Hunter : Adeline Wirth, la vision artistique
(en ligne le 27 mai 2008) Electrons libres et néanmoins partenaires de la fédération, le Hunter club de France, que préside Adeline Wirth, et Objectif hunter, que préside François Pasquier, jouent à la fois le rôle des pionniers du hunter et celui des gardiens
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de la tradition originale US
Lorsqu’elle raconte le hunter à l’américaine, elle qui passe une bonne partie de chaque hiver en Floride, on ne sait dire si Adeline Wirth parle d’un sport ou, plutôt, d’un art. En tout cas, c’est avec la ferveur de ceux qui s’attachent au beau. Elle décrit le site de Wellington (West Palm Beach) dont les neuf pistes accueillent, douze semaines durant, quelques 7 000 chevaux d’obstacle ! Une moitié pratique le saut d’obstacles, l’autre le hunter.
En vérité, là-bas, le hunter Equitation ne se dit pas comme cela, mais seulement Equitation, prononcé à l’anglaise, of course. On y présente une attitude élégante dans l’équilibre et des aides justes et discrètes. On est jugé sur la bonne exécution des contrats. On regarde et on note le cavalier. Mais peut-être dans ce pays admire-t-on plus les chevaux eux-mêmes que ceux qui les montent, puisque la majorité des engagements concernent le hunter Style - qui, lui, garde cette dénomination.
Comme un danseur...
Au fait, pourquoi ce nom ? « Parce qu’à l’origine, cette discipline a été imaginée pour parfaire l’éducation des chevaux de chasse entre deux saisons de vénerie, explique Adeline. Et les Américains aiment que ceux-ci soient jolis, attentifs, agréables et capables de franchir les obstacles naturels qui se présentent en tout confort et toute sécurité. » Comme quoi, d’un continent à l’autre... Toujours est-il que les spécialistes du Style jugent de ce qu’ils nomment la ‘‘ridability’’, qu’on pourrait traduire par l’agrément à être monté. Dont voici le détail selon Adeline :
- Le modèle, impérativement harmonieux, élégant, correspond à celui de tout cheval de sport idéal dans les directions et angulations, affichant une tête fine et expressive.
- Les allures sont rasantes et félines, comme un danseur prend le sol de la pointe du pied.
- Elles s’expriment dans une cadence régulière et dans la stabilité. Parce qu’il ne court pas derrière son équilibre, le cheval prend le temps de développer sa battue avant d’entamer la suivante, comme avec dédain. Impression de lenteur. D’où la grâce.
- Le saut parfait laisse l’obstacle à l’exact milieu de sa trajectoire.
- Au moment de la frappe dans l’abord, le cheval regarde sa réception, par quoi il gardera dans l’envol un dessus tendu comme un arc. Impression de lenteur, là encore. (La notion d’« arc » est quasi sacrée).
- Enfin, dès la battue d’appel, il monte ses épaules devant lui et garde les genoux bien en pointe.
« En fait, dit Adeline Wirth, le bon cheval de hunter est essentiellement un très bon cheval de sport. Il fait montre des qualités qu’on juge idéales pour la pratique d’une belle équitation. »
Tout pour la beauté du geste
Comme il importe que le tableau soit agréable à l’œil, la question de l’habillement est également codifiée. Celui des cavaliers respecte les tons assortis du style gentilhomme campagnard, dans une coupe cintrée, pincée, très ‘‘couture’’. Celui des chevaux n’est pas moins pensé, qui
- de façon à ne pas arrêter, tant par ses couleurs que par ses formes, le regard admirant la monture - est sobrement composé d’un bridon confondu dans la robe par sa teinte et d’un tapis en forme de selle qui ne cache pas le flanc. Ni guêtres ni cloches qui masqueraient les jambes graciles, d’autant qu’un bon hunter n’a pas de raisons de se toucher puisque son geste est sans heurts.
