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JEM Cross : William Fox-Pitt, the best !

  • Même Sandra Auffarth ne pourra détrôner le lion britannique
    Même Sandra Auffarth ne pourra détrôner le lion britannique
Un cross très sélectif, comme on l’annonçait, mais aussi pour les Bleus…Malgré un parcours rétréci, le sol gras a piégé les chevaux. Beaucoup d’abandons et de chutes sans gravité, dont Denis Mesples. La France garde sa quatrième place, derrière une Allemagne victorieuse, suivie du Royaume-Uni et de l’Australie. William Fox-Pitt rafle la victoire aux deux Allemands Sandra Auffarth et Michael Jung. Meilleur Français, Maxime Livio et Qalao des Mers est 8è. Moment émotion avec le parcours de Rodolphe Scherer.

Ouf ! Si les ouvreurs (voir par ailleurs) ont souffert mais joué leur rôle, le parcours, très intelligent, dessiné par Pierre Michelet, réservait les grosses tables au début de parcours et les obstacles légers en fin de parcours. Mais  le sol et les dénivelés ont joué leur rôle de juge de paix. Ainsi que les trois gués, dont un en tout début de parcours… Refus, chutes, abandons. Les équipes américaines, canadiennes et néo-zélandaises sont décimées. Seuls soixante-trois cavaliers bouclent le tour. Aux dires de Fox-Pitt, vainqueur : « J’étais très nerveux avant de partir. Le terrain était très profond, je n’ai jamais connu ça. »

Ce fut du grand sport. Il fallait ménager les chevaux au début de la course pour les tenir jusqu’au bout. Ne pas faire d’exploits de hauteur sur les obstacles. William Fox-Pitt fut de ceux-là. Le géant de près de 2 mètres a conduit sa course avec un Chilli Morning qui ne perdra pas sa qualité de saut, encore frais à l’arrivée. Il a pris tous les risques, y compris le fameux saut de puce en sortie du troisième gué, malgré les chutes précédentes ou les refus nombreux.

Cédric Lyard/ Cadeau du Roi
Et nos Français ? Cédric Lyard part peu après notre ouvreur, Pascal Leroy et Minos de Petra. Avec la gagne : nous tenons le bronze après la déroute américaine. Son cheval, Cadeau du Roi, issu du milieu des courses, est bon en cross. Bon équilibre et amplitude, il semble bien relâché. Cédric le caresse souvent pour le rassurer. Ce champion olympique effectue un parcours raisonnable et raisonné. Mais ne passera pas le terrible saut de puce au sortir du 3è gué… : « Le cheval pourtant me semblait frais, il n’a pas compris. Cet obstacle, c’est un peu la loterie, on passe ou on ne passe pas. » Il faut pourtant aux chevaux une énergie incroyable pour franchir ce saut de puce, et avec la fatigue de fin de parcours… Il sera 35è. Mickaël Jung est en tête, en 11’02’’. Il le restera presque jusqu’au passage de William Fox-Pitt, le Britannique, vrai lion de 45 ans. Le Néozélandais Tim Price défend le titre de l’argent provisoire, alors qu’ils ne sont plus que trois cavaliers, après la chute de Mark Todd. Wesko, épuisé, n’ira pas jusqu’au dernier obstacle… Fin de l’équipe néozélandaise.

La Hollandaise Elaine Pen/Vira va compter pour son équipe : son parcours très maîtrisé lui donne une 4è place au provisoire. La Suédoise Malin Petersen essuie un refus de Sofarsogood… Belle course de la Canadienne Jessica Phoenix/Pavarotti, 6è au provisoire. Très bon parcours de l’Allemande Helen Klimke/FRH Escada JS, avec son cheval excellent sauteur. Après la première place au provisoire de Mickaël Jung, l’Allemagne prend une très belle option pour la première place. D’autant que leur dernière cartouche, et sans doute une des meilleures, Sandra Auffarth, avec son Sf Opgun Louvo, part dernière…

Rodolphe Scherrer/ Makara de Montiege

Beaucoup d’émotion sur le parcours, comme dans le clan français, depuis le décès de son papa. Le public le porte véritablement. Ce champion olympique, deuxième par équipe en 98 à Rome, est un crack, d’expérience, de précision. Sa jument est très prête, son entraînement à Granville fut excellent. Elle répond, cette bouillonnante jument au pedigree de saut d’obstacle. Et c’est un parcours sans faute, tandis que Rodolphe salue longuement la foule. Excellent temps, il sera 10è au provisoire (finissant à la 26è place).

Maxime Livio/Qalao des Mers

Pour Maxime, ce sont les premiers JEM, à 27 ans. Si Qalao manque d’expérience , c’est un gros sauteur, qui a remporté Saumur. Un peu d’angoisse au début du parcours, parce que Qalao est un cheval très gaillard, très respectueux il ne ménage pas se sauts. Or il faut tenir…On craint le gué, où il prend l’option par prudence. Puis Qalao repart de plus belle, vif jusqu’à la fin. Quelle maîtrise dans ce couple ! Qui prend la 3è place au provisoire ! (8è en fin de course) Maxime : « Des cross comme ça, avec une telle ferveur, c’était magique ! C’est un cheval olympique, je n’ai eu qu’à le laisser aller. J’ai pris l’option parce que c’était son premier 4*… »

Refus et chutes se succèdent. Kristina Cook la Britannique effectue un très beau parcours avec De Novo News, elle en veut, portée par la victoire de Fox-Pitt, et finit 6è (14è)!

