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Grand National : « C’est cadeau »

  • Un tremplin aussi pour Benoît Cernin
    Un tremplin aussi pour Benoît Cernin
Le « Grand National », initié en 2007 par le Président de la Fédération française d’Équitation, Serge Lecomte et construit pierre après pierre par Jean Morel, qui a su s’entourer d’une vraie équipe, qui pense Grand National « même en se brossant les dents », a joué pleinement son rôle de « porteur » des cavaliers d’avenir. Et cela suppose d’autres idées, d’autres challenges pour faire plus et mieux. Bilans, souvenirs et projets en pagaille.





Jean Morel a le verbe facile de celui qui parle de son bébé. Pour lui cette entreprise en est une, avec un vrai projet, et des moyens mis en face : « Le marché sportif a énormément bougé en dix ans. Il faudra faire partie d’une Computer List pour pratiquer le * et ** étoiles, et avoir énormément de moyens. Le rôle et le but du Grand National est de monter une filière économique de préparation des cavaliers licenciés aux concours. »


Quel est le projet sportif que la Fédération peut proposer aux jeunes cavaliers ? Leur « donner envie » et leur « donner les moyens » à travers Lamotte Beuvron, l’Amateur Gold Tour, les Championnats de France et le circuit Grand National : dix étapes Grand National, et (nouveauté 2018) six étapes indoor, les Masters Pros et quelques CSI.





On repart à 0





Pour cela, en 2018, « On repart à zéro, dit Jean. On a tout à réécrire. Nous rouvrons un livre Grand National et Grand Indoor. » Explications.


Le Grand national a fait ses preuves. Son plus beau « bébé » c’est Mathieu Billot, arrivé « tout tchio (petiot) » lors des premières années, et qui tutoie les CSI5*. Il y en a d’autres bien sûr. La formule « On repart à 0 » n’est pas une image : comme il a fallu convaincre cavaliers, organisateurs et sponsors de l’utilité du Grand National, il faudra faire de même avec les organisateurs de concours indoors. Pour que les cavaliers puissent développer leur projet sportif sur toute l’année, pas seulement sur six mois. Pour cela, il faut trouver de nouvelles étapes, trouver des projets dynamisants, de nouveaux sponsors et partenaires, avoir un vrai plan marketing, mettre davantage les cavaliers et propriétaires en avant, avec les nouvelles formules de communication : streaming, plateaux télé, etc.


Les exigences sont précises : deux pistes, un sol d’excellence, un programme sportif et festif, un accès à l’autoroute, un grand parking.





Ce n’est pas tout...





D’autres projets sont à l’étude : la création d’un mini-circuit 1,45 m (FFE Top Jeunes Talents - AC Print- Cheve’l), pour créer une passerelle aux cavaliers qui veulent se préparer aux 1,50 m. L’Amateur Gold Tour va encore se développer : il a huit ans, de nouvelles dates et lieux sont à l’étude. Pour le complet l’IFCE est partante pour reconduire le partenariat, le complet se prépare également, avec la recherche de nouveaux sites, notamment dans le Sud, pour couvrir toute la France.


Mais leur « Caravane de formation », de Lamotte en passant par le Grand National vers l’Equipe de France, inclut de développer et conforter chaque étape : le Grand Manège de Lamotte en fait partie, la réflexion pour améliorer les Masters Pro également, comme le circuit Amateur Gold Tour.





Un court bilan ?





Jean Morel est assez heureux de la synergie qui s’est créée entre le Grand National, la Directrice Technique Nationale Sophie Dubourg et les équipes en charge du Haut Niveau. Cette année de nombreux cavaliers s’illustrant en Grand National, et remarqués par Philippe Guerdat, ont disputé des CSIO5* en équipe de France. Pour le reste ? Sophia Mariller, présente à Equita’Lyon, et ses parents éleveurs, nous ont livré un témoignage sur le vif absolument inattendu. (voir encadré)





