La France absente des podiums

français, deux, voire trois individualités se sont démarquées, mais aucune médaille n’a été enregistrée, malgré les ambitions des chefs d’équipe de CSO et de CCE

CSO - Première qualificative : Jimmerdor « out »

Une pluie de sans-faute s’est abattue sur cette première épreuve qualificative pour la finale individuelle (qualificative, au même titre que les deux manches de la Coupe des nations). Il faut dire que le niveau des couples sur poney est globalement très relevé. Sur nos cinq français, deux ont réussi le clear round : Axel le Diberder sur Joyau d’Argent (Thunder du Blin) et Florian Lemaitre sur son atypique Laudanum du Terrier (Oi). Les piliers de l’équipe, Camille Delaveau en selle sur Nils d’Hurl’Vent (Quick Star) et Robin Muhr sur Kalifa de la Barre (Don Juan V) ont tous deux commis une faute. Les plans de l’entraîneur national Pascal Henry, allaient pourtant être chamboulés une fois de plus (rappelons que le pilier, Fanny Skalli, a été évincé de l’équipe après un problème de santé de Milford de Grangues, à la suite du championnat de France) : ce fut au tour du petit étalon de Baptiste Lecomte, Jimmerdor de Florys (Nimmerdor), de se blesser à un glome, au paddock, à la réception d’un obstacle. L’entaille non démystifiée, le couple s’est dès lors élancé sur le tour, mais est apparu complètement déréglé. Deux refus ont entraîné leur élimination. Evidemment, cette blessure a privé « Babou » et « Jiji » de toute autre suite dans ce championnat…
CSO - une Coupe des nations riche en rebondissements
Dix équipes se sont disputées la Coupe des nations sur une piste dotée de difficultés sérieuses, dont la ligne très meurtrière, spa - double oxer - vertical à une foulée et celle constituée d’un oxer, ?7 foulées en avançant triple n°13. Camille Delaveau et Nils, le premier couple français à s’élancer, se fera piéger d’entrée de jeu sur le 3 puis la rivière (9 pts). Ses coéquipiers ne feront pas mieux : deux fautes pour Axel le Diberder et Joyau sur les combinaisons, une barre en entrée de double pour Florian et Laudanum et de nouveau deux fautes pour Robin Muhr et Kalifa. Avec un total de 20 points, l’équipe de France se plaçait, à l’issue de la première manche, à une décevante 7e place. Les espoirs de médailles s’éloignaient pour l’équipe de Pascal Henry, alors que, loin devant, l’Irlande (0 pt), le Danemark (4 pts) et l’Allemagne (8 pts) papillonnaient en pôle position. Entre ce trio de tête et la France : la Grande-Bretagne (12 pts !) pourtant grande favorite, à égalité avec la Belgique puis les Pays-Bas (15 pts). La seconde manche allait pourtant réserver son lot de surprises… Du côté des Bleus, après un débriefing corsé de l’entraîneur national, les cavaliers se sont bien rattrapés et ont monté avec leurs tripes, signant des parcours très respectables : une faute sur la rivière pour Camille, un beau sans-faute pour Axel et un petit 4 points de Florian en fin de tour. Ces trois résultats ont effacé la contre-performance de Robin ?(12 pts). Si les 8 points des tricolores leur ont permis de remonter dans le classement, en revanche, les Néerlandais se sont complètement écroulés, tout comme les Belges. Fait rare de toute l’histoire des championnats d’Europe sur Poneys : l’hécatombe de l’équipe de Grande-Bretagne. En effet, l’équipe de Katrina Moor, habituée à la médaille d’or par équipe, n’est ni en argent, ni en bronze, mais 5e, derrière les Français. Ces derniers ont donc réalisé une belle remontée et se classent 4e (28 pts), une place somme toute honorable au vu des péripéties rencontrées en première manche. Et ce podium ? Le trio de tête a, à tour de rôle, pris le leadership. Il aura fallu attendre les 4e et derniers cavaliers pour tirer la conclusion de cette Coupe des nations à suspens : Danemark en or (8 pts), Irlande en argent (12 pts) et Allemagne en bronze (16 pts). Et là encore, les forts enjeux et la pression des championnats d’Europe ont entraîné quelques chambardements tels la faute sur le dernier de l’un des couples favoris, l’Allemand Maurice Tebbel sur Giovanni (Top Nonstop), le 4 points du dernier Irlandais, qui s’il avait été sans faute, aurait barré contre les Danois et les péripéties, sans conséquences, du couple vedette danois, Jessica Vinther Jensen/Nikolina (Nicklas). La jolie baie a en effet rétivé devant la sortie, ayant frôlé de peu la sanction du 4 points ou des pénalités de temps. Ce couple restera donc premier au provisoire avant la finale individuelle.
CSO - Finale individuelle : revers de situation et lots de surprises, encore !

