Fontainebleau : un Printemps aux parfums olympiques
Parfaite organisation ici. Météo capricieuse mais globalement acceptable. Fréquentation moyenne tout au long de la semaine mais déferlement de public pour les grands Prix du dimanche. La cathédrale du saut d’obstacles fut rapidement trop petite. Il y avait du monde partout, en rangs serrés, tribunes, gradins archi pleins. Le tapis vert était déroulé sur l’aire réservée aux exposants et sur le chemin conduisant aux pistes. Bel effet de déco et, signes des temps, une propreté quasi parfaite sur l’ensemble du site.Â
Oui, la médaille d’or de l’organisation revient à Sylvie Robert, à ses équipes et à la FFE qui sait aller de l’avant et a favorisé ce brassage de cultures. Serge Lecomte a toujours été un visionnaire.
Je vous livre ici mes impressions très personnelles sur cet événement après le factuel quotidien véhiculé sur notre site lecheval.fr.
Sur le Complet. Première épreuve spectaculaire mais sans plus. On a connu mieux ici. On a aimé les départs et les remises de prix sur l’herbe du Grand parquet. Pas de cérémonial somptueux, juste un protocole sobre pour fêter les premières places de, dans l’ordre, Nicolas Touzaint/Fibonacci*HDC, Tom Carlile/Darmagnac de Béliard et Nico/Gauguin du Buisson. On a vu mieux en Complet comme épreuve ici. Pour ce 3* à 30 partants pour 6 nations, l’enjeu tenait plus de l’organisation que du sport.
Sur le para-dressage. Le partenariat conclu avec la filière du Cuir français - un chèque de 200 000 € qui permet aux athlètes français de travailler en résidence chez Marina Caplain Saint André au haras de Champcueil en région parisienne doté d’un barn supplémentaire de 4 boxes mis à disposition par Cheval Liberté - donne de la force et du sens à la bande de Fanny Delaval. A tous les niveaux, l’équipe de France pointe à la 2e place. La cohésion est bonne et les progrès sont palpables. Le modèle économique de cette préparation initié par le fonds EquiAction de la FFE est un exemple d’engagement sur les valeurs de la résilience, du dépassement de soi, du courage.
Sur le saut d’obstacles. Un bouillon de cultures, parfois un brouillon de cultures. On saute sur toutes les pistes et à toute heure du jour et à tous les niveaux. Il n’y a plus de listings imprimés, les batteries des portables ont des limites et la connectique de Fontainebleau n’a rien d’olympique. C’est galère. Mais c’est le printemps, on y va. Et je ne vous parle pas de la salle de presse où le confinement est de rigueur. Les blogueuses influencées et les influenceuses déjantées, jeunes certes, avec les derniers « cailloux » de Canon, sont pléthore. Pour quoi faire ? Du buzz, de l’illusion. Marc Verrier n’est plus là . Les confrères de feu l’Eperon non plus, engloutis dans le naufrage du titre. À la belle époque ils étaient 7 ou 8 et il y avait du contenu vérifié et durable. J’en cite quelques-uns par amitié : Paul Dubos, Libbrecht, Jeangirard, Patricia Cagé, Aurélie, Elodie, Béa Flechter, Magali. Aujourd’hui l’armada de Grand Prix, tentaculaire et polymorphe avec ses jeunes princes du digital, envahit l’espace.Â
Jean Morel. L’homme-orchestre, directeur des concours, omniprésent. C’est un monopole à lui seul : la photo, la vidéo, le son, la télé, le dressage, les circuits du Grand national, c’est lui. « On est là pour rendre service » glisse-t-il goguenard. Il a du charisme, sait tout faire et le fait bien. Il est « l’homme-lige » de Sylvie Robert cerveau des grands événements, celui qui va au charbon quand il faut. Avec leurs équipes, Ils sont les hirondelles qui font le printemps…
Sur les championnats de France. Marseillaise à tous les étages, normal. Le renouvellement générationnel des champions s’est fait sans heurts avec ce magnifique stress qui vous plonge au plus profond du classement et cette remontada grisante qui vous propulse sur un podium.
Il était tombé en désuétude ce championnat de France, snobé par les élites. Le Printemps l’a boosté hors des sentiers battus et en a fait une affaire d’état de grâce. Champion de France Pro Elite, c’est un titre envié. Cédric Hurel s’est battu pour l’avoir, il l’a eu.
Sur les podiums. Arnaud Bourdois/Gin Fizz des Matis, (Bretagne, coach Frédéric David), Andrea Bormioli/Pipi Np et Jim Aboudaram/Enigma de Braize pour les Pro 2.
Alexandre Fontanelle/Kyra Rosa (Jura), Mathieu Noirot/Eldorado du Grasset et Lucas Fournier après barrage avec Xavier Hazebroucq/Cordillo pour la Pro 1.
