Gerco Schröder et Eurocommerce London décrochent la Palme
Le chef de piste italien Uliano Vezzani assisté du Français Serge Houtmann ont concocté deux manches très techniques, saupoudrées d'originalités qui n'ont pas manqué de déstabiliser les couples les moins expérimentés. Ils étaient 49 couples à s'élancer dont 11 Français mais, il faut le dire, le cœur de la Croisette battait définitivement pour un petit Français nommé Itôt du Château et sa cavalière australienne Edwina Tops-Alexander, accessoirement épouse du créateur du Global Champions Tour, Jan Tops. L'alezan, âgé de 16 ans concourait en effet pour une victoire historique. Vainqueur de l'épreuve en 2010 et 2011, il deviendrait le seul cheval à réussir le triplé s'il rééditait l'exploit !
Les premiers cavaliers à s'élancer en 1re manche se sont heurtés aux nombreuses difficultés de ce tour aux côtes maximales, 1,60 m. Un parcours très rapide, laissant peu de temps de récupération aux chevaux entre les efforts, et aux courbes nombreuses et délicates, notamment un virage à angle droit en sortie de triple avant d'attaquer la dernière ligne, droit-oxer. Le triple lui-même, venant en fin de parcours et placé le long de la tribune du public a véritablement été un juge de paix, de même que la palanque blanche et le double en début de parcours. Aucun instant de relâchement n'était possible pour les cavaliers, en témoignent les chiffres : tous les obstacles sont tombés au moins une fois, la sortie de triple plus de 15 fois, et le dernier au moins 10 fois !
Des Français à la peine... et une sensation : Ohm de Ponthual
La solution c'est Jérôme Hurel qui la trouve en premier, en selle sur son surpuissant étalon Ohm de Ponthual. Au prix d'efforts physiques visibles, le cavalier français travaille sans répit son cheval et ses abords et réalise le premier sans-faute, confirmant tout le bien que l'on pensait de ce fils de Voltaire, qui désormais serre les courbes, évitant l'écueil du chronomètre. Plus d'une vingtaine de couples se succèdent alors et les scores sont lourds. 20 points pour Julien Epaillard et No Name De Siva, idem pour Michel Robert et Kaloe des Perrières, 11 points pour Edouard Couperie et Nectar des Roches, et même abandon pour Meredith Mickaëls-Beerbaum et Bella Donna... Les meilleurs mondiaux peinent également et nombreux sortent à 4 points comme Marcus Ehning et Copin Van de Broy, Mickaël Whithaker et GIG Amai, Marco Kutscher et Cornet Obolensky, Ben Maher et Tripple X. Côté tricolore, Simon Delestre et Valentino Velvet, Philippe Rozier et Jadis de Toscane, Kévin Staut et Rêveur de Hurtebise HDC, Roger-Yves Bost et Castle Forbes Myrtille Paulois sortent à 4 points et se quallifient pour la deuxième manche qui compte les 18 meilleurs couples dont seulement 7 sans-faute !
Eurocommerce London... Un nom prédestiné ?
Parcours complètement différent en 2e manche dont les deux principales difficultés auront été l'enchaînement sur une courbe de deux doubles inversés et les problèmes de visibilité de certains obstacles pour les chevaux dus à la nuit tombante et aux éclairages artificiels. Parmi les favoris, le numéro 1 mondial Rolf-Göran Bengtsson et Casall La Silla, Billy Twomey et Tinka's Serenade, Edwina Alexander-Tops et Itôt du Château, Christian Ahlmann et Taloubet Z et Gerco Schröder et Eurocommerce London... A l'exception de Marco Kutscher, Alvaro de Miranda et de Ben Maher, aucun autre couple à 4 points dans la première manche ne réalisera le sans-faute, et même certains scores s'alourdiront, notamment pour Jérôme Hurel (8 points), Kévin Staut (20 points) ou encore Billy Twomey (8 points). Seuls trois réussiront le doublé, offrant un barrage au public cannois. Premier à s'élancer, Rolf-Göran Bengtsson attaque le barrage avec conviction et la précision d'horloger qu'on lui connaît. Casall, très rapide sur les barres, avale les obstacles sans difficulté et signe son 3e parcours sans pénalité en 34''38. Gerco Schröder et son phénoménal fils de Nabab de Rêve de 10 ans entrent en piste, bien décidés à remporter leur première victoire sur le circuit GCT. Eurocommerce London impressionne par ses capacités à se déplacer souplement sur le sol et de survoler les barres sans effort apparent. Il mange Bengtsson d'un cheveu et franchit la ligne en 34''22. Autant dire, rien... Il n'en reste alors qu'une. Le couple tenant du titre, parti dernier de la deuxième manche n'a pas vraiment eu le temps de souffler que déjà il s'élance à fond de train. L'extraordinaire, le crack Itôt, tous les superlatifs sont de rigueur pour ce petit cheval hors norme qui tel un chat s'enroule sur les barres, signe le sans-faute en 34''89. Si Gerco Schröder s'offre à Cannes une des plus belles victoires de sa carrière, il démontre surtout le potentiel incroyable de son London, probablement le bien nommé.
Des Français en forme
Si le Grand Prix n'a pas réussi aux tricolores, le jumping de Cannes leur a tout de même offert de belles victoires. En particulier pour Pénélope Leprévost et Philippe Rozier, respectivement récompensés du prix de Meilleure cavalière et de Meilleur cavalier du Concours. Pénélope Leprévost s'est particulièrement distinguée le vendredi en remportant les deux épreuves de la soirée, l'épreuve de vitesse 1,45 m avec Oscar des Fontaines et le Grand Prix 1,50 m avec Nayana. Quant à Philippe Rozier, il gagne l'épreuve de vitesse du samedi sur sa surprenante jument marocaine Akita, déjà 3e la veille dans la 1,45-1,50 m au chrono. A noter également le prix Coup de Cœur du concours attribué à Eugénie Angot.
Stéphanie Auger
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