C’est un coup de tonnerre quand l’Allemand Dirk Schrade essuie deux refus de Hop And Skip… L’Allemagne tremble…Si Mickaël Jung est deuxième, Helen Klimke/FRH Escada JS 34è, il n’y a plus que Sandra Auffarth… Quelle pression sur les épaules…

Jonelle Price, dernière néozélandaise « on », a une revanche à prendre, courant en individuel alors que l’équipe n’existe plus. Et elle prendra tous les risques, avec un cheval d’une étonnante fraîcheur, finissant quatrième ! Idem pour Boyd Martin, l’Américain, qui avec Shamwari 4, bien qu’ils n’aient pas encore beaucoup concurru ensemble, va rafler la neuvième place, derrière Maxime ; un vrai crack. Autre championne : la Belge Karin Donckers qui, avec le fils de Vigo d’Arsouilles va rassembler son expérience et la générosité de Fletcha Van’t Verahof pour se hisser à la sixième place !

Jean Teulère/Matelot du Grand Val

Le soixantenaire, champion du monde en 2002, mène Matelot qui est très allant, équilibré, à l’écoute. Les contrats de foulées sont parfaits, avec une belle qualité de saut… jusqu’à une foulée de trop dans la combinaison qui suit le deuxième gué, simple saut de puce… C’est la faute. Jean : « Je ne pensais pas que le cheval serait si à l’étroit, l’axe était relativement correct mais Matelot est arrivé sur la partie la plus haute du dernier obstacle, il s’est dérobé à gauche, ce qu’il ne fait jamais… Le jockey est à incriminer ». Faut dramatique pour lui, déception énorme qui se perçoit…Michel Azeray, directeur technique adjoint : « C’est vrai qu’on misait beaucoup sur lui. Mais le cheval s’est un peu échappé dans l’eau… »

C’est au tour de l’Australien Paul Tapner, espoir de son équipe, Stuart Tinney/Pluto Moi étant 10è, Sam Griffiths/Paulank Brockagh 16è et Bill Levett/Shannondale Titan 18è. Il effectuera un des tours les plus rapide, avec un cheval très tonique, terminant avec un excellent répondant, notemment au terrible saut de puce du 3è gué. Il finit 12è et assure la troisième place provisoire à son pays, malgré le forfait de Christopher Burton/TS Jamaimo pour cause de coliques.

Andrew Nicholson va jouer le tout pour le tout, sauver l’honneur d’une équipe qui n’existe plus. Il va chercher la performance individuelle avec Nereo, son cheval de 14 ans de tous les podiums. Et il va réaliser l’un des plus beaux chronos, poussant le cheval tonique dans une course folle, sans aucune faute : c’est la 5ème place juste derrière Jonelle Price, sa compatriote…

Reste une seule cavalière, Sandra Auffarth et son magnifique >Opgun Louvo (voir par ailleurs). Ce cheval, un des meilleurs au monde, a une magnifique qualité de saut. Très généreux, il n’est pourtant pas dégradé à mi-parcours. Quelle énergie, toujours au galop, au passage du juge de paix, facile ! Avec ce mental hors norme qui la caractérise, malgré la pression elle réalise une course fluide, mais ne pourra faire mieux que William Fox-Pitt, elle est moins rapide de 10 secondes, laissant la première place au provisoire au Britannique.
Dénouement demain avec l'épreuve de CSO au stade d'Ornano !

Hommage de Rodolphe à son père

Avec sa jument grise Makara de Montiège, le Français a terminé avec à peine 20,4 points de pénalité de temps. C’est la voix tremblante qu’il se confie : « Makara est une fantastique jument de cross. On le sait. C’est pour ça qu’elle est là. On sait aussi qu’elle peut être capricieuse sur le dressage. Elle l’a bien prouvé jeudi. Sur la technique pure, j’aurais peut-être pu aller plus vite. Nous avons vu beaucoup de chevaux s’effondrer en fin de tour. Pour moi, il y avait une importance toute particulière à être sans incident avant tout. Je savais, que même en la laissant respirer, elle aurait quand même un temps correct. Un jour normal, on aurait pu tout tenter. Mais il faut quand même écouter les chevaux. Pour moi, il y a une signification spéciale à être dans le stade dimanche. Même si je ne suis pas dans l’équipe, j’ai l’impression d’y être. J’ai fait un boulot d’équipier, pour les gens qui m’aiment et les gens qui étaient là. Du numéro un au dernier, je ne sais pas si la jument l’a ressenti, mais j’ai l’impression que nous étions sur un nuage. C’était énorme. Indescriptible, d’un bout à l’autre. Aujourd’hui, mon père aurait été fier. C’était un grand bonhomme ,il aimait tant ce sport-là.  Je suis très fier. »

30/08/2014

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