- Toute l’actualité du cheval et des sports équestres

Grand national, Jeux Olympiques : un tour d’horizon avec Jean Morel

Sélectionneur de l’équipe de France de Dressage, directeur sportif dans de nombreuses organisations, manager des trois disciplines du Grand National qu’il a lancé il y 20 ans, Jean Morel était à Saint-Lô le week-end dernier pour la dernière étape du circuit Dressage 2024, étape organisée de mains de maître par les équipes de Normandie Dressage. L’occasion de faire un tour d’horizon avec ce pilier « exécutif » des sports équestres à la FFE, une FFE qui va changer de président le 19 décembre prochain à la suite de son assemblée générale.

Petite étape ici ?

« Le Grand National a joué son rôle, puisqu'on a vu 60 chevaux différents dans toutes les étapes que l'on a faites. On est un peu déçus par ce dernier week-end à Saint-Lô parce qu’il y a peu d’engagés. Maintenant, il faut savoir que ceux qui sont venus là, ce sont ceux qui ont besoin des points pour rester sur le podium. Donc ça, c'est le classement général. Après, le circuit a fonctionné toute l'année, puisqu'on a sorti énormément de nouveaux chevaux et de nouveaux cavaliers. On s'en est servi aussi pour faire les équipes de France. On a remis Anne-Sophie Serre sur le Grand National de Barbaste. Et c'est grâce à ces concours-là aussi qu'on a pu retravailler les chevaux dans des bonnes conditions. Début d'année prochaine,  on prépare les chevaux pour la saison internationale, 5 étoiles de Fontainebleau,  Coupe des Nations de Compiègne, Rotterdam, Aix-la-Chapelle. Quand on aura fini la saison extérieure, on va redémarrer une saison de Grand National. Ça n'empêchera pas qu'il y aura quand même un Grand National par mois. La saison va démarrer plus tôt pour que les bons cavaliers puissent tourner en internationaux 2 et 3 étoiles. Et on a avancé le Championnat de France de Vierzon a fin mai avec obligation de participer au Master pro ». 

Satisfait de cette saison olympique ?

« Oui, une belle saison, et puis cette sixième place que les Français ont eue aux Jeux Olympiques, ça conforte tous les gens qui sont repartis dans le dressage et qui rêvent de faire de la compétition. Aujourd'hui, le fait d'être sixième au niveau mondial, ça nous fait inviter dans tous les concours. C'est beaucoup plus facile. Et cette équipe de France qui a eu cette place-là, aussi bien avec Aix-la-Chapelle qu'au Championnat d'Europe ou aux Jeux Olympiques, elle rend service à tout le système français. 

L’année prochaine, on va mettre les 7 ans sur le Grand National, on va se battre pour qu'il y en ait en International aussi. Généralement, les 7 ans sont montés par des cavaliers confirmés qui ont des chevaux de grands prix. Donc on va essayer d’harmoniser les dates pour pouvoir les avoir avec nous sur les entraînements ». 

Nouvelle olympiade, nouveau président. Le Grand National continue ?  

« Je pense que quel que soit le président, le Grand National, doit continuer. Il a montré un vrai besoin... C'est un vivier dans les trois disciplines. Pour les shows, je veux dire, avant qu'on ait démarré le Grand National, il y a 20 ans, il y avait 30 shows. On est passé, je crois, à 650 shows de Grand Prix. Et régulièrement, dans les équipes de France, aujourd'hui, on trouve des cavaliers qui ont démarré dans le Grand National. C'est une évidence, quel que soit le président, le Grand National doit perdurer. Et c'est le rôle d'une fédération de fabriquer des chevaux et des cavaliers. 

Toutes les dates sont arrêtées pour l'année prochaine, le calendrier va bientôt sortir et il y a toujours autant d’effervescence côté organisateurs, 20 ans après ». 

De nouvelles étapes ?

« Il y aura une ou deux nouvelles étapes. Après, je vais être honnête avec vous, ce n’est pas si simple, parce qu'on demande des efforts aux organisateurs. Dans leurs pistes, dans les toilettes, dans le réceptif, dans le parking. Et ça se fait pas en un an. Ça se fait progressivement. Maintenant, là où je suis assez fier du Grand National, c'est que nous avons réussi à faire améliorer les pistes en mettant des sub-irrigués. On a mis une petite pierre à l'évolution des pistes en France ». 

Reverra-t-on le Master Pro de Complet à Vittel ? 

