Dire du bien des chevaux est une bonne chose… à condition de le dire bien
L’auteure ? Peut-être moins connue que sa soeur Amélie, Juliette Nothomb bénéficie tout de même de la célébrité d’un nom de famille qui figure, chaque année depuis trente ans, dans la liste des meilleures ventes en librairie.
L’éditeur, Albin-Michel, est, quant à lui, une formidable usine à bestseller, ce qui laisse supposer que sa direction littéraire sait subodorer ce qui va plaire à un large public.
C’est donc en toute confiance que je me suis précipité, le jour même de sa mise en vente (le 7 septembre), sur l’ouvrage de Juliette Nothomb, intitulé « Éloge du cheval » (200 pages / 14 euros).
Bien qu’il me soit extrêmement pénible de dire du mal de quelqu’un qui dit du bien des chevaux, il me faut mettre ici en garde ceux qui, comme moi, espéraient d’une telle conjonction sinon un chef-d’oeuvre, du moins un livre qui rallie à la cause du cheval et de l’équitation un grand nombre de personnes jusque-là indifférentes ou hésitantes.
Hélas, ce ne sera pas le cas. Dire du bien des chevaux est une noble cause, à condition de le dire bien. Juliette, elle, se contente d’aligner les lieux communs, de collectionner les poncifs, de proférer des banalités. Ce ne serait pas vraiment catastrophique si elle s’en tenait à cela.
Malheureusement, elle commet au passage quantité d’approximations (sur les airs de haute école, par exemple : page 95) ou, plus embêtant encore, d’erreurs (sur les causes de la fourbure, par exemple, page 150).
À cela s’ajoute que le titre de ce petit livre est trompeur : il ne s’agit pas vraiment d’un éloge du cheval, mais plutôt du récit des quelques expériences équestres vécues par Juliette Nothomb ici ou là dans le monde au gré des changements de poste d’un père diplomate – ce qui nous vaut d’interminables descriptions des beautés et des horreurs du Japon, de la Chine, de l’Inde ou des Ardennes belges.
On ne peut naturellement pas reprocher à Juliette Nothomb de n’avoir rien à dire d’original sur le cheval, mais on peut se demander pourquoi elle a décidé d’en faire un livre.
Elle se vante (page 175) d’avoir beaucoup lu dans sa vie. Ce n’est pas l’impression qu’on retire en parcourant son texte, dans lequel elle se réfère plus souvent à des films ou à des bandes dessinées qu’aux grands classiques de la littérature équestre. Ce que confirme d’ailleurs la bibliographie qu’elle donne en dernière page, dans laquelle la principale référence un peu technique est une « encyclopédie du cheval et du poney » parue en 1981 : quand elle avait 18 ans. Il semble qu’elle n’en ait pas consulté beaucoup d’autres depuis.
Jean-Louis Gouraud
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