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Jean-Louis Leclerc : « Tangenter le rouge sans jamais y passer »

Journée nationale de l’endurance Pont-du-Gard (30) 17 janvier C’est désormais un rendez-vous annuel officiel pour les cavaliers et organisateurs de courses, la Journée nationale de l’endurance était organisée à Pont-du-Gard samedi 17 janvier. Au programme : les nouvelles orientations de l’endurance française Photo 1 sur 2
et un point sur les règlements

Quelque 120 personnes, cavaliers pros mais aussi amateurs pour la plupart, ont assisté le matin au discours volontariste de Jean-Louis Leclerc. L’entraîneur-sélectionneur national a laissé entrevoir ce que serait le haut-niveau de ces deux prochaines années, détaillant les échéances européennes de 2009, et mondiale en 2010. « Il ne faut pas se louper ! » a-t-il martelé, évoquant « une adaptation nécessaire ».

« Avant, Florac était la référence des épreuves. Désormais les championnats se font sur des courses plus rapides, plus plates », a d’emblée prévenu l’intervenant. « Il faut s’adapter, aller toujours plus vite pour maintenir le premier rang mondial ». Et de concéder :?« Ce n’est pas notre éthique de faire de la sélection naturelle... ».

L’entraîneur national a eu à cœur de présenter les profils des courses qui attendent l’équipe de France ces prochains mois. A Assise (Italie), le championnat d’Europe qui aura lieu du ?17 au 19 septembre prochain seules deux boucles sur six comporteront du dénivelé. « La technicité est essentiellement dans les changements de direction », a commenté Jean-Louis Leclerc. Point positif pour les Français, des conditions climatiques similaires à celles dont on bénéficie dans l’Hexagone.

A Babolna (Hongrie) -haras où sont élevés des chevaux shagyas- les championnats du monde jeunes cavaliers se courront, le 25 septembre, sur « de la morne plaine avec 30 % de goudron, 70 % de sable ». Les Jeux Equestres Mondiaux qui se disputeront à Lexington (Kentucky - Etats-Unis) en octobre 2010 ressembleront à « un champ de course ». « Ce ne sont pas les mêmes techniques. Il va falloir activer ! », a insisté l’entraîneur.

Les vitesses lors des derniers championnats du monde n’ont eu de cesse d’augmenter a-t-il rappelé. Et de citer, en 1986 : 14.8 km/h, en 1998 : 17.8 km/h (Dubaï) et, la même course en 2004 remportée par B. Lissarrague à 22.7 km/h... Plus récemment, en 2006 : 17.4 km/h et la Malaisie en 2008 : 18 km/h.

« A Lexington, ça se gagnera sans doute entre 18 et 18.5 km/h », a glissé Jean-Louis Leclerc.

« Le marcheur ne remplace pas l’entraînement »

« La solution, on l’a en commun. Il faut partager » a lancé à plusieurs reprises le conférencier à un auditoire parfois dubitatif. « Cela passe par l’apprentissage et le perfectionnement technique. Les stages peuvent empêcher des boiteries ».

Les Français doivent aujourd’hui adapter leur entraînement à ces nouveaux profils de course. Exit la Tevis-cup à 10 km/h. « Les séances sur hippodrome et plages, l’utilisation du marcheur sont à répartir.?Il faut entraîner de façon plus continue », a fait valoir le sélectionneur. « Un jour de marcheur ne remplace pas une séance d’entraînement, mais est utile dans l’optique d’éviter la myosite du lendemain ».

Le but ultime : la mécanisation de la vitesse par la mécanisation du geste. ?« Au galop, on cherche l’extension maximale du cheval. Pour ça, il faut trouver des pistes intéressantes qui permettent de ne pas casser le cheval », a assuré Jean-Louis Leclerc avant d’évoquer une notion « tabou » dans l’endurance traditionnelle française. « Il faut trouver la limite. Nos chevaux progressent encore énormément lorsqu’ils partent à l’étranger, sous la selle d’autres cavaliers ».

« Tangenter le rouge sans jamais y passer ». Telle est l’ambition de l’équipe de France qui bénéficiera plus que jamais d’entraînements avec surveillance vétérinaire. A également été envisagé le fractionné comme pour les sportifs humains, « des efforts courts, violents ». « On travaille généralement en aérobie. L’idée est d’aller davantage en anaérobie, pas seulement lors de coups de cul où l’acide lactique est vite drainé » a par exemple expliqué le vétérinaire de l’équipe de France Christophe Pelissier. « Il faut flirter avec le rouge pour augmenter le seuil de récupération mais on manque d’expérience en général car le risque d’aller trop loin peut nuire à nos chevaux et cela n’est pas dans notre éthique à nous européens ».

« Pas loin de la vérité »

Plusieurs cavaliers ont réagi dans l’assistance. « Expérimenter la vitesse nous fait peur. On a pas envie de casser nos chevaux », a lancé Vincent Dupont. Tous sont conscients que l’Espagnol Juma Punti a préparé 4 chevaux pour les championnats du monde pour qu’un seul se distingue. « Il peut les amener dans le rouge, il en a d’autres en ?stock », a-t-on entendu dans la salle.

« On est à un tournant. Si on ne prend pas de risques, on va se faire décrocher », a insisté Jean-Louis Leclerc se défendant de prendre la Malaisie en référence, l’« incident de parcours » à l’occasion duquel la France a perdu son titre de championne du Monde.

« Nous avons une éthique françaises, mais nous ne sommes pas loin de la vérité », a conclu le chef d’équipe avant d’assurer « On a les moyens. La fédération nous gâte ».

Muriel Judic

2009 : L’année des CEI*

« Vous allez être agréablement surpris », a lancé Jean-Louis Leclerc avant d’aborder le règlement. Il est vrai que les rumeurs allaient bon train concernant les nouveautés 2009. Mais en synthèse, rien ne change, ou presque !

Le coach national a apporté des précisions quant aux nouveaux règlements endurance de la FFE et de la FEI. Les distances FEI se décomposent en trois catégories : une étoile de 90 à 119 km, deux étoiles de 120 à 139 kilomètres, trois étoiles de 140 à 160 km. Les vet-gates sont de 20 minutes en intermédiaires et 30 minutes pour le contrôle final. « En France, on retiendra 90 km pour CEI*, 130 km pour CEI** et 160 km pour CEI*** », a spécifié le sélectionneur.

La grande nouveauté réside donc dans la modification du parcours novice avant d’arriver à un CEI**. « En plus des courses de 20, 40, 60 il faudra faire deux épreuves de 90 km à vitesse imposée (16 km/h) avant d’aborder 90 km à vitesse libre (CEI*) ». Une transition est prévue cette année avant d’appliquer complètement le règlement FEI. En clair, rien ne change mais les cavaliers sont fortement incités à engager leurs chevaux sur une CEI* d’ici la fin de la saison pour ne pas avoir une course supplémentaire à faire en 2010. Les CEI* - qui sont des 90 km à vitesse libre – nécessitent une inscription FEI du cheval et du cavalier, un poids de 70 kg, et une fréquence cardiaque de 64 dans les vet-gates. Les organisateurs doivent recourir à un juge FEI et vétérinaire FEI.

Cette année, les CEI*** sont réservées aux titulaires de licence pro mais les CEI ** sont à nouveau ouvertes aux deux catégories, sans conditions de qualification en couple. Le classement sera donc unique.

Les jeunes de moins de 21 ans n’ont pas besoin de licence pro. La licence amateur leur suffit pour l’ensemble des courses d’endurance. Y compris leur participation aux épreuves du Grand National.

Jacques Robin président de la commission endurance au sein de la FFE a rappelé la pertinence de prendre connaissance du règlement général FFE en plus du règlement spécifique endurance.

30/01/2009

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