Equi-France : découvreur de talents
En très peu de temps, le haras de la Chesnaye, siège d'Equi-France, a eu deux vies. Celle d'avant, durant laquelle Hervé et son associé Kevin Staut, imaginent, construisent et réalisent cet exemplaire outil de valorisation des chevaux. Dans une précédente édition, nous évoquions le « Maranello » normand du cheval de sport dans ce carré magique du pays d'Auge à propos du haras de Clarbec de Mme Mégret. Le haras de la Chesnaye fait lui aussi partie de ces écuries de précision. Sa seconde vie, elle démarre maintenant avec l'écurie HDC Compétition créée par Emmanuèle et Armand Perron-Pette.
Notre propos aujourd'hui concerne Equi-France.
« Equi-france, explique Hervé louchet, est une société de courtage. Le courtage consiste à rechercher des clients, principalement des clients dans les pays émergents où il n'y a pas ou peu d'élevage et où la présence de commerçants étrangers est assez forte alors que la présence de commerçants français est plutôt faible. Mon but dans un premier temps a été de voyager avec l'Unic dans ces pays, Amérique Latine, Chine, Inde et pays de l'Est (Russie, etc.). Ces pays constituaient des équipes principalement de Saut d'Obstacles et un peu de Complet et étaient à la recherche de chevaux. J'ai participé à différents salons à l'étranger et à chaque fois je me suis aperçu de l'absence ou de la faible présence des Français face à une armada allemande ou hollandaise qui était là pour vendre ses chevaux et promouvoir ses élevages. Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire. Le fait que je sois multilingue et que je voyage aisément et un peu partout dans le monde m'a donné l'idée d'en faire un métier à part entière. »
Courtier-marchand en quelque sorte ?
« Le métier de courtier est différent de celui de marchand. Le marchand présente des chevaux dont il est propriétaire ou qu'il a en dépôt, à ses client, alors que le courtier va chercher les clients dans ces pays-là , essaie de les inviter à venir chez nous après avoir suscité leur intérêt en leur présentant des vidéos de chevaux qui gagnent en épreuve, en leur disant : « Regardez ces chevaux-là , ils sont à la vente, venez les essayer à la maison. La démarche la plus difficile c'est de faire venir les gens, ça prend du temps. Quand vous leur dites de venir passer 3-4 jours à Deauville pour essayer des chevaux, les gens acceptent plus facilement et en tout cas avec le sourire, que si vous leur disiez de venir à Saint-Lô ou au centre de la Creuse ».
C'est donc à la Chesnaye que vous les recevez ?
« Oui, c'est ici, dans des conditions d'essais satisfaisantes que nous les recevons. Des conditions d'essais satisfaisantes, ça veut dire quoi ? Une structure professionnelle avec des beaux sols, avec des beaux obstacles, avec un manège tous temps de très belles dimensions, car en Normandie, il pleut 300 jours par an. Il est important que les gens puissent essayer les chevaux dans de bonnes conditions. Donc nous avons décidé de trouver une structure ou de construire une structure capable d'offrir ces conditions d'essais. Autre point important, il nous fallait absolument une personne de notoriété. Moi, je suis courtier mais pas cavalier. Les gens me demandaient avec insistance qui était notre cavalier. Kevin Staut, qui était à l'époque cavalier N°4 mondial (puis est ensuite devenu N°1), portait en lui l'idée de créer une base immobilière professionnelle proche de Deauville (car il en est originaire), a été séduit par ce projet, et nous sommes devenus associés.
En achetant il y a deux ans le haras de la Chesnaye où pendant une quinzaine d'années, M. Saladin et sa fille ont organisé des concours réputés, nous avons créé, dans cet écrin de verdure, un superbe outil pour le commerce et la valorisation. »
Comment fonctionne la Chesnaye aujourd'hui ?
« La Chesnaye est une structure immobilière partagée entre trois associés, le cavalier Kevin Staut, la société HDC Compétition, et Equi-France.
Le Haras des Coudrettes a décidé de regrouper en un seul et même lieu les chevaux qui sont achetés pour les trois cavaliers de tête que sont Kevin, Olivier Guillon et Patrice Delaveau. Actionnaire dans le haras de la Chesnaye, HDC Compétition a naturellement choisi ce lieu qui offre de nombreux avantages : la structure est idéale parce que toute neuve; elle est à un quart d'heure du Haras des Coudrettes; elle est suffisamment spacieuse pour recevoir les chevaux des trois cavaliers. De plus HDC Compétition a l'ambition de former des jeunes chevaux dans un but de fournir un réservoir de chevaux de haut niveau pour ses trois cavaliers. Cette responsabilité est confiée à Franck Schillewaert, cavalier connu, lui-même faisant partie du Team HDC. Il aura la charge de former les jeunes chevaux (de 6 à 8 ans) que les trois cavaliers exploiteront dans les CSI**** ou CSI*****, Franck les sortant jusqu'en CSI***.
Parallèlement à ça, la structure de la Chesnaye avec son grand manège et ses installations, a également pour ambition de recevoir des stagiaires français ou étrangers, qui désirent se former à la compétition et/ou à la haute compétition par l'intermédiaire de stages qui seront donnés par ces trois cavaliers et éventuellement par d'autres formateurs extérieurs.