27 partants ont pris le départ dont deux français : Axel et Florian, à chacun ?8 points. Pour un point de temps dépassé et à la porte de la finale, Camille et Nils n’ont pu y prétendre (5e de la consolante), tout comme Robin, auteur d’un score bien trop lourd.

Ce parcours, difficile, a provoqué beaucoup de fautes. Le premier coup dur et de taille, aura été mis sur le compte de l’Anglais Jordan Nason sur Gold Harvest (qui aurait apparemment 23 ans sur le listing… âge probable au vu de la longévité du poney en internationaux) qui a quitté la piste avec un score très lourd. « Out » également le nouvel extraterrestre du Belge Pieter Clemens, Ulysse du Maron, absolument fabuleux sur les barres, auteur de 8 points, tout comme la Danoise Alexandra Sisseck sur Top Jezabel de l’Etape (Randcho). Le chemin du podium semblait loin également pour l’Irlandaise Emily Turkington, l’une des prétendantes au titre, aux commandes de son guerrier Sambo Lino (14 pts avant la finale, puis 4 points sur cette manche). Autre coup dur : Maurice Tebbel. Après une incompréhensible désobéissance dans la première qualificative de Giovanni, celui-ci fautera sur les deux éléments du double. « Exit » Giovanni et Maurice, les grands favoris, qui ne repartiront même pas dans la seconde manche. Enfin, Jessica Vinther Jensen et Nikolina, toutes vierges de pénalités avant cette manche, ont amassé 8 points. Côté tricolores, Axel le Diberder et Joyau ont difficilement bouclé leur tour après quelques déboires dans le triple. Florian et Laudanum ont atténué les frais avec 2 fautes, sur la rivière et le double. Le premier clear round - Lea Clausen et Celina avaient écopé d’un point de temps - fut effectué par la Britannique Jessica Mendoza sur la championne d’Europe de 2007, Tixylix, en très grande forme cette saison et pouvant aisément s’imposer en individuel. Malheureusement, ses 10 points de pénalités dans la Coupe des Nations pour un malheureux refus sur le dernier obstacle, le triple, suivi d’une barre, ont compromis ses chances. Elle sera imitée par Zascha Andreasen Nygaard (Den)/Ewald (Eduard), Emma O’Dwyer (Irl)/Edna, Chad Fellows (Gbr)/Snatch, Christiane Tetzlaff (Den)/Murphy’s Flight et Kellie Allen (Irl)/Ballyowen Maybell Molly. Notons que l’excellente Belge, Chloé Stampaert sur le poney français Kleber du Hardrais (Kalem, ar) 4 points avant la finale, s’est fait piéger sur le dernier, au plus grand détriment de ses supporters ! La deuxième manche, raccourcie mais bien aux cotes, qui « avec des angles un peu difficiles mais sans gros pièges » selon Jean-Claude Quque, a fait la part belle à beaucoup. Axel et Joyau stopperont pourtant sur le double (23e) alors que Florian et Laudanum finissaient leur championnat par un sans-faute, synonyme d’une méritoire 10e place.

Le haut de tableau ne changea pas, si ce n’est, à nouveau, les deux fautes de Jessica Vinther Jensen et Nikolina. Sans faute pour Chad Fellows/Snatch, qui avec son point de temps acquis lors d’une manche précédente, n’a pu prétendre au barrage (3e), sans-faute aussi pour Kellie Allen/Ballyowen Maybell Molly et Christiane Tetzlaff/Murphy’s Flight. Ces dernières ont dû se départager : l’Irlandaise tira un nouveau sans faute de sa Ballyowen Maybell Molly, tandis que la Danoise et son impressionnant Murphy’s Flight, partis à toute allure - nous les voyions déjà sur la plus haute marche du podium - mit beaucoup trop de galop dans la dernière ligne, déstabilisant son grisou qui s’est retrouvé sur une place improbable pour sauter le dernier oxer d’1,40 m. Résultat : Murphy’s Flight s’arrêta et projeta sa cavalière à terre ! Kellie et sa jeune Ballyowen Maybell Molly, couple qui s’était imposé dans le Grand Prix des 7 ans à Fontainebleau cette année, sont ainsi devenues les nouvelles championnes d’Europe. Un podium qui aurait été difficile à deviner…
Dressage - Reprise par équipe : petit espoir français… vite éclipsé !

