La baie du Mont St Michel : un écrin pour l'endurance
Merveilleux paysages que ceux rencontrés au fil des cinq boucles qui ont couvert les 160.4 km de ce championnat du monde. De la verdure, des bois, des champs de maïs, et des kilomètres de plage de sable fin avec en toile de fond le Mont St Michel, tantôt apparent, tantôt dissimulé par la brume mais réapparaissant à la faveur d'un caprice de la Manche. Le course designer a joué avec la marée, avec le coefficient qui cause tant de mauvaises surprises à ceux qui croient pouvoir rallier le Mont à pieds et qui se font piéger par la mouvance des sables. Beaucoup y laissent leur vie, encore aujourd'hui, en dépit des consignes et des moyens de sécurité qui sont déployés. Pas sûr que les 170 cavaliers engagés dans cet infernal championnat du monde aient apprécié la beauté et la poésie de ses rivages changeants. De Julloville à Carolles en passant par Bacilly, Genêts, le Bec d'Andaine, les étendues désertiques s'offrent au regard du promeneur. Ce jour là , ils étaient des milliers à suivre cette équipée de l'extrême, véritable marathon équestre qui désigne les meilleurs chevaux du monde et les meilleurs cavaliers du monde. Des athlètes ces chevaux du désert, des pur-sang arabes en majorité, petits, avec des naseaux largement ouverts et un coeur qu'on imagine gros comme ça. Ils n'ont qu'une fine couverture musculaire sur la peau, des jambes d'acier, des oreilles toujours pointées en avant, l'oeil vif et une exceptionnelle accoutumance à l'effort. Où vont-ils puiser leurs réserves? Dans le vent, peut-être, dont on dit qu'ils sont les fils. Il avait des airs de tour de France ce marathon, filmé de bout en bout par hélicoptère et dont les images étaient retransmises sur écran géant, mais vraiment géant, sur le site de Sartilly et sur les chaînes de télévision de Dubaï....Le Moyen-Orient était là en force avec une trentaine de représentants, des tentes gigantesques et une impressionnante flotte de 4x4 Mercedes alignés, au sec, sur d'épais tapis de plastique. Ce sont les cavaliers du groupe VII, montrés du doigt lorsqu'on évoque des choses pas claires et des coutumes coupables dans la façon de préparer une course. Pour eux, dit-on, seul le résultat compte et le résultat, c'est de gagner, à tout prix et même hors de prix et souvent à prix d'or. Ce sont eux qui viennent faire leurs emplettes dans les élevages français. Avec les chevaux, ils achètent aussi les coaches, les grooms, les méthodes. Et le champion du monde 2014 est.... HE Sheikh Hamdan bin Mohd al Maktoum, citoyen de l'UAE sur un petit cheval arabe, mâle bai, dénommé Yamamah. Le 3ème vient aussi du Golfe, c'est un Qatari. Entre les deux, une frêle jeune fille de 21 ans, Hollandaise, inconnue du microcosme jusqu'à ce jour.
Le champion du monde n'a pas partagé la joie de sa victoire en Normandie. Le soir même, il repartait aux Emirats où un important travail l'attendait, nous a-t-on affirmé.
Il faut les voir, les grooms, s'emparer du cheval quand il rentre à l'issue d'une boucle, au vetgate, endroit où sont contrôlés le rythme cardiaque et la régularité des allures. A peine le cavalier à terre, le cheval est déshabillé de sa selle, couvert d'eau glacée, de la tête aux pieds et ce jusqu'à ce que ses pulsations cardiaques soient égales ou inférieures à 64 par minute. Véritable choc thermique que cette douche que le cheval supporte sans bouger une oreille...C'est la dure loi de la course.
D'ores et déjà , la Normandie a gagné son pari. Les Jeux sont une réussite. La baie du Mont St Michel a conquis des milliers d'adeptes.
Moi, j'y reviendrai, c'est sûr.
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