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JFK : dans un contexte difficile

Tout était parfaitement orchestré. Il faut dire que l’équipe composant JFK Internationale n’est pas débutante en matière de ventes. Le Centre Equestre municipal de Poitiers a sûrement un court instant repensé à cette occasion aux ventes
de l’OJCS organisé pendant plus de 20 ans par un certain Jean de Laurière, précurseur en la matière. Son manège était à nouveau très bien décoré et joliment paysagé. Le côté VIP, installé en estrade permettait une très bonne vision sur l’évolution des chevaux, le buffet était d’une excellente qualité : tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette première vente une réussite. Mais, il y eut malheureusement un mais et il faut maintenant en faire rapidement le constat : le contexte de crise actuel touche aujourd’hui le monde du cheval de sport. Déjà pressenti lors des dernières ventes de Pur Sang de Deauville en décembre, où, si le volume des transactions s’était maintenu, son chiffre d’affaires avait lui chuté de 35 % environ, les ventes JFK manquèrent cruellement d’acheteurs. Peu d’étrangers, malgré les nombreuses sollicitations des organisateurs, et ce sont principalement des marchands de chevaux ou des particuliers qui animèrent la vente.

Le maître mot de cette nouvelle équipe était la clarté et le professionnalisme. Et tout avait été mis en oeuvre pour atteindre ces deux objectifs. Sur le programme, outre le pedigree et les performances propres du cheval et de sa souche, une large place était consacrée au compte-rendu de son examen clinique et radiologique effectué par un vétérinaire lors de sa sélection.

Une quinzaine d’étapes dans toute la France avaient composé la tournée de sélection où 75 chevaux ont été retenus sur près de ?700 présentés. Ces poulains sont nés de 31 pères étrangers soit 41% des chevaux présentés. Les pères les plus représentés restent Mr Blue (4 produits) et L’arc de Triomphe (3), puis avec 2 produits chacun, les champions du monde Diamant de Sémilly, Dollar de la Pierre et Dollar du Mûrier, ainsi que Kannan et Le Tot de Sémilly, prouvant que ce dernier reste encore un géniteur d’actualité. Côté maternel, Almé et Jalisco B sont les auteurs de 4 mères. On note que Quidam de Revel commence à apparaître en père de mères (3 fois), Galoubet A et Le Tot 2 fois chacun. On trouve aussi 17 pères de mères Anglo-Arabes (Iago C et son fils Riago pour 2 fois chacun), 5 grand-pères maternels de race Pur Sang, et, élément devenu suffisamment rare pour être relevé, un Arabe (Kesberoy).

A côté d’une majorité de 3 ans (trente trois), le catalogue indiquait quinze 4 ans, dix ?5 ans (dont 3 s’étaient confrontés avec succès aux épreuves d’élevage), cinq 6 ans dont ?2 avaient participé à la finale bellifontaine l’année précédente et un AA, agréé étalon, Pacte d’Ivraie. La volonté des organisateurs était de proposer en ce début de saison des chevaux « clef en main » pour être rapidement compétitifs. On trouvait encore trois 2 ans, quatre ?1 an, une poulinière (par Le Tot sur l’excellente Dancing Bride) pleine d’Idéal de la Loge et autre originalité, un embryon (de la même Dancing Bride et de l’international Lamm de Fétan). Tous ces poulains étaient Selle Français, Anglo-Arabes ou AA de croisement pour 9 d’entre-eux. Il y avait aussi deux CS et un OC qui avait pour lui la particularité d’être pie.

Le catalogue informait aussi de l’orientation que pouvait prendre la carrière sportive de l’animal : si l’orientation dominante restait le CSO, treize poulains étaient inscrits comme ayant les capacités de s’illustrer en CCE voire en hunter. En effet, quinze d’entre eux étaient issus de souches basses Anglo-Arabes et quatre de souches basses de PS.

« Un regroupement d’une rare qualité » entendait-on régulièrement dans les tribunes... Et nombre de ces poulains étaient en effet fort bien nés car issus de lignées maternelles ayant largement fait leur preuve au plus haut niveau : était représentée la lignée de Nasarde du Cellier (grand-mère de Jarnac), Quenotte B (famille des internationaux et étalons Narcos II, Larry, Mazarin), Libellule (famille de Son Altesse ayant donné une pléiade de gagnants aux affixes Thurin, Cheux...), Lackme (mère de l’olympique Pitou), Gazelle (affixe d’Elle, souche Pignolet), Gina du Grippois (souche d’Helby), Venue du Tôt (mère de Le Tôt de Sémilly), Gerbe d’Or (dont le produit phare actuel est le vainqueur de la Coupe du Monde Idéo du Tôt), Ballerine III (d’où Itot du Château), Jouvencelle (d’où l’olympique Barbarian), Girondine II (famille du chef de race Almé), Milady du Rouet (d’où Quatoubet et Caloubet du Rouet, et l’exceptionnel Baloubet), Dirka (mère de Quidam de Revel)...

Présentation en main ou montée (suivant l’âge) le matin des chevaux de chacune des vacations. Les ventes débutaient à 13h30. ?Au fur et à mesure du passage et des prestations de chacun, le cavalier de complet Koris Vieules commentait l’aptitude au saut et la locomotion des poulains, que Jacques Grandchamp des Raux complétait souvent par son expérience et son coup d’œil.

Un constat : la vacation du samedi, dite?« international » eut plus de succès que celle du dimanche, plutôt composée d’excellents chevaux d’amateurs. C’est le phénoménal gris Qaid Louvière à l’élevage de l’Ebat, fils de Mr Blue sur une fille de Papillon Rouge (souche de Quenotte B) qui fit le top price à 41 000 €. ?« Un cheval ayant la pointure pour les plus grandes échéances internationales, qui plus est, entier » nous dira de lui François Monmarson, le 3e associé de JFK. Le cheval restera, pour l’instant, en France. Suivit une vente à ?36 000 € par Quattro de Montplaisir présenté par la SARL E. Neyrat, démonstratif fils de Quicklove Fontaine sur une fille du PS Highanders. Soupçon de Riverland (de l’élevage éponyme), un alezan par Dollar du Murier sur une fille de l’internationale de Kinette de Launay par Bayard d’Elle, trouva, quant à lui preneur pour ?24 000 €. Dimanche, Sogood de Roset, fils de Jazz Bang Courcelle, démontrant un impressionnant passage de dos, changea d’écurie pour seulement 15 000€€. Un seul cheval partira pour l’étranger : c’est Smak du Durzon (AA par Don Pierre); il quittera quant à lui la France pour faire du CCE. Au final, sur les deux vacations, un bon tiers des chevaux trouva acquéreurs.

Et on ne peut pas faire de miracle quand le contexte économique n’y est pas : la crise est là... Et il va falloir faire avec. Pendant combien de temps, nul ne peut le dire....

A. C.-F.

12/03/2009

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