« Je crois que malheureusement, pour l'instant, ce n’est pas le cas. Après, il peut se passer encore beaucoup de choses. Je pense que les gens adoreraient revenir à Vittel. On a  souffert d'un temps épouvantable cette année. C'est horrible pour un organisateur, parce que c'était magnifique, tout était prêt. C'est financièrement très difficile, et moralement, c'est épuisant. Un Complet, ça se fait pas en deux jours. Et c'était un cross qui était exceptionnel, dans les Golfs. On adorait cette étape et les organisateurs sont super. Après, on peut pas obliger les organisateurs à perdre de l'argent tous les ans ». 

Jean Morel sélectionneur pour Los Angeles, c'est sur les rails ? 

« Aujourd'hui, il n'y a rien sur les rails. Et c'est normal. La campagne pour la présidence de la FFE démarre. Après, si on me le propose, ce sera avec grand plaisir que je le ferai, pour une seule et unique raison. C'est qu'en 2 ans, je les ai quand même secoués très fort. Ils ont tous vraiment fait des efforts. Pour moi, ce serait une lâcheté de les abandonner, parce que l'effort, il est pour aller jusqu'à Los Angeles. Et le dressage, ça se fait pas en 2 ans. Donc il y a plein de nouveaux chevaux qu'on a démarrés. On a des propriétaires qui ont investi dans des chevaux, qui ont investi dans un système qui, a priori, leur convient. Donc, si je peux continuer avec la France, ce sera avec un grand plaisir. Si ce n'est pas faisable, je le ferai de toute manière avec d'autres ».

Quel bilan faites-vous des Jeux Olympiques ? 

« Pour le dressage, 6ème, c’est magnifique. Quand je l'avais annoncé il y a 2 ans, beaucoup de gens ont rigolé. Pour les cavaliers, c'est exceptionnel. Je veux dire, en 2 ans, 6ème à Aix-la- Chapelle, 6ème au Championnat d'Europe, 6ème aux Jeux Olympiques. Ce n’est pas du hasard. Deuxièmement, on a un peu joué de malchance. Nos cavaliers n'ont pas été performants à 100%. On aurait dû être 5ème sans aucun problème. Avec un peu de chance, on était 4ème. Et je ne suis pas en train de raconter la messe. Corentin s'est raté un peu. Le premier jour, il fait 70, quand d'habitude il fait 75. Pauline était un peu sous pression. Elle a fait des fautes qu'elle ne faisait pas avant. Mais c'est aussi le sport, donc on ne va pas le regretter. Avec la 6ème place, on est très contents. Mais avec une Pauline à 75 de moyenne, un Corentin à 73, comme il a fait à Rotterdam 15 jours avant, et un Alexandre à 72, la 4ème, on l'avait. Donc, le potentiel est là. C'est pour ça que ça m'intéresse d'aller jusqu'à Los Angeles pour prouver que nos cavaliers français sont aussi bons que les autres, voire meilleurs ».  

Et dans l'ambiance générale des Jeux ? 

« Travailler avec GL fut un plaisir. Avoir une société française d’un tel niveau de professionnalisme est exceptionnel. Tout le monde a reconnu que ce site était magnifique. Je vous donne tout de même un exemple de l’engagement total de GL Events. La piste de dressage avec le décor à la française n’avait pas été validée par Paris 2024 parce que c’était trop cher. Eh bien, Sylvie Robert a dit, je le prends pour moi parce qu'on ne peut pas laisser une piste vide comme ça au milieu. Et voilà. Si GL Events n'avait pas remporté l'appel d'offres, on n'y serait pas aux Jeux. Il fallait un chef de file comme Sylvie pour nous emmener. Donc, on l'a fait « à la française » et on l'a très bien fait. Et je pense que ça restera longtemps dans les annales des jeux ». 

Que restera-t-il de ces Jeux à Versailles ?  

« Il va rester beaucoup d’aménagements. Toute la partie du premier gué de la ménagerie, était un endroit complètement en friche. Il a été totalement réhabilité. On a remis un tiers du parc en état, ce dont les visiteurs profiteront. On a drainé tout le long du canal qui était impraticable l’hiver. Les gens vont pouvoir maintenant s’y promener. On a aussi laissé certaines routes sur le fond, là où étaient les écuries, c’était aussi en friche. On a amélioré des petites choses à gauche, à droite, et puis, surtout, ce qui va rester, c'est que les Français savent organiser et bien organiser. On a un groupe comme GL Evens, qui est un spécialiste de l'événementiel. Il a été reconnu dans le monde entier. L'équipe de Los Angeles, que nous avons rencontrée nous dit qu’elle allait revoir sa copie...  »

Propos recueillis par Etienne Robert

10/10/2024

Actualités régionales