L'ambition de ce projet est double, d'une part les jeunes chevaux peuvent être détectés pour servir de réservoir pour les trois cavaliers, ou bien servir de réservoir pour le commerce pour les stagiaires qui viendraient ici et qui décideraient d'acquérir tel ou tel cheval qu'ils auraient vu évoluer sous leur yeux pendant leur séjour ici.
Nous avons un argument commercial massif pour les deux années à venir, ce sont les Jeux Equestres Mondiaux qui se passent en Normandie et qui agissent comme un aimant pour attirer les pays émergents. Nous avons une forte demande de stages d'une part et de chevaux d'autre part. Nous devons leur trouver des chevaux aptes à faire les Jeux Mondiaux. Nous avons plusieurs demandes des pays d'Amérique Centrale, d'Amérique du Sud et de pays asiatiques. »
C'est Equi-France qui va jouer le rôle de VRP dans cette affaire ?
« Voilà , Equi-France est le VRP qui prend sa valise, qui va à l'autre bout du monde pour rencontrer les coaches, les fédérations, les entraîneurs, les cavaliers, et qui essaie de susciter leur intérêt pour qu'ils viennent ici essayer des chevaux.
Nous avons déjà l'accord du Guatemala, qui va venir s'entraîner ici dans l'espoir de participer aux Jeux Mondiaux. Deux équipes de Chine vont également venir (la Chine ayant plusieurs équipes), les Espagnols et les Italiens qui sont déjà venus, comptent revenir ».
Qu'est-ce qui incite le Guatemala à venir ici ?
« Le Guatemala a une personne au sein de sa fédération qui est très pro chevaux et cavaliers français. Jean-Luc Force a travaillé pour l'équipe de Complet et Jean-Maurice Bonneau pour l'équipe de CSO. Jean-Maurice, comme chacun le sait, est entraîneur chez HDC Compétition, et Jean-Luc Force est entraîneur de Complet pour de nombreuses équipes internationales. La proximité de la mer est un atout considérable pour les équipes de Complet et comme on sait que l'épreuve sera au Pin, ces gens-là tiennent à venir s'entraîner ici. »
Quel bilan faites-vous aujourd'hui à Equi-France ?
Equi-France est également partenaire de l'Agence Pompadour qui organise des ventes de chevaux de génétique française au sein du Pôle de Deauville et également des chevaux à vocation de Complet au Lion d'Angers. Cela fait plusieurs années qu'Equi-France collabore avec l'Agence Pompadour. Sa mission est de faire venir des clients étrangers. C'est la deuxième année que nous organisons une vente ici à Deauville au sein du pôle qui est une structure idéale, parce qu'il y a un très grand manège, de grands parkings, des boxes clairs et spacieux. Les étrangers peuvent aussi profiter de la station balnéaire de Deauville, atout supplémentaire.
Internet est un outil indispensable au courtier pour envoyer des vidéos de chevaux qui peuvent convenir aux demandes des clients. Les demandes sont de deux catégories : vous avez les professionnels des pays émergents qui ont la compétence pour avoir des chevaux peut-être plus sophistiqués et vous avez l'amateur éclairé qui lui dispose d'un budget important mais pour lequel il faut des chevaux faciles. Equi-France essaie de se positionner sur les deux créneaux. »
Qui est Hervé Louchet ?
« J'ai toujours eu des chevaux, à titre amateur et j'ai fait plusieurs fois le championnat de France. J'ai vécu cinq ans aux Etats-Unis où j'ai appris la discipline du Hunter, qui est une discipline très peu répandue en France mais dont je me suis occupé à la Fédération pendant plusieurs années, ce qui m'a permis une certaine spécialisation et une ouverture vers les Etats-Unis, pour un type de chevaux bien précis. Je me suis occupé avec François Roemer, patron de l'Agence Pompadour, des équipes juniors pour les championnats d'Europe pendant quatre années de suite, en tant que chargé de mission, et j'ai terminé ma collaboration avec la Fédération Française par les Jeux Equestres de Sydney en 2000, où j'était également chargé de mission. Toutes ces opportunités m'ont appris ce qu'était le haut niveau et m'ont permis de côtoyer les plus grands entraîneurs et les plus grands chefs d'équipe de la planète. C'est à cette occasion que m'est venue l'idée d'être courtier.
Avant cela, j'étais producteur de musique. Internet et la dématérialisation de la musique ont fait que le métier de producteur a complètement changé. J'avais deux passions dans la vie, la musique et le cheval. J'étais découvreur de talents d'artiste, je suis maintenant découvreur de talents de chevaux.
Equi-France avant de s'installer en Normandie avait une structure dans les Yvelines dans un endroit qui a été repris par un jeune professionnel qui a créé le Gambais Jump. J'ai en effet vendu ma structure à Arnaud Nessi lorsque je suis venu m'installer à la Chesnaye. »
La grosse échéance pour vous, ça va être 2014 ?
La grosse échéance pour moi c'est 2014, avec des préparations avant pour les Jeux Panaméricains avec notamment des cavaliers sud-américains, qui ont une forte attirance pour les chevaux français, car ce sont des chevaux qui exigent moins de travail physique et moins de précision dans la monte que les chevaux germaniques. Les Sud-Américains sont des gens plutôt cool, un petit peu paresseux, ils préfèrent avoir des chevaux qui ont le bon instinct de l'obstacle, et une certaine intelligence, plutôt que des chevaux allemands qui peuvent être très bons mais qui nécéssitent une équitation plus précise et beaucoup plus d'heures de travail à cheval. Les montures françaises leurs conviennent beaucoup mieux. »
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous