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Jean-Paul Lepetit, l’excellence normande

La Normandie forme, on l’a vu cette année pendant les Jeux Olympiques, d’excellents cavaliers. Mais ils ne sont pas les seuls méritants : si Jean-Paul Lepetit œuvre dans l’ombre, il est aujourd’hui connu et reconnu comme un chef de piste international. Né dans une famille d’éleveurs en Basse-Normandie, il a d’abord commencé sa carrière à cheval, bien sûr.





Jean-Paul Lepetit est quasiment « né à cheval ». Originaire de Normandie, il a rapidement commencé le saut d’obstacle et ne se vante pas d’avoir été « Champion de France en Pro 2 » nous informe Gérald Beuve, juge et speaker notamment à Saint-Lô. C’est alors en 1975 que Jean-Paul commence à exercer le métier de chef de piste.


« J’ai commencé à monter des pistes autour de Saint-Lô en 1975, quand je n’avais plus de chevaux à monter. Pendant une bonne vingtaine d’années, j’ai ensuite eu d’autres chevaux à monter mais j’ai continué mon activité de chef de piste. A l’époque, je remplaçais les anciens chefs de piste de l’armée. C’était donc plus facile de trouver du travail. Il n’y avait pas une concurrence comme aujourd’hui. En ce moment, c’est très difficile de percer dans ce domaine. »


Plus difficile de se faire un nom dans le domaine en effet mais aussi difficile de se former à l’art de monter les pistes. « J’ai appris à être chef de piste sur le tas. En travaillant et en apprenant aux côtés de Raymond Brousse et Auguste Navet notamment. Et ça, les cavaliers le ressentent. » Mais pour Gérald Beuve, qui le connaît depuis ses débuts, c’est plus que ça. « Il a un don incroyable pour trouver le bon parcours. Il est différent, il innove. C’est comme un peintre qui dessine son croquis. Jean-Paul est un véritable artiste. »


Le chef de piste est un architecte minutieux, un créateur. Jean-Paul prend des risques et innove à chaque parcours afin de se renouveler. C’est d’ailleurs le cas pour le Meeting d’automne cette année.


« Pour un Grand Prix 2*, j’utilise des obstacles fragiles et des couleurs délicates comme la combinaison qui n’est pas facile à aborder dans les tons gris. Mais mon objectif est de faire progresser le couple cavalier-cheval plutôt que de le pénaliser. C’est pour cela que les relations avec les cavaliers sont sympathiques. Je ne souhaite pas sanctionner mais bien les préparer. »


Une véritable volonté de bien préparer les chevaux et de faire progresser les cavaliers, tel pourrait être le leitmotiv de Jean-Paul. Denis Hubert, vétérinaire équin et éleveur de chevaux de sport, nous confie « Jean-Paul souhaite faire évoluer les cavaliers et les chevaux. Après ses parcours, il n’y pas un cheval de cassé, pas un. »


Florian Angot, cavalier professionnel international et habitué de Saint-Lô confirme la donne : « C’est vraiment un homme expérimenté, il est très fort. Les parcours sont bien construits et techniques. Son but est vraiment de faire progresser les chevaux. »


Et en tant qu’excellent chef de piste (beaucoup diront le meilleur de France), Jean-Paul Lepetit est très exigeant. « Le seul reproche qu’on peut lui faire c’est de se retrouver à monter une épreuve avec quelques centimètres de plus lorsque il y a beaucoup de partants... Du coup pour un cheval ou cavalier peu expérimenté ça peut vite devenir très difficile », nous informe Jonathan Godey, cavalier amateur de CSO, qui côtoie ses parcours depuis bientôt 23 ans.


Florian Angot nous donne plus de détails sur la sélection de ses chevaux : « Il faut sélectionner les bons chevaux. Sur des gros concours, il n’y a pas de problèmes. Mais pour les 7 ans par exemple, c’est très dur et certains en bavent un peu. En général, quand je vois que c’est lui le chef de piste, je n’engage pas mes 7 ans. »


Une réputation plutôt dure donc mais qui se justifie de par la qualité des chevaux selon Denis Hubert : « A Saint-Lô nous possédons de très bons chevaux et aussi de très bons cavaliers, mais ce n’est pas le cas partout : il y aurait beaucoup moins de sans-faute ailleurs, ce qui donne une réputation assez dure à Jean-Paul mais il sait préparer les chevaux pour les amener au meilleur niveau. »


Jean-Paul Lepetit a été très demandé à l’étranger pendant sa carrière, il a notamment été à Montréal, au Canada, mais aussi à Tétouan au Maroc ou à Abu Dhabi, en 2011 pour un concours international 5*. Malgré une telle expérience, il n’est pas facile d’obtenir le bon nombre de barragistes. « Je mets des difficultés un peu partout, des directionnels, des couleurs vives, et des obstacles étroits. C’est comme pour faire une bonne combinaison : elle ne doit pas faire trop de fautes. Si c’est le même obstacle qui tombe toujours, ce n’est pas bon du tout. »


Difficile de faire des réajustements une fois l’épreuve lancée mais le but est alors d’éviter que cela ne se reproduise et de comprendre pourquoi cet obstacle est plus fautif que les autres. Mais, selon Jonathan Godey, « 9 fois sur 10 il a toujours le bon nombre de barragistes ». Il est vrai qu’à Saint-Lô, personne ne connaît mieux les pistes que Jean-Paul …


Désormais, à 67 ans, le chef de piste préfère rester en France et notamment dans la région où il est très apprécié : « C’est probablement ce qui se fait de mieux dans le coin. Même si les parcours sont toujours gros et plutôt techniques, ce n’est jamais insurmontable pour les chevaux... » Insiste Jonathan Godey.


14/12/2016

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