Frédéric Jager : le cheval en majuscules !
« Si Michelangelo avesse scolpito cavalli, non avrei mai osato farlo ». Autrement dit : « Si Michel-Ange avait sculpté des chevaux, je n’aurais jamais osé le faire. » Cette phrase inscrite sur le mur de l’espace VIP à Equita Lyon où Frédéric Jager exposait ses œuvres il y a quelques semaines n’était pas choisie au hasard. Au vrai, Frédéric Jager ne se compare pas aux maîtres qui l’animent. Gericault, Caravage, Michel-Ange ou encore Rodin, ces génies de la sculpture l’ont poussé à 17 ans à rejoindre la piste parfois sinueuse des artistes. Aujourd’hui, ce sculpteur et peintre de 64 ans pourrait se targuer de toucher du doigt la perfection artistique de ces géants de la sculpture mais aussi de s’approcher de leurs œuvres majuscules. Pour le vérifier, il suffit de parcourir le « palmarès » vertigineux de ce Jurassien : Chaconne, un cheval de bronze de 650 kilos et 1,72 mètre au garrot, Un homme et son fils à cheval, les trois chevaux en plâtre moulé et réalisés grandeur nature de sa fameuse Fontaine (Chantilly) ou encore les deux statues équestres qui ornent depuis 1995 le portail d’entrée du Haras de Besançon. « Je souhaite que l’on me voie car j’ai des choses à vous dire », nous explique l’artiste. Loin de lui l’envie d’être pédant, bien au contraire : « Plus j’avance dans la vie, plus l’orgueil me fuit », nous glisse-t-il. L’audace serait davantage le qualificatif approprié à cet amoureux des chevaux dont il apprécie l’aspect sauvage. Une insoumission que l’on retrouve dans chacune de ses œuvres grâce à un esthétisme vibrant et un mouvement éclatant. Chaque cheval, même au repos, semble prêt à partir au galop, lancer un antérieur ou encore à secouer la tête. Ce « Cheval renversant son cavalier » paraît même habité à l’instar de son créateur qui ne cesse de rêver. « J’aurais beaucoup aimé être un grand cavalier, devenir un champion de saut d’obstacles mais ce métier exige beaucoup de rigueur et je peux m’ennuyer très vite. ». Il est vrai que sculpter des chevaux dans le bronze et à taille réelle, est loin d’être rébarbatif. « A l’inverse des hommes, le cheval est toujours beau. Et l’amour du beau chez moi, passe d’abord par les yeux. » Et c’est sûrement ce détail qui vous plongera dans l’univers fascinant de Frédéric Jager.
A ces heures perdues, cet amoureux de Bach monte à cheval ou pince quelques cordes de sa guitare pour composer des airs avec, comme ligne directrice, le hasard. Ne comptez pas sur un fil rouge, encore moins sur un quelconque protocole que l’artiste suivrait à la lettre lorsqu’il sculpte. Ce passionné de flamenco laisse facilement libre cours à l’improvisation lors de chaque création qu’elle soit musicale, à l’huile, à la gouache, au crayon ou dans le bronze. C’est peut-être ici que se cache le secret de cet homme bienveillant aussi intrépide que ces œuvres...
Anne Deram
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