Imagerie médicale de pointe à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon

en matière d’IRM (imagerie par résonance magnétique). L’ENV de Lyon qui dispose de cet appareillage depuis le 22 avril vient de procéder à son inauguration. Trois appareils « publics » de ce type seront mis en service prochainement en Normandie, dans le sud-est et en région parisienne. Pour l’heure, un autre IRM cheval debout est en service dans une clinique privée en région parisienne, celui de la clinique Desbrosse. Le professeur Olivier M. Lepage, chirurgien, directeur du pôle équin était fier de présenter cette réalisation à ses confrères qui venaient d’assister à une série de conférences sur l’évolution de l’imagerie numérique en équine et à ses partenaires privés associés à cette acquisition. Le Fonds Eperon est intervenu à hauteur de 415 000 € pour une technique qui revient, bâtiment compris, à 800 000 €.

Comment fonctionne cet IRM ?

Explications du professeur Lepage: « Quand un tissu vivant est placé dans des champs magnétiques forts, des ondes échos sont récupérées pour créer une image. Le signal obtenu depuis les différents tissus est évalué et permet ainsi de différencier les composants (graisse, eau etc) d’une région anatomique étudiée. L’IRM ne produit pas de rayonnement ionisant (contrairement aux rayons X de l’examen radioscopique ou scanner) et n’utilise pas de produit radioactif (comme la scintigraphie) et n’a pas d’effets biologiques adverses ».

Une technique douce en fait, sans contrainte pour le cheval, mais qui nécessite au préalable un examen clinique complet pour chaque région spécifique à analyser. Ce sont évidemment les problèmes liés à la boiterie qui sont traités ici.

« Depuis avril, poursuit M. Olivier Lepage, ce nouvel outil fonctionne régulièrement et pour l’utiliser au mieux, l’ENVL a fait un partenariat avec plus de 70 vétérinaires praticiens de la Région, qui voient ainsi reculer les limites sémiologiques et le traitement des boiteries. Au sein du Pôle Equin de l’ENVL ce sont les docteurs Emilie Segard, responsable du projet imagerie en équine, et Julien Olive, qui gèrent le système et analysent les images des cas qui sont référés par les praticiens ou directement par la Clinique du Pied animée par le Docteur Monika Gangl. »

Le système possède différentes séquences d’acquisition avec corrections possibles pour les mouvements du cheval vigile. C’est un aimant ouvert permanent, développant un champ magnétique de 0.27 Tesla. Les images obtenues par IRM sont équivalentes à de très fines lamelles d’un endroit anatomique précis, permettant d’identifier à un stade très précoce des anormalités d’un tissu (osseux, cartilagineux, ligamentaire ou autre). Alors que l’examen radiologique nous donne une image finale de ce qui est arrivé les semaines précédentes, l’IRM donne une évaluation plus temporelle de ce qui se passe au moment de l’examen dans le tissu étudié. Pour effectuer une acquisition d’images, la zone suspecte, sur le cheval déféré et sous sédation, est placée dans l’aimant en forme de fer à cheval. L’ensemble de la manipulation, totalement indolore n’emploie ni radiation ionisante ni produit radioactif et dure environ une heure à une heure trente.

Si la présence depuis 2008 d’un centre SCANNER sur le Campus Vétérinaire de Lyon avait déjà modifié l’approche diagnostique et thérapeutique chez le poulain de moins de 200 kg avec une affection orthopédique ou abdominale, l’IRM apporte une nouvelle vision, chez le poulain et chez le cheval adulte. Les tissus mous incluant ceux de la boîte cornée, du pâturon, du boulet, de la région métacarpienne et métatarsienne proximale et du carpe, peuvent être évalués permettant ainsi d’affiner le diagnostic et le traitement des pathologies du système locomoteur.

Cependant, avant d’entreprendre un examen IRM, il est primordial de localiser très précisément la boiterie par autant d’anesthésies et de tests diagnostiques que nécessaires, car l’IRM n’est pas un examen de dépistage et il ne révèle toute sa performance que lors d’un examen ciblé. De plus, l’examen fonctionnel reste indispensable afin de donner une signification clinique aux lésions décelées.
Sur de nombreux fronts

L’ENV, qui s’appellera Campus vétérinaire de Lyon à partir du 1er janvier 2010, est fortement impliquée dans des actions de proximité. Son département hippique possède une unité de formation, avec Clinéquine, c’est une unité de services qui est mise au service des utilisateurs et avec Lyon Equine Research, c’est un centre de recherches et de développement qui creuse de nouvelles pistes pour la médecine du cheval. Le pôle santé qui chaque année tient une place de plus en plus importante à Equita est l’oeuvre de l’ENV qui a établi des liens solides avec Sylvie Robert, directrice d’Equita’Lyon, présente à cette inauguration : « C’est toute la filière cheval qui y gagne » précise Sylvie Robert. Une action « grand public » qui améliore et parfois restaure la confiance envers le vétérinaire. « Au début, précise Olivier M. Lepage, on nous demandait comment on devenait vétérinaire, aujourd’hui on nous demande comment faire pour améliorer tel ou tel aspect de la santé du cheval ».

Une autre des avancées techniques de l’ENV en 2009, c’est l’endoscopie embarquée qui permet l’exploration du cheval dans son environnement et cela dans toutes les disciplines.

A partir de janvier prochain, l’ENV, sous son nouveau nom de Campus Vétérinaire de Lyon, va rejoindre l’entité administrative VetAgro Sup comprenant aussi l’Ecole d’ingénieurs agronomes de Clermont-Ferrand. Le directeur du Campus sera alors le Dr Bourdoiseau, parasitologue.

Enfin, le coût d’une séquence à l’IRM de Lyon est de 750 € ttc.

Etienne Robert