Jean-Baptiste Thiebot : « La misère actuelle des éleveurs »
Jean-Baptiste est né dans une famille d’agriculteurs, et, malgré des études de droit, reprend l’exploitation de l’élevage familial, de vaches laitières et de chevaux. Rapidement il ne se consacre plus qu’aux chevaux pour donner aux B’Néville
la réputation qui est la leur aujourd’hui. Tour d’horizon avec cet homme aux nombreuses responsabilités associatives, ANSF et Cheval Normandie entre autres.
Le marché du jeune cheval est en crise. Jean-Baptiste n’aime pas la langue de bois. Se bercer d’illusions ne fait pas avancer les choses, pleurer sur son sort non plus. Il en est conscient. « Avant en Normandie nous étions les rois du pétrole. Mais chez nous il n’y a pas que Deauville. Il y a l’Orne, et de nombreux éleveurs désemparés. Le contexte général de la crise explique que le prix des chevaux baisse, mais comment expliquer que le marché est inexistant alors qu’il n’y a jamais eu autant de licenciés ?
L’ENE, les nouveaux directeur du GIP et de l’IFCE, n’ont pas pris la mesure de la misère actuelle des éleveurs, malgré le budget colossal dont ils disposent. La Fédération a donné la priorité aux clubs et aux poneys. Peut-être va-t-elle maintenant s’occuper des éleveurs ? Ensuite, les Haras Nationaux ont embauché pléthore de cadres, mais n’ont jamais pensé export, ils ne pensaient que production. Beaucoup d’entre nous ont bénéficié de leurs étalons et de leur aide (dans les années 80 nous n’avions que la monte naturelle), mais leurs étalons n’étaient pas encore très bons.
Les éleveurs ont bien baissé le prix de leurs saillies, mais il faut avouer que les tarifs gynéco et vétos se sont quasi approprié la monte… »
Les clubs
« Les jeunes sont enfermés dans les clubs : il est anormal qu’on paie un Galop 7 quasi trois fois le coût du permis de conduire ! Que leur reste-t-il pour aller en compétition ? De plus les examens de Galop ne sont pas faits pas des professionnels, il n’y a pas beaucoup de bons coachs dans les clubs ».
Les concours
« Le prix des engagements est prohibitif, et les gains trop faibles ! Bien souvent, ce sont les Pros qui s’emparent des prix. Le système passé des 4 catégories et des passerelles était beaucoup plus juste : les Pros venaient pour faire des tours de travail, et pas pour gagner. Ils prennent maintenant la place des amateurs ».
La concurrence étrangère
Commercialement ils sont plus forts que nous. Ils inondent notre marché. A Deauville en épreuves amateurs il y avait 50 % de chevaux étrangers. Quant aux prix des saillies, ils ne sont pas moins chers, loin de là  : ils vendent par une ou deux paillettes. Mais combien de personnes mal informées s’y font prendre ? ».
Cheval Normandie ?
« Le but est d’être plus forts face aux pouvoirs publics (régional et départemental) et donc plus efficaces. A terme cette simplification va permettre d’aider l’éleveur et être une seule voix face aux clients étrangers. Donc être un meilleur vecteur de communication et de vente ».
Pas d’argent, mais quelques idées ?
« C’est le moment de créer un élevage ! Si des jeunes ont la foi (et il y en a) et un peu de sous (il en reste) il y a à leur disposition tant de poulinières de vieux éleveurs qui ne sont pas saillies depuis deux ans ! Il faut se bouger, mais vite ! Quant aux éleveurs, nous devons retrousser nos manches. L’assistanat que nous offraient les HN c’est fini. Nous devons retrouver une vraie synergie entre l’élevage et le monde du sport équestre : remettons en valeur les amateurs - nos acheteurs - comme le système le permettait avant. En dernier lieu je pense que le coût de la valorisation est trop élevé. Il vaut mieux bien entraîner ses jeunes chevaux, les préparer et chercher les acheteurs ».
Propos recueillis par Carine Robert
Le marché du jeune cheval est en crise. Jean-Baptiste n’aime pas la langue de bois. Se bercer d’illusions ne fait pas avancer les choses, pleurer sur son sort non plus. Il en est conscient. « Avant en Normandie nous étions les rois du pétrole. Mais chez nous il n’y a pas que Deauville. Il y a l’Orne, et de nombreux éleveurs désemparés. Le contexte général de la crise explique que le prix des chevaux baisse, mais comment expliquer que le marché est inexistant alors qu’il n’y a jamais eu autant de licenciés ?
L’ENE, les nouveaux directeur du GIP et de l’IFCE, n’ont pas pris la mesure de la misère actuelle des éleveurs, malgré le budget colossal dont ils disposent. La Fédération a donné la priorité aux clubs et aux poneys. Peut-être va-t-elle maintenant s’occuper des éleveurs ? Ensuite, les Haras Nationaux ont embauché pléthore de cadres, mais n’ont jamais pensé export, ils ne pensaient que production. Beaucoup d’entre nous ont bénéficié de leurs étalons et de leur aide (dans les années 80 nous n’avions que la monte naturelle), mais leurs étalons n’étaient pas encore très bons.
Les éleveurs ont bien baissé le prix de leurs saillies, mais il faut avouer que les tarifs gynéco et vétos se sont quasi approprié la monte… »
Les clubs
« Les jeunes sont enfermés dans les clubs : il est anormal qu’on paie un Galop 7 quasi trois fois le coût du permis de conduire ! Que leur reste-t-il pour aller en compétition ? De plus les examens de Galop ne sont pas faits pas des professionnels, il n’y a pas beaucoup de bons coachs dans les clubs ».
Les concours
« Le prix des engagements est prohibitif, et les gains trop faibles ! Bien souvent, ce sont les Pros qui s’emparent des prix. Le système passé des 4 catégories et des passerelles était beaucoup plus juste : les Pros venaient pour faire des tours de travail, et pas pour gagner. Ils prennent maintenant la place des amateurs ».
La concurrence étrangère
Commercialement ils sont plus forts que nous. Ils inondent notre marché. A Deauville en épreuves amateurs il y avait 50 % de chevaux étrangers. Quant aux prix des saillies, ils ne sont pas moins chers, loin de là  : ils vendent par une ou deux paillettes. Mais combien de personnes mal informées s’y font prendre ? ».
Cheval Normandie ?
« Le but est d’être plus forts face aux pouvoirs publics (régional et départemental) et donc plus efficaces. A terme cette simplification va permettre d’aider l’éleveur et être une seule voix face aux clients étrangers. Donc être un meilleur vecteur de communication et de vente ».
Pas d’argent, mais quelques idées ?
« C’est le moment de créer un élevage ! Si des jeunes ont la foi (et il y en a) et un peu de sous (il en reste) il y a à leur disposition tant de poulinières de vieux éleveurs qui ne sont pas saillies depuis deux ans ! Il faut se bouger, mais vite ! Quant aux éleveurs, nous devons retrousser nos manches. L’assistanat que nous offraient les HN c’est fini. Nous devons retrouver une vraie synergie entre l’élevage et le monde du sport équestre : remettons en valeur les amateurs - nos acheteurs - comme le système le permettait avant. En dernier lieu je pense que le coût de la valorisation est trop élevé. Il vaut mieux bien entraîner ses jeunes chevaux, les préparer et chercher les acheteurs ».
Propos recueillis par Carine Robert
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