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Faire maigrir ou grossir une poulinière, une question de timing

Votre poulinière est trop grosse que ce soit par suite d’une erreur alimentaire ou parce qu’elle est du genre à prendre en suçant des cailloux.
A contrario, votre poulinière peut être maigre parce qu’elle à eu une précédente lactation fatigante, un problème de santé ou de nutrition, ou comme on le voit parfois, certaines

Votre poulinière est trop grosse que ce soit par suite d’une erreur alimentaire ou parce qu’elle est du genre à prendre en suçant des cailloux.


A contrario, votre poulinière peut être maigre parce qu’elle à eu une précédente lactation fatigante, un problème de santé ou de nutrition, ou comme on le voit parfois, certaines poulinières sensibles au transport, au changement de lieu et d’alimentation qui reviennent en mauvais état de leur passage à la saillie.


Dans les deux cas, il est important de la ramener à un poids meilleur pour sa santé. Mais tous ces changements doivent être faits en préservant à la fois la santé de la mère et la santé du poulain… donc à des moments stratégiques par rapport à la gestation et à la lactation.


Attention qu’encore plus qu’avec les autres chevaux, pour une poulinière, la taille du ventre n’est pas un critère pour déterminer de sa masse de graisse. Il faut se reporter aux maniements traditionnels, soit la couverture de gras au niveau des côtes, le chignon, le recouvrement de la base de la queue et le fait que la croupe soit double ou non (en fonction de la race).





Cas de la poulinière trop grasse


Il est indispensable qu’elle n’arrive pas trop grosse à la mise-bas. Par contre, toute restriction alimentaire pourrait être néfaste pour la fécondité. Donc tant qu’on n’a pas la confirmation de la gestation, il faut maintenir la jument à un régime strictement conforme au niveau énergétique avec ses besoins.


Une fois la gestation confirmée, et le premier mois derrière vous, il est possible de faire une petite restriction énergétique (mais aucune restriction ni minérale, ni protéique) pendant les 6 premiers mois de gestation. Elle doit être inférieure à 10 % soit 0,4 UFC pour une jument de 500 kg. Cela permet de faire une baisse de poids de l’ordre de 22 kg en 5 mois et donc de diminuer d’environ d’un demi-point la note d’état corporel (échelle INRA) soit de la faire passer par exemple d’une note de 4 (grasse) à une note de 3,5 qui est un peu gros pour une jument à ce moment du cycle.


On peut ensuite continuer cette diminution énergétique en augmentant progressivement en fonction des besoins de gestation mais en gardant toujours ce décalage de 10 % qui va donc naturellement évoluer vers -0,5 UFC. Évidemment, on couvre les besoins protéiques et minéraux. On limite ainsi la prise de poids du poulain dans les dernières semaines et les difficultés de poulinage.


Dans les derniers jours de gestation, on peut préparer au poulinage, si la jument est revenue à un poids acceptable en commençant à augmenter la ration. Mais si elle est encore trop grasse, le remède serait pire que le mal.


Par contre, pendant les 3 premiers mois de lactation, toute restriction énergétique ou autre est totalement exclue. Il faut soutenir la jument et sa production laitière au mieux et faire que le poulain se développe.





Si la jument est encore trop grosse, on pourra reparler restriction énergétique (et encore une fois seulement énergétique, les protéines et les minéraux, on couvre), à partir du 4e mois de lactation tout simplement en prenant une courbe descendante un chouïa plus rapide que celle préconisée. Pour ne pas pénaliser la production laitière, tourner plutôt autour de 5 % de sous alimentation énergétique sachant que comme on est à des niveaux élevés, cela fait déjà pas mal.


Si la restriction doit toujours porter uniquement sur l’énergie et non être globale, c’est simplement parce qu’on désire éliminer la graisse. Si on descend les protéines, la jument va détruire ses muscles, ce qui sera très néfaste pour elle. Si on descend les minéraux, ce sont les réserves de l’organisme et notamment les réserves osseuses qui seront attaquées avec des conséquences néfastes pour sa santé. Enfin, pour les éléments qui ne sont pas stockés par l’organisme, c’est tout le métabolisme qui sera touché.


Alors encore plus que pour tous les autres chevaux, faire maigrir une poulinière, ce n’est pas donner moins d’aliment, c’est modifier le rapport entre les différents constituants de la ration pour apporter la même chose avec moins d’énergie. On retrouve un avantage indéniable des rations « maison » quand elles sont bien calculées. Il est toujours possible de descendre l’apport énergétique tout en gardant les autres apports normaux. Alors qu’avec un aliment tout fait, si vous baissez la quantité par exemple de 10 %, certes vous aurez 10 % d’énergie en moins (apportés par l’aliment) mais aussi ipso facto 10 % de protéines, de minéraux ou de vitamines en moins.


