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Endurance : « Il manque une politique fédérale pour inciter à conserver les bons chevaux »

Comment faire pour limiter la « fuite » des meilleurs chevaux à l’étranger ? Débuts d’explications avec deux éleveurs spécialisés dans l’endurance.« Comme tout éleveur, j’espère faire naître un champion. Outre la satisfaction Photo 1 sur 1
de voir que nos chevaux sont qualiteux, la vente de l’un deux, y compris à l’étranger, constitue une manne financière », concède Lydie Lemmens, propriétaire de la mère du talentueux Lasan. Ce hongre arabe de 10 ans a d’abord été sorti en course par Joël Nazzari puis Jean-Philippe Francès avant de devenir propriété qatarie sous les couleurs d’Al Shaqab endurance (six classements en CEI cette saison dont 4 courses de 160 parmi lesquelles une 13e place au Championnat du Monde en Malaisie). « C’est un cheval qui a été vendu sous la mère, il est le fils de ma jument Marouska, trois étoiles sur performance, que j’ai toujours refusé de vendre », poursuit l’éleveuse du Nord qui a eu le bonheur de voir naître la première pouliche de sa poulinière préférée.

Pour Lydie Lemmens, la règle semble assez simple, les femelles sont conservées, les hongres, eux, peuvent rejoindre d’autres écuries : « J’ai vendu récemment un poulain au sevrage qui est parti pour l’Angleterre. Un autre de mes chevaux Ofir, m’a été réservé par les Haras nationaux, J’en suis ravie. C’est un système de location de l’étalon renouvelé chaque année. Le gain est moindre mais le cheval reste en France ».

La vente, même à l’étranger, semble un mal nécessaire. « C’est mieux de pouvoir garder nos chevaux. Mais quand on élève, on n’a pas le choix. Il faut rentrer de l’argent pour continuer à produire », poursuit la professionnelle passionnée de génétique. « Des chevaux qui courent sous la selle de cavaliers étrangers, ça permet également de valoriser l’élevage, la réputation se fait et dépasse ainsi les frontières ».

Une solution ? « La fédération inciterait davantage par des moyens financiers à conserver nos bons chevaux, les éleveurs penseraient autrement. Il faut en France une politique immédiate de conservation. Faire un peu de protectionnisme », suggère Lydie Lemmens. « Pour l’instant, seule l’ACA –Association du cheval arabe - joue le jeu en aidant les propriétaires de juments ».

Cette volonté de voir une politique fédérale transparente, permettant aux éleveurs de savoir précisément ce à quoi peuvent prétendre leurs chevaux qualiteux s’ils les gardent est également un cheval de bataille de François Atger. « J’aspire au minimum à une rencontre entre la Fédération, les éleveurs voire la SHF afin de définir et de mettre en place un système d’encouragement, de quoi donner une bonne raison de garder les chevaux en France », détaille l’éleveur de Gréoux les Bains. « Il faudrait un système connu, qui donnerait les impératifs pour prétendre à entrer dans l’équipe de France. On agirait ainsi davantage dans l’intérêt de l’endurance française »

François Atger n’apprécie guère qu’on accuse les éleveurs de dilapider la génétique. « Ce sont majoritairement des hongres que l’on exporte. On n’a pas à avoir de scrupules. Sans schématiser, ils sont faits pour être valorisés ». Il aime encore moins lire que Compiègne est une « grande braderie ». ?« Le terme me gène. Au Mondial, tout le monde est gagnant. Les acheteurs des pays du Golfe y trouvent de bons chevaux. Et c’est aussi un aboutissement pour beaucoup de propriétaires », lâche l’éleveur. « Il n’y a pas d’autre alternative que de sortir un cheval en compétition pour le valoriser. Son entretien, le travail de cavaliers professionnels... Tout cela a un coût. Les prix de vente jugés par certains excessifs ne le sont finalement pas tant que ça si on remet dans le contexte, surtout lorsque les performances exceptionnelles du cheval sont doublées par les bons résultats de ses collatéraux ».

Et les affaires se font sur des poulains de plus en plus jeunes, notamment lors de la finale à Uzès. L’an dernier : 15 des 19 chevaux « Elite » ont été achetés, majoritairement par des étrangers. « Personne n’interdit à un cavalier français d’acheter un cheval au prix qu’il vaut. Il a coûté cher à celui qui l’a élevé. Et la fourchette de prix qui s’est pratiquée à l’issue de la finale (entre 10 000 et 40 000 euros) est correcte », note François Atger. « Ce sont des chevaux avec du potentiel, qu’on revoit en général dans le top 10 voir top 5 des CEI l’année d’après ».

Ayant déjà cédé de nombreux chevaux avec l’affixe d’Aurabelle, François Atger explique que tout l’argent gagné a été remis dans l’élevage. « Il faut bien nourrir les chevaux, payer les saillies, etc. Récemment, le DSA partenaire de sa fille Virginie aux derniers Jeux équestres et championnats du monde est lui aussi parti courir à l’étranger. « J’ai vendu Kangoo d’Aurabelle l’an dernier. J’assume ce choix. J’aurais pu le vendre bien avant mais nous avons voulu qu’il fasse d’abord ses preuves ». Et de justifier : « Quand on m’a dit que le Sheikh Mohamed Maktoum souhaitait Kangoo pour les prochains Jeux équestres dans le Kentucky, ça m’a fait plaisir. C’est un honneur ».

Muriel Judic

Dans notre prochaine page endurance, le point sur les ventes de chevaux avec les courtiers spécialisés dans la discipline.

Prendre en compte les résultats à l’étranger

D’autres progrès restent à faire pour apprécier à leur juste valeur les performances des chevaux : les classements réalisés à l’étranger ne sont pas prises en compte pour les indices, ni même les classements en France sous la selle d’un cavalier étranger. Lydie Lemmens qui tient à jour une base de données conséquente en la matière travaille actuellement avec les Haras nationaux dans ce sens.

En bref Grand National 2009 : clôture le 10 juin

Les écuries « pros » ont jusqu’à mercredi 10 juin (10 jours avant la première étape, le CEI** de Vittel) pour s’engager sur le Grand National d’endurance. Aménagement spécifique pour les jeunes cavaliers, les moins de 21 ans peuvent se constituer en écurie en ayant une licence amateur.

CEI* : les organisateurs réactifs

L’incontournable épreuve de 90 km préalable aux épreuves internationales deux étoiles a un peu chamboulé le programme des cavaliers d’endurance mais aussi des organisateurs d’épreuves. Ces derniers ont dans l’ensemble fait preuve d’une belle réactivité en ajoutant à leur programme de course des CEI* en nombre. Près d’une vingtaine sont déjà en ligne sur FFE Compet. La première de l’année aura lieu à Sommant-en-Morvan (Bourgogne) dimanche 15 mars.

26/02/2009

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