ELEVAGE DU FOREZAN : UN CLIN D’ŒIL À LA BRETAGNE
S’intéresser aux souches : un impératifÂ
Bon cavalier de B1 qui faisait l’admiration de Julien Gonin de 10 ans son cadet, toujours entouré de chevaux, Jérôme veut le meilleur lorsqu’il décide de se lancer dans l’élevage, sa véritable passion. Son étude des souches l’amène naturellement à s’intéresser à la riche descendance d’Ifrane, la mère du crack Morgat aux multiples médailles sous la selle d’Hubert Bourdy. Le Breton Roger Huon (élevage de Kervec) a fait de même quelques années plus tôt en trouvant chez Christian Planchon son voisin, une fille de Fragance de Chalus, Jolly Girl de Kervec avec pour père Darco, brillante sous la selle de Jean-Marc Nicolas. Croisée à Diamant de Semilly, la prolifique Jolly Girl a donné naissance à Queen Girl Kervec. En fait c’est sur sa propre sœur, Top Girl, que Jérôme avait flashé. Mais pour l’acquérir, il fallait passer par les ventes Fences où elle figurait au catalogue. Les enchères se sont envolées très rapidement pour cette très distinguée pouliche au papier de rêve, hors de portée pour l’éleveur savoyard. C’est donc Queen Girl qui passera de la Bretagne à la Savoie pour fonder l’élevage du Forezan. Elle était suitée d’un poulain, Trafalgar Kervec, aujourd’hui sous la selle de Margaux Rocuet. Après son débourrage par Jérôme, elle fut inséminée par Berlin et donna naissance à VIP du Forezan qui gagnera à 7 ans le championnat de France de sa génération avant d’être exporté au Mexique. Passée sous la selle de son ami Julien Gonin, Queen fera une étincelante carrière sportive jusqu’à ses 10 ans, obtenant un indice de 162. Elle termina, comme convenu entre les deux amis, son cycle sportif à 10 ans par une belle victoire au Grand National de Lorient.
Depuis, croisée à Vigo d’Arsouilles, elle a donné Girl Queen du Forezan, à Vagabond de la Pomme pour Grainedequeen du Forezan, à Casall pour I am du Forezan Bel et Cash du Forezan Z vendu lors des ventes Z à un étalonnier allemand, à Cartani pour Invictus du Forezan, entre autres. Queen n’aura pas de poulain cette année, les tentatives d’ICSI n’ayant pas abouti. Balou du Reventon, fils de Cornet Obolensky et frère utérin de Balou du Rouet lui est promis. En revanche, la descendance de sa fille Girl Queen qui entame son cycle sportif avec Julien Gonin, s’annonce pléthorique : trois Grandorado sur triple ovulation et un Balou du Rouet dans les jours prochains.Â
Pour diversifier ses souches, Jérôme a choisi la famille de Coriana van Klapscheut (Darco-Heartbreaker), jument belge brillante avec Eric Lamaze par l’achat de deux embryons x Carthago et Chacco-Blue.
Choisir et s’intéresser aux souches, un impératif selon l’éleveur pour augmenter les qualités et gommer les défauts, sans oublier de miser gros sur les poulinères, qui apportent 70 % du matériel génétique.  Â
Chacun son métier
Le deuxième secret de famille chez les Forezan réside dans un partenariat judicieux qui relie Jérôme à son fidèle allié et ami de longue date, Julien Gonin. Leur rencontre sur les terrains de concours a d’abord fait de Jérôme l’idole de Julien, jusqu’à ce que « l’élève dépasse le maître » confie l’éleveur en souriant. L’arrangement des deux passionnés permet à l’un de se consacrer pleinement à la recherche DU croisement qui pourra faire la différence, avec une réflexion très minutieuse quant à la sélection génétique et permet à l’autre de se livrer pleinement à la valorisation. À chacun son métier ! « Julien réalise une très bonne mise en valeur des chevaux, et notre système nous permet de faire les choses à fond. J’aime monter à cheval, mais mon truc à moi réside véritablement dans l’élevage. Je prends par contre beaucoup de plaisir à travailler les chevaux à pied, les jeunes notamment. Je les monte en licol, je les désensibilise et je pratique beaucoup l’éthologie pour assurer à mon coéquipier préféré des chevaux au bon mental ! »
« Garder 1 sujet par an »
Avec pour ultime objectif de voir un jour l’un de ses produits fouler une piste olympique, le seul remède consiste en celui de faire des choix, jusqu’à voir apparaitre celui ou celle qui entrera dans l’Histoire. Chez les Forezan, on préfère vendre les mâles, inscrits au stud-book Z, et garder les femelles, inscrites elles au SF. Le choix ensuite se réalise à partir de critères tels que l’équilibre, la locomotion, ou le caractère, mais Jérôme avoue parfois se laisser séduire pour un coup de coeur. Avec en général une quinzaine de chevaux par an sur le domaine, la qualité peut alors primer. « J’ai aussi à coeur de pouvoir offrir à mes compagnons un mode de vie très nature, qui leur assure un bon développement, sur le plan physique et psychique. N’en posséder qu’un petit nombre me permet de les avoir beaucoup dehors, et aussi de pouvoir prendre le temps de m’occuper de chacun d’entre eux ». Encore un bon système pour l’éleveur par ailleurs pilote de TGV, ce qui lui vaut régulièrement quelques jours d’absence. Heureusement, très bien entouré, il peut compter sur ses nombreux copains, « toujours là pour donner un coup de main », et sur ses deux garçons de 20 et 14 ans, Quentin et Louis, qui participent avec entrain à la vie de l’élevage.Â
Un élevage qui va bientôt s’installer dans l’avant-pays savoyard, à Loisieux, sur une surface de 10 hectares.
ER et VB
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