Escroquerie à la viande de cheval : vrai réseau ?
Le syndicat agricole Coordination Rurale et la Fédération Nationale des éleveurs professionnels d’équidés (FNEPE) dénonce depuis cet été « Un réseau mafieux belge parvenu à contourner frauduleusement la réglementation sanitaire » française, en écoulant dans l’alimentation des chevaux qui n’étaient pas destinés à la consommation.
Il s’agirait d’un réseau d’escrocs bien organisés qui récupéreraient gratuitement (ou pour un prix symbolique) un cheval âgé dont le propriétaire n’a pas les moyens de s’occuper, en lui promettant une belle retraite. Les chevaux seraient en réalité revendus à un abattoir, au prix de la viande : ils partent vers la Belgique, (avec ou sans) carnets de santé falsifiés, difficile de le savoir à cette étape de l’enquête, et reviennent ensuite en France pour finir à l’abattoir. Difficile également de savoir de quels abattoirs il s’agit : l’abattoir d’Alès a déclaré suspendre l’abattage des chevaux représentés par la filière belge en cause. Où est donc la responsabilité de chacun ? Certains des abattoirs cités dans la presse fustigent qu’ils agissent en toute transparence, au vu des contrôles quotidiens auxquels ils sont astreints. Autre difficulté : retrouver l’information en amont, faute d’une conservation informatisée de l’identification des chevaux, puisque les carnets de santé ne sont conservés que quatre mois après l’abattage par les haras nationaux. Que dire des propriétaires ? Naïfs ? Inconscients ou fermant les yeux ? L’enquête le dira. Si ce réseau d’escrocs est avéré, il semble que leurs méthodes sont bien rodées.
Si les animaux concernés sont sans doute impropres à la consommation (recevant des traitements médicamenteux lourds), la Direction générale de l’alimentation a précisé mercredi qu’il n’y avait pas de risque pour la santé humaine « à ce stade ». « Ce sont des chevaux qui ne suscitent pas d’inquiétude », ils étaient « en retraite » et « n’ont donc pas été traités » dans les jours précédant leur abattage, a-t-il ajouté précisant que ses services planchaient depuis deux mois sur le dossier. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, l’avait déjà laissé entendre vendredi dernier en déclarant : « La DGAL et le ministère de l’Agriculture sont extrêmement vigilants. Si à un moment ou à un autre, il y a des problèmes graves, on le dira et on traitera cette question. Aujourd’hui ce n’est pas le cas ».
Affaire à suivre...
Carine Robert
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