Hermès: l’Empereur et la petite princesse
L’objectif de Luger Beerbaum était clair cette année au Grand Palais : marquer l’histoire du Saut Hermès de son empreinte. Un objectif qui ne peut passer qu’à travers une victoire dans le Grand Prix, « l’un des plus prestigieux Grand Prix du circuit, sans doute le plus prestigieux, » soulignait l’Allemand. Le plus médaillé des cavaliers du circuit en est à un moment de sa carrière où il finit de remplir les lignes de son glorieux palmarès des quelques victoires illustres qu’il n’a pas encore décrochées. Pour cela, il n’avait engagé qu’un seul cheval, Chaman, et il n’est arrivé qu’hier pour permettre à son fantasque étalon de se familiariser avec les spécificités de la noble verrière. Et puis, aujourd’hui, il est passé aux choses sérieuses. Première étape : passer au travers des treize obstacles et seize difficultés du parcours initial. Ce qu’il réussit sans encombre comme treize autres des trente-huit concurrents car la difficulté du parcours n’était pas insensée. Un barrage étoffé, donc, avec quatorze concurrents. Le danger pouvait venir de partout ! Après avoir pris la tête de l’épreuve après un parcours d’école : « J’étais vraiment heureux de la façon dont le cheval a sauté aujourd’hui, de la façon dont je l’ai monté. Je sentais que je ne faisais qu’un avec mon cheval. Quand nous sommes ainsi en phase, c’est un peu comme en ski où les portes s’enchaînent avec fluidité. Quand le cheval est aussi à l’écoute et disponible, tout devient facile. Gagner est une chose, mais de gagner de cette façon, avec cette sensation d’osmose, c’est quelque chose qui n’arrive pas tous les jours. C’est un vrai bonheur. »
Si Beerbaum est un vieux briscard du circuit, le plus auréolé de succès depuis son premier titre olympique de… 1988, sa challenger, Reed Kessler, affiche trente années de moins. Trente ans d’expérience en moins. Sa première olympiade, elle y a participé l’an dernier, à 18 ans. Un talent et une précocité inouïs ! A deux dixièmes de seconde près, la jeune américaine avec sa jument olympique, Cylana, ont bien failli créer la surprise. Il s’en est fallu d’une mauvaise distance en sortie d’un virage qu’avec une maîtrise et une sûreté incroyables, Reed a prestement rectifiée en rajoutant une foulée corrective. C’est cette foulée de plus qui lui a coûté la victoire, mais Reed Kessler a bluffé le public parisien. « Cette deuxième place reste magnifique et surtout me met en confiance pour la finale de la Coupe du monde dans quinze jours. Ma jument a sauté tout l’hiver sur la grande piste de Palm Beach, il s’agissait de la recaler sur un espace plus restreint comme ce sera le cas à Göteborg. Cette performance au Grand Palais m’a permis de trouver mes marques. » Une analyse et un langage pertinents et professionnels : c’est une très grande cavalière que le public français a découvert dimanche après-midi au Grand Palais.
Victoire de l’élégance !
Il s’agit probablement du plus beau couple. Non pas à la ville, mais à cheval. Le style et l’élégance sont la marque de fabrique de l’équitation de Pénélope Leprévost et Marcus Ehning, couple l’espace d’un après-midi pour la bonne cause du Saut Hermès. Car c’est le principe de l’épreuve : dix couples, hommes et femmes, ont été constitués hier soir par tirage au sort pour cette épreuve particulière. Un hasard qui a parfois bien fait les choses comme celui de réunir par exemple les deux cavaliers de la Maison Hermès, l’Espagnole Pilar Cordon et le Français Simon Delestre. Une union presqu’heureuse puisque ce « ménage » est passé tout près de la victoire ; il a dû se contenter d’une belle troisième place. Les vainqueurs du jour s’observent et s’admirent depuis cinq bonnes années, époque où Pénélope Leprévost faisait son apparition au haut niveau. Epoque aussi où Marcus était pour la jeune Française sinon un héros, du moins un modèle vers lequel elle orientait son équitation. Aujourd’hui, Pénélope navigue dans les mêmes eaux du classement mondial que le triple-vainqueur de la Coupe du monde (ils sont n° 7 et n°11) qui apprécie les qualités de sa partenaire d’un jour : « Elle est l’un des meilleurs cavaliers* du monde. Elle est très compétitive, très forte et dispose de très bons chevaux. Nous avons eu un peu de chance, mais nous avons gagné et c’est l’essentiel. C’est une très belle victoire ! » La chance à laquelle Marcus fait allusion est le fait d’avoir sauvé, par son sans-faute et son chronomètre, avec Plot Blue, la petite faute que Pénélope n’a pas pu éviter avec la jeune Nice Stephanie. D’ailleurs dans cette histoire de couple, toutes les femmes ont commis une faute en seconde manche. Bref, heureusement que les hommes étaient là ! « Non, se défendait avec humour Pénélope. Il ne faut pas dire ça, parfois on sert à quelque chose. Mais aujourd’hui, c’est vrai que si j’ai gagné, c’est grâce à lui ! Il n’y a pas eu de double sans-faute, alors que ce n’était pas très technique. C’était donc finalement assez gros. »
R&B Presse
Tous les résultats: http://results.scgvisual.com/2013/hermes/r9.html
Vous devez être membre pour ajouter des commentaires. Devenez membre ou connectez-vous