiot gênerait-il ? Il connaît une réussite certaine dans l’élevage (les premières places à Saint-Lô deux années consécutives), a fait un tabac avec Opium de Talma à 4 ans et s’est battu pour conserver la station de Buzancy, délaissée par les HN, qui fonctionne à la satisfaction des usagers. « Je ne suis pas qu’étalonnier. Quand je crois à un cheval, j’y mets mes juments et je suis capable de montrer ses produits. Les HN sont incapables de faire cela ».
Jean-Marie Charlot, le président de l’ARDCP, est aussi dans la ligne de mire du vétérinaire-éleveur. « Je suis responsable de la commission étalonnage à l’ARDCP et nous n’avons jamais parlé de ce cheval. C’est tout de même étonnant ».
« Tempête dans un verre d’eau, réplique l’avocat. Nous avons proposé, à la demande des éleveurs, une liste d’étalons aux Haras nationaux. Il y avait entre autres Lord Z que nous avons vu lors de notre voyage en Hollande. Les HN ont choisi. Nous n’y pouvons rien ».
BDSP : « Rentabilisé en trois ans »
Patron de l’étalonnage public, Bernard Dumont St Priest nous a donné sa version des faits
Pourquoi cet achat ?
Il y a deux raisons. La dernière vague d’achat d’étalons étrangers remonte à 2000-2001 avec, entre autres, Damiro B, Lord Calando, Airborne. Il y en avait six. Il n’y a pas eu d’achat depuis à part Chef Rouge. Les chevaux vieillissant, nous avons décidé d’en acheter d’autres l’an dernier.
C’est à la demande des éleveurs de Champagne-Ardenne et de Lorraine, qui sont allés faire une tournée en Hollande et en Allemagne. Je suis allé moi-même, fin janvier, faire une tournée en Allemagne d’où j’ai ramené Paramo K et appris que Conterno Grande était à vendre. Il figurait sur la liste de Jean-Marie Charlot. Rien ne s’opposait à son achat pour l’Est.
Pourquoi un tel prix ?
J’ai proposé une première fois 200 000 €. Je me suis fait rire au nez. La propriétaire du cheval traversait de grave difficultés familiales et personnelles, il fallait aller assez vite. Je ne savais pas que Michel Guiot était sur le point d’acheter ce cheval pour 80 000 €. Dans le cas contraire, oui je serais en faute. La propriétaire m’a affirmé, et elle va l’écrire, qu’il n’y avait aucune transaction en cours.
Comment allez-vous rentabiliser le cheval ?
Nous allons le rentabiliser en trois ans à raison de 150 juments par an. Notre réseau de distribution est performant. En congelé, le cheval ne faisait qu’une petite trentaine de cartes chez Michel Guiot. Le proposer en frais est certes bien plus attractif. Nous n’avons pas les mêmes offres ni les mêmes pratiques que le privé. Les Haras nationaux se font payer au résultat.
Vous continuez donc les achats d’étalons ?
Oui. Notre obligation était la comptabilité analytique. C’est fait. Nous ne consommons pas de subventions sur le secteur concurrentiel. Seuls les chevaux de trait sont déficitaires. Quand le plan de financement est validé, nous achetons. Notre tableau d’amortissement est bon pour Conterno. Nous avons gagné de l’argent avec les autres étalons.
On vous reproche d’acheter en solo, sans concertation avec la race, SF en particulier...
Il n’y pas de cadre de concertation. L’acheteur achète quand il y a une opportunité. Nous sommes preneurs de réflexions sur un cadre d’achat dans un programme d’élevage. Nous n’avons aucune proposition. Nous ne sommes pas à la merci d’une association. Nous ne pouvons pas nous soumettre à ceux qui dirigent l’ANSF et qui sont en majorité des étalonniers. Pour l’heure, il n’y a pas de cadre défini.
BLH : « Déclaration de guerre »
Frédéric Neyrat, l’autre opérateur sur le marché du congelé avec Conterno, ne décolère pas, dénonçant le « grand n’importe quoi » des Haras nationaux. « Ce n’est pas le prix du marché pour un étalon de cette trempe-là . Nous nous battrons là -dessus, j’en fais une affaire de principe. Les privés sont prêts à donner à la Cour des comptes, à Bercy, aux sénateurs, les prix des étalons qu’ils ont achetés. C’est du gaspillage irresponsable de l’argent public. Qu’ils fassent venir un étalon comme Guidam, non distribué en France, ça d’accord. En réalité, ce qui se trame derrière ça, c’est la volonté de nuire. Michel Guiot a redressé la station de Buzancy, ils ne veulent pas l’admettre. Ils ne veulent pas admettre qu’un privé sache mieux faire qu’eux. C’est contre-productif, leur attitude. Ils ont peur des grands étalonniers. C’est peut-être un coup aussi pour voir comment nous allions réagir. Je ne crois pas que ce soit la souche qui les intéresse. Gio Granno leur a été proposé, ils n’en ont pas voulu. Alors ? Je suis décidé à aller jusqu’au bout, j’en ai l’énergie ».
Etienne Robert
La mauvaise, c’est l’achat de Conterno Grande. Ce n’est pas la qualité de l’étalon allemand qui nourrit la colère des privés, mais la pertinence de cette acquisition, son prix et son lieu de ‘‘résidence’’, Rosières-aux-Salines, que d’aucuns considèrent comme une provocation. C’est en effet la zone d’influence de Michel Guiot qui distribue l’étalon en congelé. Le sang de l’étalonnier des Ardennes n’a fait qu’un tour à l’annonce de cet achat et de son prix : 330 000 €. « J’étais sur le point de finaliser cet achat autour de 80 000 €. Quel gaspillage d’argent public ! Quel intérêt pour les éleveurs dans cette affaire puisqu’il le prix de saillie est le même que celui que je propose ? Tout le monde savait que j’allais acheter ce cheval dont je suis la carrière depuis cinq ans. C’est un mauvais coup porté à l’étalonnage privé et cela avec de l’argent public. C’est inadmissible et irresponsable. Nous allons le faire savoir en haut lieu. Nous nous battrons ».