Dans cette même quête d’un exercice agréable à l’œil et sans heurts, l’esprit des tracés et construction d’obstacles est à l’inverse de celui du CSO. Autant le chef de piste de jumping est chargé d’élaborer des difficultés offrant des fautes possibles (par le jeu des distances, de fronts abrupts ou volontairement clairs), autant celui de hunter écarte tout piège technique. Les distances sont justes et conçues pour passer à cadence constante. Les obstacles sont massifs, appelés, montants. Ils matérialisent la trajectoire dans l’espace. Grâce à quoi les cavaliers, n’ayant pas à craindre la faute en principe, consacrent leur entraînement à obtenir des chevaux qui se portent d’eux-mêmes. Ainsi, selon Adeline, « ils apprennent à tenir un bon galop équilibré par leur dos et le bas de leurs jambes, sans le secours de la main. Georges Morris dit que c’est au cheval d’aller se tendre sur le mors. » N’est-ce pas la définition de l’équitation classique de légèreté ?
Un circuit d’excellence
Déjà ravi de l’intégration du hunter dans le cycle classique de la SHF - qui attire désormais à Fontainebleau une bonne centaine de finalistes -, le Hunter club de France a ajouté à ce rendez-vous un Trophée Elite qui se joue selon le format US, le dernier dimanche de la Grande semaine. Y sont conviés tous les jeunes ayant été classés Elite (au moins 16/20). Devant un jury comprenant deux personnalités venues des Etats-Unis, ils se prêtent à trois tests :
- under saddle, jugement des allures montés sur le plat;
- parcours d’obstacles aux normes américaines;
- conformation, jugement du modèle en main.
Les trois générations courent chacune sur sa hauteur (90, 100, 110) mais sont confondues dans un classement unique. Une belle dotation récompense les lauréats : 8 000 ! dont
2 000 au gagnant. A noter que non seulement chaque fois les Américains sont repartis avec deux ou trois chevaux acquis sur le terrain (bon à savoir !) mais qu’aussi ils n’ont pas tari d’éloges à l’égard du talent et de la finesse de nos cavaliers de jeunes chevaux ! Ce qu’Adeline ne dément pas, bien au contraire, et qui mérite d’être souligné dans l’ambiance d’auto flagellation et de complexe d’exemplarité germanique sévissant depuis quelques années (ouf, c’est dit !).
Chez François Pasquier, président d’Objectif hunter, à Vierzon, c’est la Coupe de France qui se déroulera du 4 au 6 juillet. Sorte de pendant au championnat de France fédéral (et non pas concurrent), format US.
Enfin, un souhait encore à l’état de projet :
la création d’une épreuve de hunter Style, copieusement dotée, intégrée au CSI de Lyon.
Christian Delâge
Lorsqu’elle raconte le hunter à l’américaine, elle qui passe une bonne partie de chaque hiver en Floride, on ne sait dire si Adeline Wirth parle d’un sport ou, plutôt, d’un art. En tout cas, c’est avec la ferveur de ceux qui s’attachent au beau. Elle décrit le site de Wellington (West Palm Beach) dont les neuf pistes accueillent, douze semaines durant, quelques 7 000 chevaux d’obstacle ! Une moitié pratique le saut d’obstacles, l’autre le hunter.
En vérité, là-bas, le hunter Equitation ne se dit pas comme cela, mais seulement Equitation, prononcé à l’anglaise, of course. On y présente une attitude élégante dans l’équilibre et des aides justes et discrètes. On est jugé sur la bonne exécution des contrats. On regarde et on note le cavalier. Mais peut-être dans ce pays admire-t-on plus les chevaux eux-mêmes que ceux qui les montent, puisque la majorité des engagements concernent le hunter Style - qui, lui, garde cette dénomination.
Comme un danseur...
Au fait, pourquoi ce nom ? « Parce qu’à l’origine, cette discipline a été imaginée pour parfaire l’éducation des chevaux de chasse entre deux saisons de vénerie, explique Adeline. Et les Américains aiment que ceux-ci soient jolis, attentifs, agréables et capables de franchir les obstacles naturels qui se présentent en tout confort et toute sécurité. » Comme quoi, d’un continent à l’autre... Toujours est-il que les spécialistes du Style jugent de ce qu’ils nomment la ‘‘ridability’’, qu’on pourrait traduire par l’agrément à être monté. Dont voici le détail selon Adeline :
- Le modèle, impérativement harmonieux, élégant, correspond à celui de tout cheval de sport idéal dans les directions et angulations, affichant une tête fine et expressive.
- Les allures sont rasantes et félines, comme un danseur prend le sol de la pointe du pied.
