JSF Saint-Lô - 3 ans : l’année des Quidam

humeur d’éleveurs déçus contestataires. y sont-ils pour quelque chose ! Quatre vingt-dix chevaux ont défilé devant une salle comble. Car les trois ans ont attiré la foule, éleveurs, propriétaires, cavaliers mais aussi curieux venus voir le CSI et qui ont suivi le mouvement. Une telle affluence ne pouvait être prévue ; le manège de La Gourmette s’est révélé trop petit. Toutefois des améliorations sont indéniables et l’événement prend un tour beaucoup plus festif, tandis que l’organisation gagne en efficacité.

Mais, oui, vraiment, un lot superbe. Et le jury a sans doute éprouvé des difficultés, des scrupules, des cas de conscience. Car ils étaient beaux, racés, souvent de bonne famille et on avait pu deux jours durant apprécier leurs dons à l’obstacle.

Et même parmi ceux qui furent ajournés, certains ne se sont pas montrés sous leur meilleur jour. On les reverra sans doute. Quels progrès en quelques années ! Trente-deux chevaux approuvés étalons, au lieu de la petite vingtaine des années précédentes, ce qui semblait déjà honorable. Trente-deux : un tiers des candidats. A quoi est-ce dû ? Est-ce le fait que les mêmes juges officient partout ? Qu’ils aient reçu une même formation ? Que les éleveurs effectuent des choix plus pertinents ? Que l’apport de certains étalons étrangers (non : plutôt à moitié étrangers) peut contribuer à l’amélioration de la race SF ? Ou tout cela en même temps ?

Les dix premiers classés

Bien sûr, on a logiquement retrouvé les chevaux qui s’étaient déjà distingués dans les qualificatives. Syre, 1er du championnat des 2 ans l’an dernier, Seigneur Kervec au magnifique galop, le puissant gris Stormy de Sivry, Salto de l’Ile, qui fut vice-champion des 2 ans, Suliman de Fétan, Sunshine du Thot, frère d’Idéo du Thot, Shampagne Batilly,

Suliman de Fétan, par Dollar de la Pierre et Harmony de Fétan est né à Hennebont, chez Erwan Robin. Et, vous l’avez deviné, c’est le frère utérin de Lamm de Fétan. Suliman,un bai harmonieux, petit-fils de Quidam et de Le Tot de Sémilly est sur la troisième marche du podium.

Il est précédé par Siwing de Triaval, un alezan brûlé, né chez Mme Palmer, et qui appartient à l’EARL Nokaout 27210 Manneville la Raoult. Fils du célèbre Bon Ami, très grand gagnant en CSI-CSIO, lui-même fils d’Elégant de l’Ile SF, Siwing est le petit-fils d’Almé par sa mère Darling de la Triade. Siwing a grandement progressé : 24e au Local de St-Lô, tout en ayant montré une réelle aptitude au saut en liberté, le voici aujourdhui 2e.

Enfin, le meilleur. Il a gagné la Coupe et le Magnum (les noms ont-ils une influence sur le destin ?) il s’appelle Shampagne Batilly et, vraiment, il pétille. Il a cette étincelle qu’on rencontre parfois et qui séduit même chez un modèle imparfait. Or celui-là est beau; d’un bai chatoyant, d’un superbe modèle. Ces qualités et son aptitude à l’obstacle lui ont valu une première place méritée.

M. B.-L.

Regard sur les pères

Huit sur les dix premiers sont fils ou petit-fils de Quidam et tous descendent d’Almé ! Quaprice Bois Margot, dont on regrette toujours la disparition prématurée, et Quite Easy se disputent les premières places; ainsi Tajine du Manoir, fille de Quite Easy est première des pouliches de deux ans tandis que Shampagne Batilly est fils de Quaprice. Et Dollar de la Pierre, Hurlevent de Brekka, Quite Capitol, dont la mère U Capitola est la propre sœur de Capitol, sont tous fils de Quidam. Mieux encore : vingt-trois entiers qualifiés illustrent le sang de ce chef de race et treize furent approuvés.

• Quaprice reste invaincu en tant qu’étalon puisqu’il il était aussi le père des deux Champions de France en 2008 : Rissoa d’Ag et Renommée Bois Margot Champions de France des 3 ans à St-Lô et à Lyon. Avec cinq fils approuvés étalons, Quaprice domine nettement ce Championnat de France 3 ans. 

Shampagne Batilly est issu de la souche maternelle de l’Olympique Rochet Rouge puisque que sa 3e mère est la sœur utérine de Rochet Rouge. C’est aussi la famille du fabuleux « Night Train » classé 10e des Championnats d’Europe de Windsor en septembre 2009. De plus au niveau de sa 4e mère, on trouve Nitria vainqueur de la coupe du monde en 1988, et Rocket Champion du Monde en 1970 et 1974. Une souche maternelle qui possède tous les plus beaux titres mondiaux depuis plusieurs générations !

Sa semence est encore disponible en 2010.

• Jazz Band Courcelle, Diamant de Semilly, Quick Star, Dollar de la Pierre ont chacun deux produits sur les trente-deux nouveaux élus. Soit un total de vingt-quatre géniteurs pour trente-deux fils approuvés.

• Tinka’s Boy s’impose aussi comme père de gagnants avec Tinkasboy du Temple, champion des mâles 2 ans et Vinkiss du Mont, champion suprême des foals. Avec Calvaro, père du vice-champion des mâles 2 ans, Berlin, père du 3e des mâles 2 ans et Lando, père de la championne des femelles et du phénoménal Oslo Biats, 2e du championnat des 7 ans qui se courait au même moment au Mondial du Lion, Frédéric Neyrat avait toutes les raisons d’être satisfait de ses choix.