Michel Guiot gênerait-il ? Il connaît une réussite certaine dans l’élevage (les premières places à Saint-Lô deux années consécutives), a fait un tabac avec Opium de Talma à 4 ans et s’est battu pour conserver la station de Buzancy, délaissée par les HN, qui fonctionne à la satisfaction des usagers. « Je ne suis pas qu’étalonnier. Quand je crois à un cheval, j’y mets mes juments et je suis capable de montrer ses produits. Les HN sont incapables de faire cela ».
Jean-Marie Charlot, le président de l’ARDCP, est aussi dans la ligne de mire du vétérinaire-éleveur. « Je suis responsable de la commission étalonnage à l’ARDCP et nous n’avons jamais parlé de ce cheval. C’est tout de même étonnant ».
« Tempête dans un verre d’eau, réplique l’avocat. Nous avons proposé, à la demande des éleveurs, une liste d’étalons aux Haras nationaux. Il y avait entre autres Lord Z que nous avons vu lors de notre voyage en Hollande. Les HN ont choisi. Nous n’y pouvons rien ».
BDSP : « Rentabilisé en trois ans »
Patron de l’étalonnage public, Bernard Dumont St Priest nous a donné sa version des faits
Pourquoi cet achat ?
Il y a deux raisons. La dernière vague d’achat d’étalons étrangers remonte à 2000-2001 avec, entre autres, Damiro B, Lord Calando, Airborne. Il y en avait six. Il n’y a pas eu d’achat depuis à part Chef Rouge. Les chevaux vieillissant, nous avons décidé d’en acheter d’autres l’an dernier.
C’est à la demande des éleveurs de Champagne-Ardenne et de Lorraine, qui sont allés faire une tournée en Hollande et en Allemagne. Je suis allé moi-même, fin janvier, faire une tournée en Allemagne d’où j’ai ramené Paramo K et appris que Conterno Grande était à vendre. Il figurait sur la liste de Jean-Marie Charlot. Rien ne s’opposait à son achat pour l’Est.
Pourquoi un tel prix ?
J’ai proposé une première fois 200 000 €. Je me suis fait rire au nez. La propriétaire du cheval traversait de grave difficultés familiales et personnelles, il fallait aller assez vite. Je ne savais pas que Michel Guiot était sur le point d’acheter ce cheval pour 80 000 €. Dans le cas contraire, oui je serais en faute. La propriétaire m’a affirmé, et elle va l’écrire, qu’il n’y avait aucune transaction en cours.
Comment allez-vous rentabiliser le cheval ?
Nous allons le rentabiliser en trois ans à raison de 150 juments par an. Notre réseau de distribution est performant. En congelé, le cheval ne faisait qu’une petite trentaine de cartes chez Michel Guiot. Le proposer en frais est certes bien plus attractif. Nous n’avons pas les mêmes offres ni les mêmes pratiques que le privé. Les Haras nationaux se font payer au résultat.
Vous continuez donc les achats d’étalons ?
Oui. Notre obligation était la comptabilité analytique. C’est fait. Nous ne consommons pas de subventions sur le secteur concurrentiel. Seuls les chevaux de trait sont déficitaires. Quand le plan de financement est validé, nous achetons. Notre tableau d’amortissement est bon pour Conterno. Nous avons gagné de l’argent avec les autres étalons.
On vous reproche d’acheter en solo, sans concertation avec la race, SF en particulier...
Il n’y pas de cadre de concertation. L’acheteur achète quand il y a une opportunité. Nous sommes preneurs de réflexions sur un cadre d’achat dans un programme d’élevage. Nous n’avons aucune proposition. Nous ne sommes pas à la merci d’une association. Nous ne pouvons pas nous soumettre à ceux qui dirigent l’ANSF et qui sont en majorité des étalonniers. Pour l’heure, il n’y a pas de cadre défini.
BLH : « Déclaration de guerre »
Frédéric Neyrat, l’autre opérateur sur le marché du congelé avec Conterno, ne décolère pas, dénonçant le « grand n’importe quoi » des Haras nationaux. « Ce n’est pas le prix du marché pour un étalon de cette trempe-là . Nous nous battrons là -dessus, j’en fais une affaire de principe. Les privés sont prêts à donner à la Cour des comptes, à Bercy, aux sénateurs, les prix des étalons qu’ils ont achetés. C’est du gaspillage irresponsable de l’argent public. Qu’ils fassent venir un étalon comme Guidam, non distribué en France, ça d’accord. En réalité, ce qui se trame derrière ça, c’est la volonté de nuire. Michel Guiot a redressé la station de Buzancy, ils ne veulent pas l’admettre. Ils ne veulent pas admettre qu’un privé sache mieux faire qu’eux. C’est contre-productif, leur attitude. Ils ont peur des grands étalonniers. C’est peut-être un coup aussi pour voir comment nous allions réagir. Je ne crois pas que ce soit la souche qui les intéresse. Gio Granno leur a été proposé, ils n’en ont pas voulu. Alors ? Je suis décidé à aller jusqu’au bout, j’en ai l’énergie ».
Etienne Robert
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