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Covid 19 : une filière très impactée (2)

Nous avons étudié dans un article précédent, les impacts que la pandémie de la Covid 19 a eus sur la filière équine, tous secteurs confondus. Quelles en sont les conséquences économiques par secteur d’activité  sachant que l’Insee estimait au 23 avril 2020 une perte d’activité économique en France de 35 % ? La suite de l’étude faite par l’IFCE démontre une fragilisation de nombreux acteurs de l’ensemble de la filière qui pourrait avoir des effets à plus long terme.

Impacts par secteur d’activite 

• Sport et Loisirs depuis la sortie du 1er confinement

La période estivale a été plutôt positive avec les vacances des Français sur le territoire national. Cela s’est traduit par une forte reprise des licences à l’automne avec 210 000 licenciés mi-octobre et une croissance du nombre de licenciés de près de 10 %. Cette dynamique positive, particulièrement marquée comparée aux autres sports, en lien avec de fortes actions de communication de la FFE et les besoins des consommateurs d’avoir des activités en extérieur, a été balayée par le second confinement : de nombreuses incertitudes pèsent sur l’accueil de l’ensemble des profils dans les établissements équestres. Ceux-ci connaissent une faible plus-value et les semaines ou les mois pendant lesquels les équidés resteront en charge de leurs producteurs pourraient entraîner un déséquilibre structurel du marché du cheval en France qui aura des impacts sur le long terme. La FFE a estimé une baisse de 25% de son budget annuel du fait de la crise. 

•Activités de médiation équine

Les publics des activités d’équitation adaptée et/ou équithérapie sont majoritairement des publics fragiles (handicap moteur et sensoriel, mental, en difficultés psycho-sociales, etc)  pour lesquelles l’arrêt de ces activités a eu des répercussions psychologiques très fortes.

Pour la période de mars à septembre, l’enquête réalisée conjointement par l’association des acteurs de la médiation et la FFE révèle des pertes en 2020 de l’ordre de 80 %.

Le coaching a perdu également 80 % de ses marchés.

De plus, certains professionnels de la médiation, souvent sous forme d’auto-entreprise, n’ont pas bénéficié des aides d’Etat liées aux établissements équestres.

•Secteur travail & viande

Sur le secteur « viande », le nouveau marché japonais avait permis, depuis 4 ans, d’améliorer la rémunération des producteurs et la rentabilité de leur entreprise. La crise sanitaire a eu pour conséquence le blocage de ces exportations de chevaux de trait en direction du Japon. Les conséquences furent brutales : coût de quarantaine de près de 1 200 équidés pour plus de 1 Million d’euros, et baisse des cours d’environ 0,60 €/kg entre mars et novembre. Les cours ont retrouvé leur niveau de 2019 depuis. 

• Sur les activités de tourisme, les pertes lors du premier confinement coïncidant avec une période de vacances scolaires a entrainé des pertes de recettes de l’ordre de 80 à 90 % (données SFET). Ces pertes n’ont été que partiellement compensées par l’essor du tourisme de proximité durant l’été. 

• Pour les activités de traction animales en agriculture et agroforesterie ainsi que pour les activités territoriales, l’impact n’a pas été significatif. 

Ces différents éléments présentés par les sociétés mères en charge des segments de la filière démontrent des impacts sur tous les acteurs de la transformation et de l’utilisation, mais indiquent surtout une fragilisation de l’ensemble de la filière qui pourrait avoir des effets à plus long terme.

Les ventes d’équidés

Selon l’AFCE (Agence Française du Commerce des Equidés) le marché a connu un arrêt total pendant le premier confinement. Nous avons assisté à un rebond estival qui a été stoppé par le second confinement.

L’Agence Française du Commerce des Equidés  a indiqué que :

•le marché intérieur a bien fonctionné jusque fin octobre et il est, depuis, presque totalement à l’arrêt ;

•le marché à l’export a subi la fermeture des frontières et, selon les marchés (européens ou internationaux), les professionnels ont vu leurs ventes baisser de 50 à 80 % ;

•les ventes aux enchères ont élargi leur clientèle du fait de la distanciation imposée, mais sans augmentation du chiffre d’affaires.

