Eleveurs pros - éleveurs amateurs : réactions
Voici deux contributions à la réflexion que nous avons lancée dans notre dernier numéro sur le sujet ‘‘éleveur professionnel’’et ‘‘éleveur amateur’’. Si vous avez des idées sur ce sujet qui fait débat à l’heure
actuelle, faites-les nous connaître (direction@lecheval.fr ou par courrier)
« Qu’est-ce qu’un professionnel ? »
« Bravo pour votre article en UNE de votre édition du 15 février, qui soulève un tas de problèmes qui séparent les éleveurs. Mais qu’est ce qu’un professionnel ?
Parlons quantitatif : un éleveur professionnel devrait posséder au moins 3 à 5 ans d’expérience de la profession, 2 à 5 juments et 2 à 3 générations de poulains dans ses écuries, présenter ses produits aux concours de modèle et allures, voir ses chevaux en concours d’élevage puis sur le circuit de compétition et obtenir des résultats.
Un éleveur doit cotiser à la MSA, la mutuelle accident et avoir un SMU suffisant pour un cheptel de base.
La prime au naisseur : j’en profite pour aborder ce sujet et dire qu’il faudrait s’inspirer vite et très vite de nos collègues les trotteurs et réformer la prime PACE. De la même façon, il faudrait réformer la prime des modèles et allures, la réserver aux éleveurs ayant une activité déclarée et par ce biais professionnaliser et valoriser l’élevage français.
D’autre part, les éleveurs professionnels devraient pouvoir bénéficier des conditions sur toutes les saillies avec des frais réduits et ‘‘poulain vivant’’.
Bien sûr un éleveur professionnel, comme disait Fernand Leredde, doit être dans l’obligation d’obtenir des résultats financiers dans l’exercice de l’entreprise. Ce résultat implique des prix de vente rentables des poulains et des prestations que l’éleveur peut apporter à ses clients à des prix rentables. »
Paul Couffy (Elevage des Aunettes)
« Peut-être un faux problème »
« L’opposition entre éleveurs amateurs et éleveurs professionnels fait actuellement beaucoup causer ou écrire. C’est peut-être un faux problème.
J’essaye de me résumer la situation dans quelques réflexions :
- Nous sommes dans un système libéral : chacun a le droit de faire ce qu’il veut à partir du moment où il n’empiète pas lui-même sur la liberté d’autrui.
- Si nous avons les mêmes droits, nous devons avoir les mêmes devoirs. Donc à priori le projet officiel de ne verser des primes de toutes sortes qu’à ceux qui ont choisi un statut professionnel avec ses contraintes économiques et fiscales paraît acceptable.
- Plus il y aura de chevaux moyens voire médiocres sur le marché, plus les bons chevaux seront valorisés. Le tout pour leurs détenteurs est de pouvoir attendre assez longtemps pour que cette valeur s’affirme. Et c‘est là que le bât blesse pour beaucoup en raison du montant du capital immobilisé.
Par ailleurs :
- Certains étalonniers mettent sur le marché des reproducteurs où c’est souvent le bling-bling, selon le terme à la mode, qui prévaut. D’autres encouragent à l’utilisation de leurs étalons ou des semences qu’ils commercialisent, mais ne se préoccupent apparemment pas vraiment du devenir de cette production. J’ai lu que dans d’autres pays européens, les étalonniers, beaucoup moins nombreux qu’en France, achètent jusqu’à mille poulains par an.
- Les marchands ou pseudo marchands de chevaux et intermédiaires divers plus ou moins identifiés, qui, ne prenant aucun risque, proposent des prix ‘‘honteux’’ lorsqu’ils ont la quasi-certitude de faire une plus-value confortable et rapide. Aujourd’hui un bon 3 ans, bien né d’une souche performante sur plusieurs générations, de bonne conformation sans en jeter plein la vue, bien élevé, avec un bon bilan vétérinaire, ne trouve pas preneur pour un prix supérieur à son prix de revient.
- Les études de marché, faisant le constat que l’essentiel de la clientèle est féminine, recommandent de produire un gentil cheval, avec un joli ‘‘look’’, facile, en bonne santé, et sans doute performant malgré tout. En vertu de l’héritabilité des caractères, il vaut mieux que les reproductrices aient été testées à l’utilisation. Qu’elles soient en bonne santé, bien nourries. Que leurs produits soient suivis avec soin, bien élevés, bien éduqués, bien débourrés, quasiment prêts à l’utilisation. Si le prix moyen de cette perfection est de 7000 € à 3 ans, je vois mal avec quels reproducteurs sélectionnés il sera possible de le produire.