Souvenirs cocasses





Jean et Marie se souviennent des « jeunes années », entre fous-rires et émotion. A Ste Mère Eglise la première année une tornade les a accueillis. Pas de camion encore, ils n’avaient qu’une tente... qui s’envola. A Tartas ils ne furent pas plus heureux : ils ont monté la tente sous la pluie avec un vent à décorner les bœufs de Camargue. A Lure (avant que le sol soit refait en sable), les trombes d’eau étaient telles que la moitié des concurrents ont refusé de disputer le Grand Prix Pro Elite. C‘est Walter Lapertot, un des téméraires, qui l’avait emporté. Tout démarrait, tout était à construire. Avec son langage fleuri, Jean résume : « Tous les week-ends ça nous pétait à la tronche. »


Mais cela créera des liens indéfectibles : « une équipe soudée comme jamais, des liens très forts avec les organisateurs : ils ont vu dans quelles conditions on travaillait, ils ne savaient quoi faire pour nous simplifier les choses ».


Jean : « La radio sur la route, c’est Radio Nostalgie. On envoie des sms à tous ceux qui rentrent comme nous, chacun de son côté. On s’envoie des vidéos pour les pauses. Car celui qui a gagné comme celui qui s’est pris douze points est tout seul dans son camion ... Cela crée des liens très forts ». et encore : « Marie, à l’aller, dort après un quart d’heure. Au retour non, on débriefe, on parle. Il faut tenir, parfois on rentre à deux, trois heures du matin. »


Un souvenir cocasse de Marie : « C’était à Barbaste. Jean et Thierry Pomel trouvent une pizzéria « géniale » pour le soir. En fait c’était tenu par un Portugais. On n’a jamais su ce qu’on avait mangé. » Puis lui vient un autre souvenir : « A Compiègne, l’année des JO, où Jean se trouvait, j’officiais seule. Mehdi Jedraoui devait animer le live. Au moment de commencer je me rends compte que pour une raison inconnue, la caméra est à plat alors qu’elle a été mise en charge toute la matinée, et je n’ose pas le dire à Mehdi. Il a fait tous ses commentaires, alors que je ne filmais pas. J’étais morte de honte... »


Sophia... parce qu’elle le vaut bien





Nous sommes à Equita’Lyon. Benoît Mariller et Marianne Sabatier se posent un peu : leur fille Sophia a disputé avec Type Top du Monteil le Grand Prix Pro Elite 1m50 remporté par Roger-Yves Bost et Sunshine du Phare. Déçue, Sophia, 9 points, 38e, mais elle oublie sans doute la difficulté du parcours, les 63 partants, les deux éliminations et les trois abandons... Elle oublie que c’est Jérôme Hurel qui la précède. On retrouve du Mathieu Billot des débuts dans ses doutes. Mais Marianne met les choses en place et en perspective : « Nous n’aurions jamais pu imaginer qu’elle dispute ce Grand National, ici à Equita’ ! Sans le Grand National, nous ne serions pas ici : on ne peut pas se payer une table VIP à 8 000 € pour pouvoir disputer le 2* ! Sophia n’aurait donc jamais pu disputer plus que des 1,45 m, et n’aurait pas pu évoluer autant. »


Evoluant en Pro 2 en 2014, la jeune cavalière monte deux CSI* en fin d’année, à St Lô et au Mans, et monte les jeunes chevaux de l’élevage familial en Cycles Classiques. Elle évolue en circuit Pro 1 en 2015, et sa première épreuve 1,40 m, c’est au Jump Bost Tour qu’elle la dispute, en mai 2015.


En juillet 2016 c’est avec Type Top du Monteil déjà qu’elle dispute son premier GP 1,45 m, au CSI** du Mans. Tip Top enchaîne les classements.


C’est donc en 2017 seulement que Sophia entame le tour de France du Grand National, toujours avec Type Top : c’est une 11e place à Cluny, 16e à Tours Pernay, 11e à Deauville, c’est un abandon à Rosières aux Salines, mais elle est 18e à Compiègne. Elle apprend. Se mesure aux « grands ». Type Top a dix ans, c’est un étalon fils de Calvaro, elle le monte depuis ses 6 ans. Il y a aussi Urbi des Chaînes (Eurocommerce Berlin), étalon gris de 9 ans, et Ariel de Moens, une jument de 7 ans, fille de Quaprice Boismargot Quincy.





22/11/2017

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