- Elles s’expriment dans une cadence régulière et dans la stabilité. Parce qu’il ne court pas derrière son équilibre, le cheval prend le temps de développer sa battue avant d’entamer la suivante, comme avec dédain. Impression de lenteur. D’où la grâce.
- Le saut parfait laisse l’obstacle à l’exact milieu de sa trajectoire.
- Au moment de la frappe dans l’abord, le cheval regarde sa réception, par quoi il gardera dans l’envol un dessus tendu comme un arc. Impression de lenteur, là encore. (La notion d’« arc » est quasi sacrée).
- Enfin, dès la battue d’appel, il monte ses épaules devant lui et garde les genoux bien en pointe.
« En fait, dit Adeline Wirth, le bon cheval de hunter est essentiellement un très bon cheval de sport. Il fait montre des qualités qu’on juge idéales pour la pratique d’une belle équitation. »
Tout pour la beauté du geste
Comme il importe que le tableau soit agréable à l’œil, la question de l’habillement est également codifiée. Celui des cavaliers respecte les tons assortis du style gentilhomme campagnard, dans une coupe cintrée, pincée, très ‘‘couture’’. Celui des chevaux n’est pas moins pensé, qui
- de façon à ne pas arrêter, tant par ses couleurs que par ses formes, le regard admirant la monture - est sobrement composé d’un bridon confondu dans la robe par sa teinte et d’un tapis en forme de selle qui ne cache pas le flanc. Ni guêtres ni cloches qui masqueraient les jambes graciles, d’autant qu’un bon hunter n’a pas de raisons de se toucher puisque son geste est sans heurts.
Dans cette même quête d’un exercice agréable à l’œil et sans heurts, l’esprit des tracés et construction d’obstacles est à l’inverse de celui du CSO. Autant le chef de piste de jumping est chargé d’élaborer des difficultés offrant des fautes possibles (par le jeu des distances, de fronts abrupts ou volontairement clairs), autant celui de hunter écarte tout piège technique. Les distances sont justes et conçues pour passer à cadence constante. Les obstacles sont massifs, appelés, montants. Ils matérialisent la trajectoire dans l’espace. Grâce à quoi les cavaliers, n’ayant pas à craindre la faute en principe, consacrent leur entraînement à obtenir des chevaux qui se portent d’eux-mêmes. Ainsi, selon Adeline, « ils apprennent à tenir un bon galop équilibré par leur dos et le bas de leurs jambes, sans le secours de la main. Georges Morris dit que c’est au cheval d’aller se tendre sur le mors. » N’est-ce pas la définition de l’équitation classique de légèreté ?
Un circuit d’excellence
Déjà ravi de l’intégration du hunter dans le cycle classique de la SHF - qui attire désormais à Fontainebleau une bonne centaine de finalistes -, le Hunter club de France a ajouté à ce rendez-vous un Trophée Elite qui se joue selon le format US, le dernier dimanche de la Grande semaine. Y sont conviés tous les jeunes ayant été classés Elite (au moins 16/20). Devant un jury comprenant deux personnalités venues des Etats-Unis, ils se prêtent à trois tests :
- under saddle, jugement des allures montés sur le plat;
- parcours d’obstacles aux normes américaines;
- conformation, jugement du modèle en main.
Les trois générations courent chacune sur sa hauteur (90, 100, 110) mais sont confondues dans un classement unique. Une belle dotation récompense les lauréats : 8 000 ! dont
2 000 au gagnant. A noter que non seulement chaque fois les Américains sont repartis avec deux ou trois chevaux acquis sur le terrain (bon à savoir !) mais qu’aussi ils n’ont pas tari d’éloges à l’égard du talent et de la finesse de nos cavaliers de jeunes chevaux ! Ce qu’Adeline ne dément pas, bien au contraire, et qui mérite d’être souligné dans l’ambiance d’auto flagellation et de complexe d’exemplarité germanique sévissant depuis quelques années (ouf, c’est dit !).
Chez François Pasquier, président d’Objectif hunter, à Vierzon, c’est la Coupe de France qui se déroulera du 4 au 6 juillet. Sorte de pendant au championnat de France fédéral (et non pas concurrent), format US.
Enfin, un souhait encore à l’état de projet :
la création d’une épreuve de hunter Style, copieusement dotée, intégrée au CSI de Lyon.
Christian Delâge
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