L’AFCE et les membres qu’elle représente sont très inquiets quant à l’avenir de leur activité économique, basée principalement sur le commerce « sport de loisir », regroupant les chevaux destinés aux cavaliers club/amateur et/ou les activités d’extérieur. L’évolution de l’épidémie en 2021 reste préoccupante et ne permet pas d’envisager l’avenir économique et financier avec sérénité.

Les déclarations douanières relatives aux exports vers les pays tiers montrent, sur la période de janvier à novembre 2020, un recul de 30 % des effectifs d’équidés vivants exportés (1 300 équidés tous types confondus, hors chevaux destinés à la boucherie).

•Ventes aux enchères

Les ventes de chevaux de Trot et de Galop ont pour leur majorité pu avoir lieu, mais les prix sont en baisse pour leur grande majorité. Les exceptions sont constituées par les ventes de yearlings d’août et d’octobre d’Arqana dont les prix maximums (« top prices ») sont supérieurs à ceux de 2019.

Pour le sport, Les tendances entre les ventes Fences Elite et Fences Selection sont complètement différentes : effectifs stables (-1 %) mais prix moyen en baisse (-20 %) pour la première et baisse des effectifs (-44 %) mais prix moyen en hausse (+44 %) pour la seconde. 

Cela confirme pour le marché du cheval de sport, la difficulté d’attirer des acheteurs étrangers en 2020.

 

Autres indicateurs d’activité

•Emploi dans la filière

La baisse des offres d’emploi est immédiatement consécutive à la fermeture des activités (hippodromes et centres équestres) et touche les métiers de l’enseignement et des soins aux équidés.

Avec le second confinement, d’un « mauvais moment à passer », nous sommes entrés dans la perspective plus sombre d’une crise durable avec des impacts qui restent à venir et seront à mesurer en terme de recul de l’emploi salarié voire de défaillances d’entreprises.

•Fourniture d’aliment pour chevaux

La baisse de production cumulée sur l’année est de -5,31 % . Depuis le mois d’octobre et du fait de la crise sanitaire mondiale, le prix des principales matières premières a augmenté de plus de 20 %. Ce surcoût qui impactera les acteurs sur 2021 risque de les fragiliser à nouveau.

Des perspectives incertaines compte tenu de la poursuite de la crise.

Les acheteurs sont entrés dans une phase d’incertitude. Les clients reportent donc leurs achats et les producteurs doivent conserver des animaux à faible valeur ajoutée.

Le marché international reste lui aussi fragile du fait de la fermeture des frontières à laquelle s’ajoutent les effets du Brexit.

Sur le jeu, le réseau en dur du PMU reste fermé et, même si les jeux sur internet progressent, le online reste malheureusement faible (20 % en France vs 60 % au Royaume-Uni et 80 % au Japon) et les perspectives restent moroses.

À cela s’ajoutent une perte de clientèle difficilement quantifiable, une augmentation des pensions impayées et l’abandon de certains chevaux à la charge de leur entraîneur (source : France Galop, Le Trot). 

Acteurs ayant participé à la rédaction de ce rapport :

France Galop, Le Trot, Fédération des Eleveurs du Galop, Association des entraineurs : AEDG, SEDJ, AEPGalop, Ass. des Jockeys, Société Hippique Française, Fédération Française d’Equitation, Syndicat interprofessionnelle des praticiens de la médiation, Société Française des Equidés de Travail, Fédération Nationale du Cheval, Confédération Paysanne, Coordination Rurale, Jeunes Agriculteurs, Groupement Hippique National, Filière Cheval, Fédération Nationale des Conseils des Chevaux, Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, Club de Nutrition Equine Française, Agence Française de Commerce des Equidés, Association des Vétérinaires Equins de France. Synthèse coordonnée par l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation.

29/04/2021

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