Bien suivie et alimentée au mieux, il est possible sans aucun problème de modifier de 1 une note d’état corporel d’une jument poulinière sur le cycle, ce qui est considérable. Et cela sans aucun risque ni pour la jument ni pour le poulain.





Cas de la poulinière maigre


Avant la saillie, pour optimiser les chances de réussite, il faut que la jument ait un poids stable ou mieux qu’elle soit en évolution ascendante. On peut donc commencer une suralimentation transitoire un à deux mois avant la saillie. Cette technique est appelée « flushing » et est d’autant plus efficace que la jument est maigre.


En tout état de cause, un déficit énergétique de 3 à 4 jours avant l’œstrus peut inhiber la fécondation en produisant un état hypoglycémique.


Attention aussi sur les juments très maigres, on peut avoir une hyperlipémie souvent subclinique c’est-à-dire sans symptômes visibles et une infiltration graisseuse dans l’ovaire qui inhibe l’aptitude à la reproduction.


C’est une époque de l’année où l’herbe est souvent de qualité médiocre, le foin de l’année dernière et où les températures peuvent être assez basses. La jument maigre doit être alimentée en tenant compte de tous ces facteurs. Donc au niveau énergétique on à :


Besoin d’entretien + besoin de récupération + besoin lié à la vie en plein air (s’il y à lieu) + besoin de croissance (si jeune) + besoin lié aux températures.


Inutile de vous dire que cela peut vite monter….


Une fois la jument confirmée pleine, il convient de faire un point sur son état et les kg qu’elle doit prendre. On peut ensuite estimer l’apport énergétique qu’il lui faudra en sus pour récupérer.


S’il est possible de le faire avant le 6ème mois de gestation, c’est toujours mieux. Cependant, il faut augmenter très progressivement les rations et surtout ne pas dépasser les capacités digestives de la jument qui sont forcément atteintes par cette maigreur. Par mesure de sécurité, je n’ajoute jamais plus de 1 UFC comme besoin de récupération. Cela permet d’apporter 30 UFC par mois en sus des besoins et donc d’espérer avoir un gain de poids de 11 kg par mois.


Une fois qu’on entre dans l’augmentation des besoins suite à la gestation, soit à partir du 6e mois, j’ai tendance à alimenter comme si la jument était 1 mois plus tard soit l’alimenter au 7e mois comme si elle était au 8e. Cela à l’avantage de toucher tous les nutriments et donc de permettre une récupération globale.


Pour les juments maigres à l’approche de la mise-bas, une complémentation concentrée spéciale pour la préparation au poulinage prend tout son sens (Steaming-up). Elle se fait dans les toutes dernières semaines. Elle doit être progressive et modérée sur un plan quantitatif. Par contre, elle porte sur le qualitatif car elle doit compenser la chute terminale d’appétit en maintenant un bon état corporel. Elle stimule le développement fœtal assurant la naissance d’un poulain suffisamment mature et facilite la production de colostrum.





Si la jument arrive maigre en début de lactation, il faut lui réserver les meilleurs fourrages, un équilibre alimentaire au top, en suivant au plus près les besoins. Mais il ne faut pas non plus se bercer d’illusions. Si elle arrive maigre à la mise-bas, vous ne pourrez pas la remonter dans les 3 premiers mois de lactation. Si vous arrivez déjà à ce qu’elle ne perde pas de poids, vous aurez fait au mieux. Pour cela tous les coups sont permis. Si vous êtes en limite de digestion de l’amidon, vous recourrez à des corps gras. Vous fractionnez les repas. Vous portez une attention particulière à l’équilibre minéral…





Vous pourrez recommencer à reprendre l’affaire en main au moment de la décroissance de la production laitière vers le 3ème mois. Une façon simple de le faire est de « traîner les pieds » pour descendre la ration. Ainsi, vous conservez la ration 3e mois pendant le 4e. Vous descendez à la ration 4e mois pendant le 5e. Arrivé au 6e, si la jument n’a pas récupéré, vous restez à une ration 5e mois jusqu’à la fin de la lactation.





Là encore, c’est une œuvre de longue haleine mais qui permet d’une année sur l’autre d’avoir des résultats tangibles et surtout durables. Car mettre de la graisse sur une jument, c’est finalement assez rapide et facile. Mais lui faire récupérer des muscles, des os, des tendons, de l’état… du peps quoi, c’est autrement plus long.





Patience et longueur de temps…





25/09/2014

Actualités régionales