De lire qu’un éleveur exemplaire ayant eu une réussite formidable ne recommencerait pas s’il avait 25 ans de moins, donne sans doute une idée du ‘‘burn out’’ actuel des éleveurs de chevaux traditionnels. »
Jacques Gabriel Petit (Les Chevaux de Mara)
« Qu’est-ce qu’un professionnel ? »
« Bravo pour votre article en UNE de votre édition du 15 février, qui soulève un tas de problèmes qui séparent les éleveurs. Mais qu’est ce qu’un professionnel ?
Parlons quantitatif : un éleveur professionnel devrait posséder au moins 3 à 5 ans d’expérience de la profession, 2 à 5 juments et 2 à 3 générations de poulains dans ses écuries, présenter ses produits aux concours de modèle et allures, voir ses chevaux en concours d’élevage puis sur le circuit de compétition et obtenir des résultats.
Un éleveur doit cotiser à la MSA, la mutuelle accident et avoir un SMU suffisant pour un cheptel de base.
La prime au naisseur : j’en profite pour aborder ce sujet et dire qu’il faudrait s’inspirer vite et très vite de nos collègues les trotteurs et réformer la prime PACE. De la même façon, il faudrait réformer la prime des modèles et allures, la réserver aux éleveurs ayant une activité déclarée et par ce biais professionnaliser et valoriser l’élevage français.
D’autre part, les éleveurs professionnels devraient pouvoir bénéficier des conditions sur toutes les saillies avec des frais réduits et ‘‘poulain vivant’’.
Bien sûr un éleveur professionnel, comme disait Fernand Leredde, doit être dans l’obligation d’obtenir des résultats financiers dans l’exercice de l’entreprise. Ce résultat implique des prix de vente rentables des poulains et des prestations que l’éleveur peut apporter à ses clients à des prix rentables. »
Paul Couffy (Elevage des Aunettes)
« Peut-être un faux problème »
« L’opposition entre éleveurs amateurs et éleveurs professionnels fait actuellement beaucoup causer ou écrire. C’est peut-être un faux problème.
J’essaye de me résumer la situation dans quelques réflexions :
- Nous sommes dans un système libéral : chacun a le droit de faire ce qu’il veut à partir du moment où il n’empiète pas lui-même sur la liberté d’autrui.
- Si nous avons les mêmes droits, nous devons avoir les mêmes devoirs. Donc à priori le projet officiel de ne verser des primes de toutes sortes qu’à ceux qui ont choisi un statut professionnel avec ses contraintes économiques et fiscales paraît acceptable.
- Plus il y aura de chevaux moyens voire médiocres sur le marché, plus les bons chevaux seront valorisés. Le tout pour leurs détenteurs est de pouvoir attendre assez longtemps pour que cette valeur s’affirme. Et c‘est là que le bât blesse pour beaucoup en raison du montant du capital immobilisé.
Par ailleurs :
- Certains étalonniers mettent sur le marché des reproducteurs où c’est souvent le bling-bling, selon le terme à la mode, qui prévaut. D’autres encouragent à l’utilisation de leurs étalons ou des semences qu’ils commercialisent, mais ne se préoccupent apparemment pas vraiment du devenir de cette production. J’ai lu que dans d’autres pays européens, les étalonniers, beaucoup moins nombreux qu’en France, achètent jusqu’à mille poulains par an.
- Les marchands ou pseudo marchands de chevaux et intermédiaires divers plus ou moins identifiés, qui, ne prenant aucun risque, proposent des prix ‘‘honteux’’ lorsqu’ils ont la quasi-certitude de faire une plus-value confortable et rapide. Aujourd’hui un bon 3 ans, bien né d’une souche performante sur plusieurs générations, de bonne conformation sans en jeter plein la vue, bien élevé, avec un bon bilan vétérinaire, ne trouve pas preneur pour un prix supérieur à son prix de revient.
- Les études de marché, faisant le constat que l’essentiel de la clientèle est féminine, recommandent de produire un gentil cheval, avec un joli ‘‘look’’, facile, en bonne santé, et sans doute performant malgré tout. En vertu de l’héritabilité des caractères, il vaut mieux que les reproductrices aient été testées à l’utilisation. Qu’elles soient en bonne santé, bien nourries. Que leurs produits soient suivis avec soin, bien élevés, bien éduqués, bien débourrés, quasiment prêts à l’utilisation. Si le prix moyen de cette perfection est de 7000 € à 3 ans, je vois mal avec quels reproducteurs sélectionnés il sera possible de le produire.
De lire qu’un éleveur exemplaire ayant eu une réussite formidable ne recommencerait pas s’il avait 25 ans de moins, donne sans doute une idée du ‘‘burn out’’ actuel des éleveurs de chevaux traditionnels. »
Jacques Gabriel Petit (Les Chevaux de Mara)
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