• Quite Easy, nous le disons par ailleurs, réalise cette année encore, un beau score parmi les foals notamment.
E. R. avec M. B.-L.

Mâles 2 ans : Guy Martin et Tinka’s Boy champions suprêmes

L’écurie de Guy Martin est-elle le Temple de l’excellence ? La terre de l’Ain est-elle aussi une terre d’excellence ? Les éleveurs de l’Ain sont-ils aussi des éleveurs d’excellence ? C’est ce que tendraient à prouver les résultats dans cette tranche d’âge, entre autres. L’affixe du Temple, celui de Guy Martin, éleveur, cavalier et marchand, est en haut de l’affiche ici. Avec Tinkasboy du Temple d’abord, digne fils éponyme d’une mère par Quidam de Revel qui n’a jamais couru mais dont la production est remarquable. Champion des 2 ans, le fils Tinka’s est un grand cheval, du gabarit de sa mère, toisant déjà 1,70 m, avec un cadre important et beaucoup de blanc dans la tête. Il « boit dans son blanc ». Harmonieux, il dégage de la force et du sang et fait montre d’évidentes aptitudes de sauteur.

Plus modeste dans le gabarit, le vice-champion Tiptop de la Byche (Calvaro-Surcouf de Revel) est né chez Céline Cordesse dans l’Ain. Surcouf, mort récemment, a été particulièrement bien utilisé en père à l’élevage franco-belge Sainte Hermelle de Raymond Lefèvre. Plus modeste certes, mais pas moins agile sur les barres, ce Tiptop, avec une bonne technique innée de saut.

Le 3e, Top Berlin du Temple, est le fruit de la rencontre entre le grand Berlin et Taïga de Cuitefève (Calin du Manoir). La souche maternelle est Lorraine, de Rosières-aux-Salines précisément. Calin du Manoir (Nostradamus-Rantzau) a durablement marqué et positivement traçé en Lorraine, laissant une empreinte recherchée de père de mères. Le naisseur est le connaisseur Guy Martin. C’est donc encore l’élevage de l’Ain qui tient le haut du pavé, présent sur les trois premières marches du podium. Chic, ce fils de Berlin, avec de beaux tissus et une belle tête. L’Ain sera d’ailleurs encore à l’honneur chez les foals avec Vinkiss du Mont, champion suprême des foals, un autre boy de la saga Tinka’s, né chez André Michon de Chalamont. L’ombre de BLH, absent à St Lô mais présent au Lion d’Angers, a plané sur ce championnat.

Onze sujets ont reçu leur approbation probatoire. Ils devront confirmer à 3 ans.
E. R.

Femelles 2 ans : le Cantal, ça vous parle ?

Quatre-vingt-une pouliches de 2 ans ont constitué le cru 2009. Un lot assez hétérogène duquel émergent deux sujets nés dans la Manche : Tajine du Manoir (Quite Easy-Arpège Pierreville) née chez Marc Rubé et acquise à 6 mois par son propriétaire actuel, Yves Faussurier, éleveur dans l’Ain. (Encore). Elle obtient une moyenne de 7,79 qui lui vaudra le titre de championne 2009. La suivante est Thaïs de la Fosse (Lagon de l’Abbaye et Inés de la Fosse x Si tu Viens) avec une moyenne de 7,65. Thaïs est née dans la Manche chez Jean-Marc Guillard et fut acquise à 6 mois par Jean-Marc Guibert, l’éleveur de Cassaniouze dans le Cantal, féru des souches normandes, lors de la foire aux foals de 2007. Guibert fait régulièrement le voyage d’automne à Saint Lô depuis 5 ans et repart souvent avec un ou deux poulains puisés dans les bonnes souches maternelles normandes. La terre du Cantal est une bonne terre d’élevage, nourrissière des Salers, fleurons de la race bovine aux longues cornes et à l’aloyau inégalé. L’alternance plaine-montagne, judicieausement orchestrée, fait que les poulains ont toujours de l’herbe neuve au menu jusqu’au mois d’août. Rustiques par le climat et les dénivelés qui leur donnent de l’os, fleuris longtemps, tels sont les poulains du Cantal, qu’ils soient SF ou Anglos. Les Cantalous s’étaient faits remarquer l’an dernier avec leur opération « velle Salers » qui avait obtenu un franc succès médiatico-sympatico-folklorique et, pour finir, très sérieusement relationnel, avec à la clé, une médaille d’or (virtuelle) de la convivialité. Les mêmes sont revenus cette année et glanent des lauriers, bien réels cette fois, puisque Jean-Marc Guibert obtient les titres de vice-champion des femelles 2 ans et champion des foals femelles.

Merveilleux brassage de terroirs et de passions que ce championnat des jeunes animaux.

La 3e place revient à Thalia de la Baronnie (Hostens de Bel-Weltmeyer) propriété de M.Van Cauwenberge (47).

La meilleure note aux allures, 8,13 est pour la bretonne Topless de Banuel (Allégreto-Lampion) à Jean-Pierre Texier; la meilleure note de modèle, 8,11 revient à Talya des Montceaux (Galoubet du Marais-Socrate de Chivre) à Chantal Magdelaine (50). Trio gagnant des ?régions : 1. Rhône-Alpes (01), 2. Auvergne (15), 3. Normandie (50).
E. R.