Gros temps
L'élevage retoqué par le marché, c'est aussi dramatique que le nouveau coup porté par les agences de notation au tristement célèbre triple A de notre économie. Dramatique, le dernier marché Fences, dramatiques les ventes d'Equita, dramatiques celles de Chazey-sur-Ain. La liste des déconvenues est longue. Et ce n'est pas l'organisation de ces actions commerciales qui fait défaut. Que se passe-t-il ? Où sont les acheteurs ? Le système fédéral aurait-il, malgré lui, tué le marché du cheval de sport ? Je m'explique.
En développant l'activité poney de façon quasi industrielle, la fédé a relégué au second plan la pratique sportive et la transmission des savoirs équestres. La culture poney avait certes une revanche à prendre mais l'effet Pyrrhus qu'elle a eu sur le cheval est inattendu. Les moniteurs sont devenus des animateurs au service d'une équitation de consommation. Les fondamentaux ont disparu et avec eux les bonnes manières et le goût de monter en compétition. La grille des compétitions et la classification des cavaliers en Amateur et Pro n'est toujours pas digérée et l'unanimité se fait pour un retour à l'ancien schéma. Qui va, dans ce contexte, acheter au juste prix les chevaux que les éleveurs font naître pour cette équitation sportive ?
A quoi peuvent servir les circuits de sélection et de valorisation ? Le summum a été atteint cette année avec l'organisation du championnat Pro en même temps que le championnat du monde des jeunes chevaux à Lanaken. Absurde décision qui empêcha les chevaux de 7 ans non qualifiés pour le championnat, d'être engagés à Lanaken. L'image du SF en a évidemment pris un coup...
Le développement des nouvelles disciplines vers l'équitation de loisirs, le développement envahissant de la notion « Brigitte Bardotesque » du bien-être animal qui, si l'on n'y prend garde, risque de faire passer le cheval d'un statut d'animal de rente à celui d'animal de compagnie. Les « animalitaires » comme les nomme l'anthropologue Jean-Pierre Digard ont fait basculer le cheval dans le monde de la consommation du loisir équestre. « Un fossé, constate le scientifique, s'est creusé entre les professionnels des sports équestres et le public adepte de ces nouvelles disciplines ». La démocratisation de l'équitation n'est en fait qu'un accroissement de la fréquentation du cheval avec son cortège de sentimentalisme à l'eau de rose et d'anthropomorphisme. Les HN se sont d'ailleurs engouffrés dans la brèche il y a quelques années en lançant une campagne de communication en faveur de la production de chevaux de compagnie...
Désastre durable.
L'autre désastre attendu c'est celui que va provoquer le passage de la TVA à taux plein. Le projet de loi de finances 2013 actuellement discuté à l'Assemblée contient cette disposition et va donc appliquer la décision de la cour européenne de justice.
Pour sortir de l'ornière, il va falloir réformer les institutions, les pratiques et les mentalités. Et vite. Quelques-uns s'y emploient. Il faut les suivre.
La fédé va réélire le 6 décembre Serge Lecomte à sa présidence puisqu'il est le seul candidat. De nouvelles têtes apparaissent au comité. Vont-elles prendre en compte le versant sportif et compétition de l'appareil? Une opération ciblée vers les JEM Normandie 2014 et les JO de Rio est en préparation. Elle sera confiée à un directeur des équipes de France. La porte est ouverte.
Etienne Robert
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