Elevage d’Argonne : l’anglo… par hasard
Pascal l’avoue d’emblée « je ne suis pas absolument anglo maniaque mais j’ai eu la chance de croiser le chemin des anglos et j’en suis ravi. » Résultat d’un de ses plus beaux croisements, Baccarat d’Argonne, fille de du Trakhener Grafenstolz et de Glycine de Grigny aa x Riesling Pierre aa.
Pourquoi Grafenstolz ? « On considère le Trakhener comme le « cousin » des anglos, voilà une des raisons de ce croisement. Glycine m’avait été conseillée par un ami avisé, Eric Attiger, marchand de chevaux suisse. Je lui ai fait confiance et la jument est arrivée à l’élevage. J’ai tenté le croisement avec le « cousin » et j’ai eu cette très belle pouliche, dans le sang avec de belles allures. Confiée à Olivier Hardouin, elle a fait les cycles classique 4,5 et 6 ans avec lui. Mon idée était de la garder à l’élevage. »
Repérée à la finale 6 ans de Pompadour par Michèle et Jean-Pierre Euriat en quête d’une bonne jument pour leur fille, cavalière de Complet, elle allait connaître un tout autre sort. Sportif celui-là .
Sport contre poulains
Un arrangement conclu entre les deux éleveurs scella l’entente dans un premier temps. Les Euriat s’engageant à faire produire la jument par transferts et céder les poulains aux naisseurs de Baccarat. Engagement tenu. Deux pouliches de Kapitol et de Canturano et un poulain de Ulyss Morinda sont repartis à l’élevage d’Argonne.Â
Baccarat a rapidement progressé sous la selle de sa jeune cavalière formée, entre autres, au contact de deux pointures anglaises du Complet et suivie chez elle par Serge Blanco. Après son titre de vice-championne aux Europe de Complet, les portes du haut niveau se sont ouvertes à la jeune meusienne qui valorise ses jeunes chevaux en Complet comme en CSO.
La seconde partie de l’histoire vient de s’écrire. Â
Baccarat, convoitée tant en France qu’à l’étranger, a été définitivement acquise par la famille Euriat après le Grand National de Vittel. L’estime et la confiance réciproques que se portent les voisins meusiens ont été un facteur déterminant dans la négociation. Morgane garde sa « licorne magique » qui rejoindra l’Argonne à l’issue de sa carrière sportive.Â
La belle histoire continue pour cette cavalière, aussi guerrière que sa jument, qui a commencé très tôt à monter, d’abord à poneys, redoutable sur les carrés de dressage puis à cheval toujours avec la même passion et la même implication dans le travail. Son but aujourd’hui, elle l’avoue sans détours : les Jeux Olympiques.
Pur sang
L’élevage d’Argonne a en fait démarré avec une jument pur-sang. Pascal, en attendant de passer son concours pour entrer à la Garde républicaine, entrainait des pur-sang dans un élevage de la région. Il en partit avec une jument ps, Queen Sound (King Sound ps) qui lui donna Talara d’Argonne (Boniface ps). Une des fondatrices de l’élevage qui fut croisée notamment au crack SF des Haras nationaux de Montier-en-Der, Nidor Platière. Riche production qui se distingua sur les terrains de Complet en France et à l’étranger sous les selles de cavaliers de haut niveau et contribua largement à la notoriété des éleveurs d’Argonne qui au fil des ans ont diversifié leurs souches en puisant aux meilleures origines : Galoubet, Almé, Baloubet du Rouet, Iowa entre autres.Â
Talara, croisée à Emir Platière, donna Nilda d’Argonne qui saillie par Kigali (kwpn) engendra Glenn d’Argonne, un entier bai cerise approuvé à 4 ans, labellisé Espoir pour le Complet et aujourd’hui en cycles classiques CCE 5 ans sous la selle de Morgane qui en détient une partie. L’étalon a sailli une quinzaine de juments cette année pour sa première saison de monte. Doté d’une grande galopade avec un bon dos, il était le seul de sa génération à s’être qualifié pour les finales de Pompadour et de Fontainebleau.
Le sang, la locomotion, la force, autant de critères qui prévalent dans la sélection des chevaux d’Argonne. Pas vraiment étonnant que l’anglo ait croisé la route de Sylvie et Pascal Trassart.
Etienne Robert
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