La revanche de Cédric Hurel sur sa déconvenue du championnat 2023 fait plaisir à voir. Fantastique Fantasio n’a pas eu peur cette fois et Cédric prend la médaille d’or. Simon Delestre/Kinmar Agalux est 2e et Alix Ragot/KS Carat, 3e. Harold Boisset/T’Obetty avait fait l’essentiel mais une barre à terre lui octroie la médaille en chocolat. L’inoxydable Philippe Léoni/Miss Marie est toujours dans le coup et pointe à la 6e place.
Sur l’élevage. H’Aubigny de Talma meilleur 7 ans du Printemps. Les « Finales Fences » des CSIYH 1*, réservées aux jeunes chevaux de 7 ans (1,35 m) et de 8 ans (1,40 m). Le cavalier belge Nathan Budd s’impose dans les sept ans avec l’étalon SF H’Aubigny de Talma (Ogrion des Champs), après avoir pris la 3e place dans le Prix FFE de jeudi. L’étalon appartient à son cavalier et au haras belge des Rosiers. L’Allemande Kendra Claricia Brinkop est victorieuse dans les huit ans avec le Kwpn Lot Sport.
Grand Prix 5*. « Un barrage contre le Pacifique » (Marguerite Duras). Rien à voir mais un fabuleux dénouement qui oppose en finale Jennifer Hochstadter/Golden Lady, la protégée de Simon Delestre, l’outsider du CSO Aurélien Leroy/Croqsel et l’immense, comme le Pacifique, Steve Guerdat/Dynamix de Belheme. Enorme de difficultés ce parcours initial que seulement trois couples ont franchi clear round.
Foule énorme et compacte autour de la carrière des Princes mais loin de ce qui se passe à Aix-la-Chapelle (certains ayant comparé la cité impériale au site gardien de la sépulture de Charlemagne) : quatre fois plus de public, tous assis et tous payants en Allemagne.
A Bordeaux, Jeanne Sadran avait crevé l’écran avec Dexter de Kerglenn. A Fontainebleau, Jennifer/Golden Lady qui montait il y a quelques années l’olympique Berlux Z crève elle aussi l’écran. Elles sont toutes les deux coachées par Simon Delestre. Et à la fin, c’est Guerdat qui gagne et prend le chèque de 50 000 euros. Ok c’est moins qu’en Arabie Saoudite.
Sur les jeunes cavaliers. Alexandre Reumaux/Dragon Boy d’Ick du team Merzé compétition de Cluny (Virginie Martinot) prend le meilleur suivi de Baptiste Eichner/Black’n Roll et Alice Lainé/Vol au Vent.litière.cheval.com.
Sur le Dressage. Du bon et du rebond depuis que Jean Morel est aux manettes. La progression est assez spectaculaire. Pauline Basquin/Sertorius de Rima*IFCE profite pleinement de ce vent favorable et approche les 80 % dans la Freestyle Grand Prix où elle se classe 3e. Corentin Pottier/Gottilas du Feuillard est à 78,600 %.
FENCES. Nouveau pari gagné. 14 performers de 5 à 8 ans et 7 embryons nés dans la pourpre étaient proposés en nocturne pour cette deuxième édition de la vente du Printemps. Les 7 embryons ont tous trouvé preneur ainsi que 11 des 14 performers.
Sans surprise, c’est la sœur ou le frère utérin de la crack Caracole de la Roque qui a le plus passionné les amateurs de génétique et qui est adjugé pour 34 000 euros.
Du côté des performers, le top price va au magnifique et spectaculaire entier fils de Comme Il Faut : Comme Convenu, adjugé 340 000 euros, ce qui constitue le nouveau record pour les ventes Fences de Performers.
Le chiffre d’affaires des chevaux réellement échangés est de 1 858 000 euros, en hausse de 24 % par rapport à la première édition.Â
Très sympathique et agréable soirée à l’image de la nouvelle génération FENCES.Â
Etienne Robert
Que sa victoire est belle
Un caprice de Fantasio Floreval l’a privé du titre de champion de France l’an dernier. Cédric Hurel a pris sa revanche cette année (à 50 ans, il était temps, dit-il en rigolant) en s’imposant sans coup férir comme champion de France en titre 2024, l’année olympique.Â
On nous avait prédit de la pluie et des orages. Les seuls orages ce sont ceux qui ont bouleversé l’ordre des classements de la première manche de la finale. Harold Boisset/T’Obetty, Pierre Marie Friant/Urdy d’Astrée, Clément Boulanger/Kiling, Nicolas Layec/Du Valon auraient pu si… un 4 pts de dernière minute n’avait pas changé la donne.
Simon Delestre/Kinmar Agalux et Alix Ragot/KS carat, un cheval que montait il y a peu le Brésilien Yuri Mansour ont bénéficié des fautes de leurs suivants et assuré leur place sur le podium. La 2e pour Simon (7e mondial) et la 3e pour Alix qui a pris place parmi les ténors du haut niveau.
