La filière équine française dans le paysage économique international
Bien qu’il n’existe pas de bases de données internationales pour l’ensemble de la filière, il est possible de trouver certaines données relatives à quelques secteurs. Pour situer l’évolution de la filière équine française ces dernières années par rapport au contexte mondial, il a été retenu d’analyser le secteur course (trot-galop) et le secteur selle (sports-loisirs) pour leur importance au sein des filières nationales et la disponibilité des données dans la plupart des pays. Dans chaque secteur, deux indicateurs ont été retenus pour représenter d’une part la demande : enjeux pour les courses et nombre de cavaliers licenciés pour le secteur selle, et d’autre part la production : nombre de naissances en Pur-Sang et Trotteurs pour les courses et en races de selle pour le secteur sport-loisir (Person, 2015). Les données utilisées proviennent de l’IFHA (International Federation of Horseracing Authorities), de la WBFSH (World Breeding Federation for Sport Horses), de la WAHO (World Arabian Horse Organization), ainsi que d’enquêtes complémentaires auprès des stud-books nationaux et des fédérations nationales d’équitation.
Tendances récentes
Le Produit Intérieur Brut (PIB) mondial, publié par le FMI (Fonds Monétaire International), était en constante augmentation depuis 2001. En 2009, il a reculé de 6 % suite au krach boursier de 2008 (en vert sur la figure 1). Sa croissance reprend en 2010 et 2011 puis ralentit à partir de 2012 pour rester aux alentours de 2,5 % jusqu’en 2013.
Parallèlement à la crise économique, plusieurs indicateurs de la filière équine montrent au niveau mondial un ralentissement de croissance puis une décroissance (figure 1). Cependant, aucun lien direct n’a pu être mis en évidence entre l’évolution de ces indicateurs et celle du PIB.
Globalement, on constate des différences d’évolution entre les parties « production » et « utilisation » au sein des filières selles et courses (figure 1).
Sur la période 2008-2013, l’élevage de chevaux de course et de selle connait une décroissance plus ou moins forte.
Le secteur des utilisations (montant des enjeux et nombre de cavaliers) connait une décroissance plus tardive : le nombre de cavaliers licenciés, en augmentation jusqu’en 2011, connait une baisse générale depuis 2012; le secteur des courses connait en 2013 une chute du montant des enjeux pour de nombreux pays (Amérique du Nord, Japon, et 2/3 des pays européens), mais également du nombre de courses (-6 % en trot, -2 % en plat) (REFErences, 2014).
Figure 1 : variations cumulées des indicateurs retenus dans les pays d’étude (Person, 2015)
Finalement, en 2013, le nombre de naissances de chevaux Trotteur diminue de 15 %, celui de chevaux Pur-sang de 5%, celui de chevaux de Selle de 8 %. Le montant des enjeux misés décroît de 8 % et le nombre de cavaliers de 2 %.
Régression dans les pays avancés
Person (2015) classe les pays (figure 2 page suivante) selon le nombre d’indicateurs de la filière équine en croissance ou en décroissance, l’évolution du PIB et leur catégorie de développement selon le FMI (pays avancés versus pays émergents ou en développement). Les pays avancés ont globalement une filière équine en recul contrairement aux pays émergents ou en développement.
Ainsi, la filière équine en Amérique du Nord et au Japon connait beaucoup de difficultés. De même, tous les pays européens, excepté la Grande-Bretagne, ont connu au moins deux années de décroissance de leur PIB et 2/3 connaissent un recul de leur filière équine. A contrario les pays du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Amérique du Sud ont une filière équine en croissance. Les difficultés de la filière équine retrouvées dans de nombreux pays pourraient être dues à des baisses de soutiens des Etats à la filière, notamment en réaction aux difficultés économiques des pays.Â
Figure 2 / Classement des pays étudiés selon l’évolution de leurs PIB et des indicateurs de la filière équine sur la période 2008-2013 (Person, 2015)
Bleu : Pays dont le PIB croit ou stagne et où la filière équine se maintient.
Vert : Pays dont le PIB décroit et où la filière équine se maintient.
Jaune : Pays dont le PIB décroit et qui ont autant d’indicateurs en croissance qu’en décroissance pour la filière équine.
Orange : Pays dont le PIB croit ou se maintient et où la filière équine recule.
Rouge : Pays dont le PIB décroit et la filière équine recule.Â
Atouts et faiblesses de la France dans le paysage international
La filière équine connaît en France des régressions dans tous ses secteurs principalement depuis 2012-2013 (figure 3) mais réussit à se maintenir (beaucoup d’indicateurs proches de 0 ou positifs) et se porte mieux que dans les pays frontaliers et/ou concurrents (Allemagne, Pays-Bas, Espagne et Italie par exemple) (figure 2).
Les parties « utilisations » de la filière équine française (montant des enjeux et nombre de cavaliers), bien que relevant du secteur des loisirs, sont finalement assez peu impactées par la crise économique au cours des premières années puisqu’elles ne connaissent une baisse d’activité qu’à partir de 2013 (figure 3). Toutefois, les secteurs des sports/loisirs et des courses demeurent en France forts et attractifs. En effet, la FFE est la troisième fédération sportive nationale en termes d’effectif de licenciés et la première fédération féminine. Concernant les courses, la baisse amorcée en 2013 (-2 % environ) demeure inférieure à la décroissance mondiale de cet indicateur (-8 % en 2013, figure 1).
Les parties « production » de la filière équine française sont en décroissance, en particulier l’élevage de Selle Français (figure 3), qui en plus d’être confronté à la crise économique et à l’augmentation de la TVA, doit faire face à la concurrence internationale, plus particulièrement des pays frontaliers. Cette tendance n’est pas spécifique à notre pays, l’élevage de nombreuses races de chevaux de selle étant en recul depuis plusieurs années dans le monde. Notamment, le nombre de naissances de chevaux de sport allemands connait également une baisse depuis au moins 2008 (REFErences, 2015b).
Conclusion
Il ressort de cette première analyse sur quelques indicateurs clés, que la France se positionne plutôt dans le peloton de tête au niveau mondial et qu’elle a pu traverser la dernière crise économique sans trop de perturbations, comparativement à la plupart de ses voisins européens.
Toutefois, les données disponibles au niveau international restent peu nombreuses et parfois sujettes à discussion. La recherche en socio-économie du monde du cheval se développe mais il apparaît encore nécessaire d’améliorer la collecte de données et l’acquisition de références économiques à un niveau international. Dans ce domaine, on remarque l’avance de la France en comparaison de nombreux pays européens. Il apparait aujourd’hui essentiel d’étendre ce modèle de collecte de données à un niveau international afin d’être en mesure de réaliser de réelles comparaisons entre pays.
(Sources : IFCE. Article consultable sur www.haras-nationaux.fr)
Références bibliographiques
• Person S., 2015. Les filières équines étrangères : État des lieux et conjoncture. Mémoire de fin d’étude d’ingénieur, AgroSup Dijon, 100 p.
• REFErences, 2014. Annuaire écus 2014 : Tableau économique, statistique et graphique du cheval en France. Données 2013/2014. Observatoire économique et social du cheval, 64 p.
• REFErences, 2015a. Annuaire écus 2015 : Tableau économique, statistique et graphique du cheval en France. Données 2014/2015. Observatoire économique et social du cheval, 64 p.
• REFErences, 2015b. Conjoncture Filière cheval N°18 : Avril 2015. Observatoire économique et social du cheval, en ligne : http://www.ifce.fr/wp-content/uploads/2015/03/OESC-ConjonctureN%C2%B018-mars2015.pdf
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