FENCES cru 2019 : moins de foals, plus de 3 ans SF
Le catalogue des 31e Ventes Elite Fences est paru …

C’est l’occasion d’un échange avec Arnaud Evain sur son contenu et d’un retour en arrière sur 30 ans de ventes.



Le Cheval : En quelques mots, comment s’annonce l’édition 2019 des ventes Elites ?

Arnaud Evain : Bien ! et le contraire vous surprendrait… Nous avons à peu près le même nombre de 3 ans que l’an dernier avec une proportion plus grande de Selle Français. Nous avons diminué légèrement le nombre de foals en début de semaine pour raccourcir les soirées.



LC : Et au niveau de la qualité ?

A.E. : La qualité réelle d’un millésime, on la connait que 4 à 5 ans plus tard mais, comme l’année dernière nous sommes en face d’un groupe homogène et bien malin qui pourra dire quelle sera la meilleure soirée !

Il y a une tendance ces derniers temps, qui s’est confirmée cette année, à ce que les éleveurs nous présentent lors des sélections des chevaux de plus en plus « verts ». Les modifications du calendrier SF ont probablement joué dans le même sens et nous avons vu des chevaux moins prêts qu’il a cinq ou dix ans : certains n’avaient sauté que quatre ou cinq fois avant de nous être présentés ! Dans l’absolu, c’est une bonne chose car cela ménage un peu plus leur intégrité physique, mais cela veut dire aussi que la marge de progression entre la sélection et les ventes est plus importante !

Chaque année, nous voyons de plus en plus de chevaux qui ont réellement changé entre Mai et Septembre et le « hit-parade » de la vidéo des sélections est de plus en plus bousculé après les répétitions et le soir des ventes.



LC : Y a-t-il des origines nouvelles qui ressortent ?

A.E. : Pas de gros « nouveaux venus », cette année mais quelques confirmations : Cornet Obolensky et Contendro conviennent bien à la jumenterie française et nous ont permis à eux deux de retenir une quinzaine de sujets très prometteurs ; Vagabond de la Pomme et Up to You, croisés dans le sang, produisent des chevaux à la fois forts et stylistes …

Kannan, Diamant de Semilly, Vigo d’Arsouilles, Casall confirment leurs statuts de superstars.

Du côté des foals nous avons vu plusieurs très bons Untouchable 27, Mylord Carthago et Big Star aux côtés des « traditionnels » Cornet, Diamant, Casall, Baloubet du Rouet et cette année encore, une remarquable fille de Galoubet A.



LC : Avez-vous préparé quelque chose de spécial pour ces trente années d’existence de Fences ?

A.E. : Nous avons célébré cet anniversaire l’an dernier avec les 30èmes ventes et la décoration d’accueil restera à peu près la même. En revanche, il y a de grands changements à l’intérieur du manège : les tables du restaurant font désormais face à la piste et sont disposées sur 6 paliers au lieu de 4.

Ce sont des tables de 8 couverts qui permettent de garder l’esprit de convivialité mais aussi de suivre plus attentivement, et sans se tordre le cou, le spectacle des chevaux qui sautent.

L’inconvénient est que nous perdons environ 150 places assises et c’est pourquoi nous recommandons vivement aux intéressés de réserver leurs places à table dès maintenant !



LC : En 30 ans le paysage commercial a changé ! Que retenez-vous principalement de ces évolutions ?

A.E. : En 1989 la part des ventes aux enchères dans la mise en marché des chevaux de qualité était faible partout en Europe, sauf en Allemagne.

Aujourd’hui la concurrence a explosé. Les ventes physiques et « en ligne » se sont multipliées un peu partout. La part des enchères est devenue prépondérante dans le marché des foals et des 3 ans haut de gamme. Cette concurrence est bénéfique pour les acheteurs car elle pousse à toujours plus de services : la mise en œuvre des estimations, des garanties vétérinaires et d’un service après-vente de qualité s’est faite en partie sous la pression de cette concurrence.



LC : Comment voyez-vous l’avenir de ce point de vue ?

A.E. : L’élevage progresse partout en Europe mais, qu’il s’agisse d’amateurs avec 1 ou 2 juments ou de grands professionnels avec des dizaines de naissances par an, les éleveurs ont besoin d’aide pour commercialiser leur jeune production.

La place de l’image dans le commerce devient énorme à tous les niveaux et l’internet est appelé à jouer un rôle de plus en plus important. Facebook est déjà le « courtier N°1 » pour bien des catégories de chevaux, de nouvelles structures de ventes en ligne se créent régulièrement, et les ventes classiques se déclinent sur le web. Nous avons créé Fences Web en 2017 et nous avons déjà organisé 25 ventes en 24 mois.



LC : Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?

A.E. : Les deux mon capitaine !

Cela élargit considérablement le nombre de participants potentiels à une vente en permettant d’enchérir à des gens très éloignés des chevaux proposés, mais cet éloignement peut devenir un problème quand le client, qui n’a la plupart du temps pas vu physiquement le cheval sur lequel il enchérit, est déçu par la réalité en découvrant à la livraison qu’il n’avait pas tout vu avant d’acheter !

A terme, ne survivront que les structures sérieuses offrant de véritables garanties de sélection et apportant par l’image une description très détaillée des chevaux présentés et de leur bilan de santé.

C’est en tout cas la politique que nous conduisons sur FencesWeb pour les 3 ans et les foals que nous avons retenus lors des tournées de printemps et que nous mettons en vente sur internet avec les ventes de sélection de 3 ans, les 23 et 24 septembre et de foals du 30 septembre et 1er octobre.



LC : Comment voyez-vous le paysage des ventes aux enchères en Europe dans dix ans ?

A.E. : Il restera vraisemblablement au maximum quatre ou cinq grosses « plateformes » offrant des services à des structures privées importantes ou à des associations d’éleveurs pour les mettre en relation avec des acheteurs en effaçant les distances grâce au numérique. Pour faire partie des « survivants » ces plateformes auront développé des services de description des chevaux et des garanties de satisfaction qui n’existent pas encore aujourd’hui.

La vitesse de propagation des images et des données, les progrès de la science et l’arrivée de l’intelligence artificielle permettent d’imaginer que dans un futur plus ou moins proche, les acheteurs disposeront de données objectives grâce à la génomique, l’accélérométrie, l’analyse des images, …

Cela facilitera la tâche des acheteurs plus que celle des vendeurs mais à la fin, il n’y aura toujours qu’un seul champion de France des 6 ans, et une seule médaille d’Or aux jeux olympiques.

Le plaisir de rêver en attendant que le poulain grandisse et l’adrénaline au moment où il prend le départ d’une épreuve quelle qu’elle soit sont deux carburants durables pour faire marcher le moteur économique de la filière cheval de sport.

Propos recueillis par ER

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