Dans l’épreuve par équipe, la première Française, Victoria Borée sur l’étalon Allemand Doppelspiel (Dornick B), avait pourtant bien commencé, au-delà même des espérances de l’entraîneur national Claire Gosselin, ravie de la prestation de son élève (66,444 %). Pauline Guillem et Marin des As (FS Don’t Worry) - qui passaient eux aussi dans la première moitié des partants - ont quant à eux déroulé une reprise en-deçà de leurs possibilités (63,222 %). Une bonne et une moins bonne moyenne, l’épreuve par équipe allait se jouer le lendemain avec la seconde moitié des partants. Comme Victoria Borée, Alexia Ducos-Blanchet se sera bien battue, s’engageant même très fort dans sa reprise avec une entrée à ?72 %. Aux rênes de son étalon Connemara Italic des Landes (River des Landes), Alexia est sortie du carré avec un 65,833 %. A ce stade, après le passage des trois cavaliers de chaque équipe, les Bleus étaient 3e. Une médaille inenvisageable tant les étrangers font montre d’une incroyable technicité avec leurs montures de très haut vol, mais l’espérance d’une 5e voire d’une 4e place flottait dans les yeux des français. Sous l’ère de la jeune Claire Gosselin, c’est à dire depuis 2007, la France n’avait jamais été aussi proche de cet objectif…. Et pourtant, une grosse désillusion allait s’abattre sur eux, après le passage des 4e cavaliers : alors que les meilleures cartouches danoise, belge et suédoise - inutile d’évoquer les allemands et les néerlandais indétrônables - sortaient des notes à 68,50 voire 70 %, la dernière Française, Victoria van den Berghe en selle sur Cassiopaya (Chopin), ne put faire mieux qu’un 64,389 %. Bousculade dans les têtes, les machines à calculer tressaillissent, le résultat fatidique tombe : la France n’est que 7e. Un résultat désappointant pour Claire Gosselin et ses cavalières qui visaient la 5e place. « Je suis déçue du résultat final car les filles ont bien monté et se sont battues. Il nous faudrait un couple capable de sortir à 70 % comme les meilleurs pions étrangers, ou trois moyennes autour de 66 % » expliquait-elle. Les résultats individuels de cette reprise ont donc été positifs pour deux cavalières : Victoria Borée, qui a tout simplement pris la 14e place et Alexia Ducos-Blanchet, 18e, laissant espérer aux tricolores la possibilité d’une éventuelle sélection pour la RLM… Le podium constitué de l’Allemagne, en or, des Pays-Bas, en argent et du Danemark, en bronze, ne fut en aucun cas surprenant tout comme les résultats individuels de cette reprise : Sönke Rothenberger sur l’étalon Deinhard B (Dornick B) a devancé la Néerlandaise Dana van Lierop, en selle sur Equestricons Lord Champion (Le Champion) et l’Allemande Bianca Nowag en compagnie de l’étalon Der Feine Lord (Dressman).
Consolante Dressage : 2e place pour Victoria Borée
La meilleure française de cette échéance, Victoria Borée, en selle sur Doppelspiel, a pris la 2e place de la consolante (65,684 %) - épreuve remportée par le magnifique étalon noir Rembrandt (Renoir) aux airs indéniables de Salinero… monté par la Néerlandaise Maria van den Dungen - après être passée non loin de la qualification pour la RLM : « Je suis très contente de mes deux premières reprises notées à plus de 66 %. L’année dernière, à Avenches, je m’étais classée en fin de tableau avec Convoyeur. Cette année, je loupe la finale de peu ! Je ne sais pas encore si je garde Doppelspiel la saison prochaine car il est à vendre… ». Victoria van den Berghe et Cassiopaya se sont bien rattrapées et se classent 4e (64,895 %). Alexia/Italic et Pauline/Marin ont terminé respectivement 12e et 18e.
CCE - Une faille malheureusement persistante