Fantasio Floreval dont le père Florian de la Vie est quasi inconnu bénéficie en revanche d’une souche maternelle « béton » qui est à l’origine des chevaux belges « du Seigneur ».Â
« Le cheval était destiné à mon épouse, à l’origine, pour faire 125-130. Je l’ai monté un peu en jeunes chevaux mais je ne m’y suis vraiment intéressé que lorsque nous l’avons acheté, c’est-à -dire à 9 ans. Il avait été très économisé et là j’ai senti qu’il pouvait faire beaucoup mieux que 125/130. La suite devait nous le prouver. J’ai raté le titre de ma faute l’an dernier. Je l’ai monté un peu fort sur la rivière dans la première manche et en finale quand nous sommes passés près de la rivière qui n’était pas à sauter, il s’est arrêté net. Je suis très content de ce qui m’arrive aujourd’hui ».
E. R.
Grand Prix 5* : Guerdat/Dynamix versus Leroy/CroqselÂ
Quel final ! Quel barrage à 3 entre le cavalier français Aurélien Leroy/Croqsel de Blaignac, le géant suisse Steve Guerdat et Dynamix de Belhème, et la jeune Jennifer Hochstadter et Golden Lady ! Jennifer sans-faute, Aurélien la bat de près de trois secondes lors d’un parcours époustouflant, alors que Dynamix fait encore mieux, améliorant le chrono de 6 dixièmes de seconde ! Grandiose !
Le ciel fut clément pour le premier Grand Prix 5* du Printemps des Sports Équestres orchestré par les équipes de Gl Events.
Depuis le milieu de matinée le parking était bondé, les restaurants pris d’assaut, chaque chaise disputée âprement. Le Grand Parquet connut un dimanche des grands jours, au décorum parfait que l’on n’avait plus vu depuis longtemps, orchestré par la Garde Républicaine. Puis on rentra dans le dur. Le parcours dessiné de concert par Santiago Varela et Grégory Bodo donna du fil à retordre aux 50 couples internationaux engagés. Il fallut trois quarts d’heure avant d’assister au premier sans-faute. Il s’agit de la toute jeune cavalière du Liechtenstein Jennifer Hochstadter, 21 ans et son excellente sauteuse Kwpn Golden Lady (Cassini Gold), qui avait marqué lors du Saut Hermès par sa 5e place face aux plus grands. Après plus de trente cavaliers, le seul à s’approcher du score idéal était le Belge Koen Vereecke, seul autre sans-faute, mais qui sera sanctionné d’un point de temps dépassé avec l’étalon Lector Vd Bisschop (Bamako de Muze).Â
Les couples les plus attendus firent défaut et ce d’entrée de jeu, à l’exemple de l’Allemand Daniel Deusser, présent comme il l’avait annoncé avec sa petite-fille de Derlychin de Muze, Killer Queen VDM, après sa double victoire de la veille : 8 points. Même verdict pour Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper. Julien Anquetin sera contraint à l’abandon avec Z Ice Cube Z. Beaux parcours de Jeanne Sadran/Vannan, Julien Gonin/Valou du Lys, de Julien Epaillard/Donatello d’Auge, mais tous sanctionnés d’une barre au sol. Le Suédois Peder Fredricson ne sera pas plus heureux avec son étalon SF Alcapone des Carmille (Diamant de Semilly x Heartbreaker), 3e à Abu Dhabi, 8 points.
Plus personne n’y croyait… Peut-être un miracle… Jusqu’au passage d’Aurélien Leroy et l’étalon gris Croqsel de Blaignac, un fils d’Ugano Sitte et Tara de Blaignac né chez Maité Lenormand, qui semblèrent survoler les difficultés en toute confiance et décontraction… Un magnifique parcours salué longuement par les vivas de la foule. Une belle performance pour le couple qui s’offrait une 3e place dans le GP 4* de Gorla Minore il y a 10 jours. Après sa 8e place la veille sur 1,55 m avec Vendôme d’Ick, quelle performance pour ce cavalier issu du concours complet…
Toujours redoutable, Steve Guerdat les suit avec sa jument Dynamix de Belheme (Snaike de Blondel et Soudaine du Montet), récente 2e du GP VDL du CSI5* de ‘s-Hertogenbosch. La jument, née chez Frédéric Aimez, que débuta à 4 ans Luc Demarcy va survoler les barres avec aisance, quel parcours !
Que ne suivra pas le jeune Britannique Harry Charles, contraint à l’abandon avec son fils de Bisquet Balou, Sherlock… Pas plus que l’Irlandais Mark MacAuley et sa Lady Amaro qui jettera pareillement l’éponge…
C. Robert
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