En Concours Complet, l’Equipe de France a de nouveau accusé un fort retard dès le premier test de dressage, se classant 7e sur 9. Jusqu’au début des années 2000, ce retard se comblait par de bonnes prestations sur le cross; mais, aujourd’hui, il semble malheureusement irrattrapable eu égard au niveau quasi-identique des différentes nations sur cette épreuve de fond. Les faits sont dès lors incontestables : si les cavaliers ne rentrent pas dans le quatuor de tête par équipe, dès le dressage, les billes sont jetées et la médaille quasi impossible à obtenir. La faille des tricolores dans la course au podium s’est donc révélée d’entrée de jeu, sans réelle surprise. Ainsi, la meilleure moyenne (- 49,50) fut obtenue par Eurydice Schauly, tirant au mieux les qualités de son New-Forest, Lapsus de l’Ocq, (Willoway Good As Gold, 17e). Derrière elle : Marie Pierrard/Nitzpogne (Linaro, 19e), couple individuel, puis, Morgane Mordier/Isbiratel de Conquet (Abbeyleix Fionn, 21e), Stéphane Landois/Ick Cayennais (Nudeno du Hardrais, 38e) et Marie Geiger/Lollipop de Jax (Pompom de Jax, 41e) qui a déroulé une reprise très tendue, du, en partie, à une moissonneuse qui travaillait à deux pas du carré. Le pays hôte, la Belgique, a pris la tête en classant trois de ses cavaliers dans les dix premiers, derrière la Grande-Bretagne et l’Allemagne à égalité de points, puis les Pays-Bas, l’Irlande et le Danemark. En individuel, l’Allemande Jule Wewer sur Dorina 740 (Derengo) prenait l’ascendant sur la Britannique Sophie Martin en selle sur Trewithian Bracken (Ashfield Mactalla) et l’Irlandais Joseph O’Brien sur le vieux routier Ice Cool Bailey.

Dimanche, le cross s’est couru à une trentaine de minutes du Zilveren Spoor, à Nokere, sur un splendide terrain, très naturel et galopant. L’écran géant retransmettant l’intégralité du cross était également appréciable pour le staff et les spectateurs. Côté technicité, si sur le circuit français, les Grands Prix se courent à 500 m/minute, les 520m/m attribués pour l’échéance européenne rendait la tâche plus difficile aux cavaliers. Les premières impressions des tricolores se fixaient sur ce point mais également sur le gué, assez impressionnant. « Le gué peut causer des problèmes puisqu’il s’agit d’une ?réception dans un lac assez regardant » lançait Didier Schauly, le père d’Eurydice. Globalement, « nous n’avons pas ce type de parcours en France… » reprenait-il. Si les tricolores restaient évidemment prudents, ce cross n’aura sensiblement pas changé la donne : 33 couples sur 46 sont rentrés sans faute dont 23 dans le temps. 6 ont écopé d’un refus ou plus et ?7 ont été éliminés, dont le vice-champion de France, Stéphane Landois, victime d’une chute dans le gué : Ick Cayennais, après quelques foulées dans l’eau, est tombé, entraînant avec lui son jeune pilote. Les autres tricolores n’ont pas éprouvé de difficultés : sans faute pour Marie Geiger (27e) et Morgane Mordier (13e), 0,40 et 2 points de temps pour Marie Pierrard (12e) et Eurydice Schauly (15e). L’équipe de France est remontée de deux places (5e), à 8,30 points des Suédois (4e) mais à 20,30 points des Anglais qui eux, concédaient leur seconde place du dressage aux Allemands. La Belgique gardait son leadership. En individuel, Jule Wewer menait toujours la danse, devant Joseph O’Brien et le couple champion d’Europe en titre, Nina Stegemann et Mr Hale Bob (Magnum).

Sur le dernier test, l’hippique - parcours bien construit et loin d’être évident - Marie et Lollipop ont écopé de 4 points en entrée de triple (24e), Morgane et Isbiratel de 8 points (15e) et Marie sur Nitzpogne de 16 points (21e). La meilleure opération française a été mise à l’actif de l’excellente Eurydice, qui, très appliquée, a récolté le sans-faute de Lapsus. Ce couple se classe à une très honorable 8e place. Signalons que Lapsus et Lollipop repartiront dès la rentrée avec un nouveau cavalier. L’équipe de France se classe définitivement 5e à 0,30 point de la 4e place acquise par les Suédois. La Belgique, pourtant portée par ses nombreux supporters, a rétrogradé à la 3e place. La Grande-Bretagne est en argent et l’Allemagne en or, comme sa cavalière Jule Wewer, qui sur Dorina 740, aura dominé ce championnat du début à la fin. Grâce à un double sans faute et une 5e place au dressage, le Belge Pieter Kenis sur Rocky est monté sur la deuxième marche du podium et Joseph O’Brien avec 4 points, sur la troisième. La championne d’Europe de 2008, Nina Stegemann sur Mr Hale Bob, est redescendue à la 4e place pour une faute également… sur le dernier !

Bonne initiative dans le règlement de CCE : s’appuyant sur le règlement de ses aînés, le championnat d’Europe Poney 2009 permettait aux différentes équipes d’engager six couples au lieu des cinq habituels, soit deux couples individuels. Si le 6e couple français n’a pu s’y rendre (prise de connaissance du nouveau règlement par le staff un peu tardive…), d’autres nations ont pris le parti d’engager un jeune couple afin d’acquérir de l’expérience pour l’année prochaine.
Textes et photos Pauline Bernuchon